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Fabricants d’aliments : plus que jamais au service de l’élevage

Illustration alimentation bétail © Photo iStock
Illustration alimentation bétail © Photo iStock

C’est une évidence, l’industrie de l’alimentation animale vit au rythme de son client, l’élevage. Les défis que doit relever ce dernier, et les menaces qui pèsent sur lui, renforcent encore les liens entre ces deux partenaires. 

A l’approche de son assemblée générale qui doit se tenir en juillet à Paris le Syndicat national de la nutrition animale, (SNIA), a convié la presse à une journée de rencontres en Bretagne. L’occasion d’évoquer l’évolution de cette industrie mal connue qui accompagne les éleveurs et les aide à trouver des solutions, non seulement pour mieux nourrir leurs animaux mais aussi pour « décarboner » ce secteur si souvent montré du doigt. 

« Nous sommes un pont entre la production végétale et animale », explique Stéphane Radet, directeur du SNIA. « Nous cherchons à valoriser cette biomasse, les céréales et les co-produits que sont les tourteaux, auxquels nous ajoutons des vitamines et des oligo-éléments, pour satisfaire les besoins des éleveurs. C’est une science très technique mais qui a des répercussions sur la qualité des œufs, de la viande et des produits laitiers », souligne-t-il. L’industrie de la nutrition animale regroupe 200 opérateurs et 300 usines réparties sur les zones où l’on trouve de l’élevage. Elle produit, bon an mal an, entre 19 et 20 millions de tonnes d’aliments composés à partir de matières premières végétales dont les trois quarts sont d’origine françaises. Son chiffre d’affaires est de huit milliards d’euros. Le secteur vit au rythme de l’élevage. Quand l’influenza aviaire a entraîné la fermeture des poulaillers, quand l’élevage laitier et porcin ont réduit leurs cheptels, la production d’aliments a baissé de 10 %, certaines usines ont dû fermer. Depuis deux ans, la production reprend, il y a même une dynamique avec les ruminants : « Notre objectif est de retrouver vingt millions de tonnes produites dès 2025 » affirme Stéphane Radet. Pour cela, le SNIA soutient les objectifs des filières de l’œuf et de la volaille de construire plusieurs centaines de poulaillers supplémentaires d’ici 2030. 

Une série de défis à relever 

Le secteur de l’alimentation animale doit aider l’élevage à surmonter les défis qui se présentent à lui et notamment celui de la décarbonation. Le SNIA s’engage à réduire de 20 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. « Il y a des solutions techniques, jouer sur la nutrition pour réduire les émanations de méthane, sans passer par une réduction des cheptels comme le demandent certaines associations », poursuit Stéphane Radet. 

Le règlement européen pour prévenir la déforestation liée au soja importé, le RDUE, doit entrer en vigueur cette année. Il pourrait entraîner une augmentation du prix du soja importé. Or l’Union Européenne dépend de ces importations pour fabriquer l’alimentation pour ses animaux de rente. Le plan protéines peine à se mettre en place. La France produit 400 000 tonnes de tourteaux de soja mais en utilise 2,7 millions de tonnes pour nourrir son cheptel. L’Union européenne importe six millions de tonnes de graines de soja d’Amérique du Sud mais aussi des Etats-Unis. Si le groupe Avril a développé le tourteau de colza, transformé en aliment par le fabricant Sanders, les besoins sont loin d’être satisfaits. 

Autre dépendance, et non des moindres, celle des additifs, vitamines et acides aminés, que nous devons importer, parfois même de Chine. Enfin se pose la question des droits de douane. En réaction aux « tarifs »que le nouveau président américain menace d’imposer la Commission européenne, ne sera-t-elle pas tentée d’imposer des barrières tarifaires sur les importations de soja américain ? Au risque de faire grimper les prix. « On surveille les marchés comme le lait sur le feu », certifie Stéphane Radet, car le prix de l’aliment dépend à 80 % du prix des matières premières. Enfin la filière s’inquiète d’une signature des accords commerciaux du Mercosur qui entrainerait une augmentation des importations de viande bovine et de poulet.