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Commission d'agrément "Je vois la vie en Vosges Terroir" : Du champ à l’assiette

Directeur délégué de l’établissement et président du jury ont introduit cette première commission annuelle. © Photo Mélanie Becker
Directeur délégué de l’établissement et président du jury ont introduit cette première commission annuelle. © Photo Mélanie Becker

Le 17 juin, s’est tenue une commission d’agrément Je Vois la Vie en Vosges Terroir, au Lycée Saint Joseph d’Épinal. À cette occasion 30 producteurs, dont 7 nouveaux, ont présenté à 42 jurés les 87 produits en lice pour intégrer le réseau. La moitié d’entre eux étaient des nouveautés, prêtes à rejoindre les 600 produits déjà agréés. 

Chaque année, trois commissions se tiennent dans les Vosges pour déterminer les produits du réseau Je Vois la Vie en Vosges Terroir. A cette occasion, les producteurs vosgiens présentent des produits traditionnels et des innovations. Pour être agréé, chaque produit doit obtenir une moyenne minimale de 13/20. Pour les meilleurs produits des distinctions supplémentaires existent avec des médailles de bronze (16/20), d’argent (17/20) et d’or (18/20). Le label gage de qualité et d’ancrage local est une plus-value. Ce label vise aussi à sensibiliser les jeunes en formation aux valeurs du terroir, à encourager les circuits courts, et à leur faire découvrir le fonctionnement des fermes et des structures agréées Pour noter les produits, des jurés expérimentés mais aussi novices ont été mis à contribution. Ils accompagnent également les producteurs dans l’amélioration de leurs produits grâce à leurs remarques. 

De futurs chefs à chefs

Cette année, la commission s’est déroulée au restaurant d’application du lycée Notre-Dame Saint-Joseph d’Epinal. Au travers de sa filière Service et Cuisine, l’école forme de nombreux passionnés. Le directeur délégué de l’école explique : «sur la partie hôtellerie restauration, nous accueillons des élèves en CAP Cuisine et CAP Commercialisation et Services en Hôtellerie-Café-Restaurant ainsi qu’en Bac Pro Cuisine et Bac Pro Commercialisation et Services en Restauration en formation initiale ou en apprentissage. La classe qui officiera ce soir est celle de première année CAP en apprentissage.» En effet, ce jour-là, les élèves ont assuré le service en salle en nous proposant les produits du terroir vosgien. Ils ont eu la chance d’être accompagnés pour l’occasion par deux formateurs. 

Comme le souligne Isabelle Perry, vice-présidente de la Chambre d’agriculture des Vosges : «Cette expérience est l’opportunité pour les élèves de découvrir la richesse et la diversité des productions vosgiennesLe directeur délégué complète : «sur notre bac pro nous avons la spécificité de pratiquer une cuisine végétale mais aussi locale pour travailler en écoresponsabilité. Cet évènement s’inscrivait donc totalement dans le projet de travailler avec des produits au label Vosges terroir dès la rentrée prochaine.»

A la tête des dégustations, Maye Cissoko, président de la commission. Originaire du Calvados, ce Chef cuisinier de 40 ans a décroché, en mars 2025, sa première étoile pour le restaurant Maison Brunel, à Rouvres-en-Xaintois, dans les Vosges. En effet, après avoir lancé son établissement, Le Presbytère, proche de Nancy, le chef a repris la Maison Brunel en 2021. Il y travaille aux côtés de son épouse Marion Antczak, quatrième génération à diriger cette Maison historique vosgienne. Il explique : «Il y a des bons produits dans les Vosges. Il faut les transformer, les valoriser, les sublimer ! C’est pourquoi je travaille avec des produits locaux et de saison.»

Dégustations

Aux côtés du chef et de sa compagne, une quarantaine de jurés. Pour lancer la commission, Isabelle Perry a rappelé : «votre mission en tant que juré est d’évaluer chaque produit selon son goût, son équilibre et les critères gustatifs spécifiques à sa catégorie. Votre rôle est de juger uniquement ce que vous voyez, sentez et goûtez, sans biais extérieur.»

Les produits présentés lors de cette session étaient diversifiés, on pouvait déguster :  glace, bière, viande, pain, fromage, jus… Parmi ces dégustations, certains produits étaient déjà familiers des jurés, tandis que d’autres étaient goûtés pour la première fois. Durant cette commission d’agrément, 40 nouveaux produits sont passés dans les assiettes. Tous les produits ont été soumis aux mêmes critères d’évaluation. Les jurés les ont évalués selon : la texture, l’apparence visuelle, l’odeur, et enfin le goût. L’équilibre des saveurs comptait aussi dans la notation. Un espace sur la fiche de notation était également présent pour que les jurés puissent exprimer d’autres remarques. « Vous vous engagez à fournir un avis argumenté et bienveillant pour permettre aux producteurs d’améliorer leurs produits. » soulignait Isabelle Perry. 

Côté jurés, expérimentés et novices se côtoyaient pour un exercice exigeant ! Observer, sentir, goûter, juger, noter et commenter : une démarche rigoureuse qui exige une impartialité sans faille. Malgré cela, le jury ne se compose pas uniquement de professionnels du secteur mais aussi de consommateurs lambda car c’est à eux que ces produits sont destinés. «Ceux-ci seront disponibles tout au long de l’année sur les marchés de la Schlucht, des Merveilleuses Estivales et dans nos boutiques partenaires.», ajoutait la responsable de la commission.

Points de vue expérimentés

Parmi les professionnels, Gary Chopinez de Croute by Gavroch, ancien élève du lycée, raconte : «J’avais déjà jugé des produits, ici, à l’école et aujourd’hui, je participe à ma 3ème commission. J’ai moi-même été labellisé Je Vois la Vie en Vosges Terroir en janvier 2025.»

Julie Boyé, créatrice de Croustillance à Nomexy, témoigne : « Les commissions de dégustation sont des moments enrichissants et conviviaux. C’est’ l’occasion de rencontrer les gens en vrai et de pouvoir échanger. C’est souvent comme ça que naissent les relations professionnelles, ça donne envie de collaborer. »

Points de vue novices 

Coté novices, Stany Maillant et Ingrid Voinson sont respectivement étudiant et formatrice au Campus de Mirecourt. Tous 2, participaient pour la première fois à l’évènement. Stany raconte : «durant une intervention de la Chambre d’agriculture, nous avons eu connaissance de la possibilité d’être jurés. J’ai donc sauté sur l’occasion et j’ai bien fait car j’ai trouvé cela très intéressant.» La formatrice explique elle avoir ressenti un «manque de formation pour la dégustation. Mais, c’est tout de même intéressant de découvrir tous ces produits.» 

Aux mêmes tables, se trouvaient des candidats ayant déjà vu de leurs produits agréés mais participants pour la première fois au jury. Ces derniers ne jugent donc pas leurs produits. Louis Martel est éleveur à la Chèvrerie des Hauts Prés à Housseras et producteur de fromages. Il explique : «comme j’ai des produits en lice, on m’a proposé d’être juré. Je trouvais cela intéressant de découvrir comment cela se passait, de rencontrer d’autres personnes et de découvrir d’autres produits. Je me suis donc arrangé pour venir et je ne regrette pas, car j’ai pu rencontrer de nombreux professionnels des métiers de bouche

De même, Kimberly This, directrice de la coopérative Adequat Vosges, conviée par la Chambre d’Agriculture, présentait le haché de l’éleveur et participait par la même occasion aux dégustations. Elle raconte : «J’ai aimé découvrir ce qui se fait sur le territoire en termes de diversité. Certains produits comme l’amer bière à la mirabelle ou la glace à la reine des près sortent du lot. Cela m’a permis de découvrir des produits que l’on voit peu en filière longue.»

Les élèves de CAP étaient mis à contribution en salle et en cuisine. © Photo Mélanie Becker
Les jurés ont examiné différents produits afin de déterminer s’ils pouvaient rejoindre le réseau. © Photo Mélanie Becker