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Formation : Partir pour mieux revenir

Le GAEC Saint Hubert, unit toute la famille autour de la même passion : les animaux © Anne Jacopin
Le GAEC Saint Hubert, unit toute la famille autour de la même passion : les animaux © Anne Jacopin

Clémence Genrault, jeune étudiante âgée de 18 ans, a pris la décision de partir en Roumanie afin de réaliser l’un de ses rêves : intégrer une école vétérinaire pour pratiquer la médecine vétérinaire rurale.

À la veille de son départ en Roumanie, Clémence partage son expérience. Une orientation scolaire semée de difficultés avant de finalement obtenir ses billets et sa place en école vétérinaire. 

Vétérinaire rural, une vocation

La jeune fille, issue d’une famille d’agriculteur, a toujours eu envie de devenir vétérinaire. Cela explique son grand attachement pour les animaux d’élevage, notamment les vaches, animal avec lequel elle a grandi. Son envie de partir pleinement dans le rural est devenue une évidence pour elle afin de lier son rêve à son ancrage agricole. Ayant côtoyé diverses exploitations et de nombreux vétérinaires au cours de ses stages, elle affirme « Les paysans comptent beaucoup sur le vétérinaire. Ses visites sont souvent décisives ».  Cependant, elle ne rejette pas l’idée de pratiquer en tant que vétérinaire mixte, si elle en ressent le besoin par la suite « Peut-être faire du chien et du chat un jour ou deux pour se reposer. Parce que le rural est quand même assez dur physiquement ». 

Ayant grandi entourée d’animaux d’élevage, Clémence a toujours voulu devenir vétérinaire © Anne Jacopin
Ayant grandi entourée d’animaux d’élevage, Clémence a toujours voulu devenir vétérinaire © Anne Jacopin

Sa maman, Anne Jacopin, est témoin de la passion de sa fille. Elle ajoute « Comme on le dit en tant qu’agriculteur, "elle a le truc". Elle voit directement quand une bête va mal ». De plus, elle peut compter sur ses parents et ses proches qui la soutiennent dans la réalisation de son projet et sans qui rien de tout cela n’aurait été possible. Soutiens dont elle aura besoin face au manque d’information sur la filière. 

Un parcours semé d’embuche

Le parcours de Clémence est assez atypique. Elle entre en lycée général avec les spécialités Mathématiques, Sciences économiques et sociales (SES) et Physique-Chimie lors de sa première. Puis enchaîne sa terminale en gardant la physique-chimie, les mathématiques et les mathématiques expertes. Elle essaie donc d’intégrer une école vétérinaire en France via Parcoursup. Cependant, son orientation en filière générale se révèle inadaptée et elle se rend compte que ne pas avoir pris la spécialité Sciences de la Vie et de la Terre (SVT) lui bloque des portes. Y compris lorsqu’elle tente d’intégrer des formations à l’étranger notamment au Portugal. 

Sa motivation l’aide à ne pas baisser les bras et elle part à Metz pour effectuer une année de classe préparatoire en Biologie, Chimie, Physique, Sciences de la Terre (BCPST). Son année en poche, elle décide de ne pas continuer sur cette voie car elle la trouve « trop générale ». En effet, elle se rend compte de la difficulté à intégrer une école vétérinaire en France, que ce soit par la voie Post Bac ou du concours où les places et les essais sont limités. Le constat principal reste le même : le manque d’informations au moment de l’orientation, « Même les vétérinaires ne savent plus nous renseigner sur les études à suivre. ». Ce défaut d’informations représente un frein important qui demande à être compensé par des recherches personnelles nécessitant autonomie, rigueur et temps. Mais Clémence ne manque pas de motivation et, malgré ses précédentes tentatives infructueuses, elle finit par trouver une solution à l’étranger.

Se former à l’étranger

L’option de la Roumanie s’est présentée à elle lorsqu’elle était en classe préparatoire. Une intervenante : Camille Renaud, elle-même partie étudier là-bas, était venue témoigner de son parcours. Cela a donné à Clémence, l’envie de suivre cet exemple. De ce fait, elle s’est mise à faire des recherches pour intégrer l’une des écoles. 

Les réseaux sociaux ont également eu un rôle important. C’est le cas de TikTok où différentes personnes partagent leur quotidien et expliquent leurs parcours. Mais également de Facebook où plusieurs groupes ont été créés permettant aux étudiants qui envisagent de partir en Roumanie d’échanger avec ceux qui y poursuivent déjà leurs études. Ces outils lui ont permis de répondre à diverses questions sur le dossier, le coût des études et du logement. 

Clémence a décidé d’étudier en Roumanie pour plusieurs raisons. Son amour du voyage d’abord. Pour elle « les études sont l’occasion de découvrir d’autres pays et d’autres cultures avant de m’installer en France pour ma vie professionnelle. » Ensuite, contrairement à d’autres systèmes « il y a 45 places en première année et 45 places dans les suivantes » les élèves ne se retrouvent donc pas sur la sellette une fois le cursus commencé. Enfin, vie étudiante oblige, c’est l’ambiance que lui ont décrit ses correspondants qui a fini de décider Clémence : « étant une fille, je peux sortir toute seule sans appréhender. L’entraide entre les Français qui étudient là-bas est très présente aussi. »

Bien que la Roumanie soit séduisante, cela représente tout de même un coût. Le dossier, composé d’une trentaine de pages, doit obligatoirement être traduit par un professionnel légalisé et certifié. Il faut compter environ 600 € pour cette étape. Pour être déposé, il faut prévoir environ 150 € en fonction du montant des différentes écoles et des cursus. Celles-ci en proposant un en français ou en anglais pour une durée de six ans. Une fois les résultats obtenus, il faut ensuite trouver un logement. La fourchette de prix se situe entre 500€ et 700€ pour un T2 de 60 m², charges comprises. Le coût des études est propre à chaque école. Celui-ci varie entre 4 500€ et 7 000€ pour une année. Aussi, il ne faut pas négliger les voyages qui représentent également un coût, que ce soit en voiture ou en avion. 

Malgré les 1 590 km qui séparent son domicile familial de Timisoara, Clémence a hâte de commencer ses études « d’enfin rentrer dans le concret » et de se rapprocher un peu plus de son métier de rêve.

C’est dans l’affection puissante que Clémence porte à ses vaches qu’est née sa vocation pour la discipline rurale. © Anne Jacopin
C’est dans l’affection puissante que Clémence porte à ses vaches qu’est née sa vocation pour la discipline rurale. © Anne Jacopin