
Le rapport d’orientation débattu lors du Congrès des Jeunes Agriculteurs (JA) du 3 au 5 juin entend remettre les agriculteurs « au cœur des structures coopératives et mutualistes ».
Au lendemain d’élections à la MSA marquées par un net recul de la participation, le congrès des JA, qui se tient du 3 au 5 juin à Auch (Gers) entend redonner l’envie aux agriculteurs de s’engager dans leurs structures professionnelles et syndicales. « On constate une certaine montée de l’individualisme dans les jeunes générations », constate Pierrick Horel, le président de JA élu il y a un an. « Cela nous amène à nous réinterroger sur notre rapport aux organisations collectives et à leur fonctionnement. »
Le rapport d’orientation débattu cette année, intitulé « Remettre l’agriculteur au cœur des structures coopératives et mutualistes », illustre cette ambition. « Lors des manifestations de fin 2023-début 2024, les structures coopératives et mutualistes ont été la cible de la colère du monde agricole », rappelle Vincent Ferry, jeune agriculteur en Côte d’Or et corapporteur du document. Cette contribution, élaborée à la suite de nombreuses auditions et nourrie des réflexions du réseau, « entend répondre à leurs revendications en apportant des pistes concrètes d’amélioration concernant la gouvernance, le contrôle et l’expansion souvent jugée excessive de ces structures, notamment à travers la multiplication des filiales ».
Pour « renforcer l’efficacité et la légitimité des structures coopératives et mutualistes », le rapport « formule plusieurs propositions ambitieuses », détaille Romain Deleris, éleveur dans l’Aveyron et autre corapporteur avec Stéphanie Lebègue (Ardennes). Concernant les coopératives, le document appelle « à aller plus loin dans la formation des administrateurs en évaluant et proposant un cursus personnalisé » ou encore à « réinventer leur gouvernance » par la mise en place « de nouveaux mécanismes fondés sur une répartition équilibrée des pouvoirs et un contrôle renforcé de la gouvernance des filiales », poursuit Romain Deleris.
Une réflexion JA 2026
A propos du mutualisme, le rapport s’alarme de la méconnaissance du système de protection sociale des agriculteurs et appelle à une « rationalisation du nombre de délégués à la MSA ». S’agissant du mutualisme économique, il doit, selon le rapporteur, « s’adapter à des enjeux contemporains comme l’exploitation et le portage du foncier par les coopératives, l’entrée des banques dans le capital des exploitations ou la gestion des risques climatiques et sanitaires », soit au-delà « de son rôle dans le financement des activités agricoles et la couverture des risques ».
Outre leur rapport avec les coopératives et le mutualisme, les jeunes agriculteurs évoqueront aussi les évolutions à envisager en matière de syndicalisme. « Cette année a été l’occasion pour nos élus nationaux de lancer une réflexion sur une refonte de notre offre syndicale, allant de l’adhésion à la communication sur nos actions et initiatives », rappelle Pierrick Horel. Un premier point sera fait lors du congrès d’Auch en attendant des propositions qui seront présentées lors du congrès suivant, dans l’Ain. « Tout est posé sur la table », assure le président des JA, qui constate que le rapport des « non-issus du monde agricole » avec le syndicalisme « est souvent différent ».
La politique agricole ne sera pas pour autant oubliée lors de congrès. Les JA remettront en débat leurs propositions en matière de planification agricole et de souveraineté alimentaire lors d’une séance publique au cours de laquelle interviendra notamment Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition écologique. Une planification d’autant plus impérieuse, selon Pierrick Horel, que « le changement climatique va plus vite que nos exploitations ».
Les congressistes devraient également rappeler leurs inquiétudes en matière de renationalisation de la PAC « qui risque de réintroduire de la concurrence entre Etats-membres » ou encore leur attachement à pouvoir disposer « des moyens de produire ». « Nous aurions préféré que la proposition de loi Duplomb fasse l’objet d’un débat , mais les postures idéologiques de certains ne l’ont pas permis. L’urgence aujourd’hui, c’est de dépassionner ces propositions », a estimé Pierrick Horel.
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