En 2019, les frères Stéphane et Cyril Oudin, associés au sein du GAEC Clair Argent ont décidé de faire une transition sur leur exploitation de polyculture élevage et sont passés au semis direct.
L’exploitation familiale compte 245 ha de SAU dont 180 ha de terres labourables et environ 700 000 L de contrat laitier. Au fil des années de transition, les exploitants ont dû adapter et investir dans du nouveau matériel dédié au semis direct.
Présentez votre assolement
Stéphane Oudin : "Nous avons environ 60 ha de blé 30 ha de colza, 40 ha d’orge d’hiver, 65 ha de prairies permanentes et temporaires enfin une cinquantaine d’hectares de maïs. Le fait que je ne travaille pas mon sol m’impose d’avoir un assolement différent de ce que l’on retrouve généralement dans le Grand Est à savoir : colza, blé, orge. Derrière les maïs, j’implante une orge d’hiver en direct, parce que j’ai eu des problèmes de fusariose sur les blés et puis, un maïs épi sans travail du sol, quand on rate le fongicide fusa, cela fait très mal. Je sécurise donc avec de l’orge d’hiver. Après j’implante un colza puis du blé ensuite, j’adapte en fonction de ce que je peux implanter au moment T.
Pourquoi avez-vous recherché un nouvel outil ?
S.O. : En semis direct, l’implantation fait 90% du rendement. Il faut savoir se montrer opportuniste quand les conditions sont bonnes, nous ne pouvons donc pas prévoir un assolement un an à l’avance. Nous avons bien des grandes lignes, mais il faut savoir s’adapter en fonction du temps, de l’état du sol et du climat. Si l’implantation est réussie, le rendement est assuré.
La réflexion du matériel est liée à ma transition en semis direct sous couvert. C’est une technique qui a pour but de restaurer les sols, de retrouver leur fertilité et surtout de supprimer le travail du sol. Il faut donc du matériel spécifique pour implanter les cultures. Le matériel spécialisé n’est pas répandu en termes d’offre et surtout il est beaucoup plus cher que du matériel conventionnel.
Pour semer mes maïs en semis direct j’ai un semoir monosem à disque en CUMA. Je le partage avec d’autres associés qui eux sont en conventionnel. Cela fait deux ans que j’implante mon maïs avec, le souci est que la pression au sol et le pouvoir de perforation pour implanter la graine à la bonne profondeur sont limités car le semoir n’est pas assez lourd. Les disques enfouisseurs, quand ils rencontraient un caillou ou un sol un peu trop dur remontaient et j’avais des grains sur terre. Cela impactait grandement le rendement. Il suffisait que les sangliers ou les corbeaux passent par là et les parcelles étaient fichues.
Comment avez-vous eu l’idée d’adapter cet outil ?
S.O. : J’ai découvert ce système-là de herse alternative pour ouvrir la ligne de semis sur internet. La personne qui faisait ça utilisait un ED 4 rangs à socs. Je me suis alors mis à rechercher une herse alternative que j’ai ensuite adaptée. Ce sont des outils qui existent depuis les années 1975 et qui étaient développés avant les herses rotatives. Les personnes qui avaient ces outils-là devaient avoir des terres sableuses, sans cailloux et sans mottes sinon cela faisait l’effet d’un râteau.
C’est en quelque sorte l’ancêtre de la herse rotative. Ce sont des machines qui ne se font quasiment plus de nos jours. Cette herse je suis allé la chercher dans la Marne en juillet 2022. Elle est comme neuve et n’avait servi qu’une fois. A l’origine, les dents sont espacées de 20 cm environ et elles vibrent pour casser la motte. Je l’ai adaptée avec des roues de jauge de chez Agram pour qu’elle puisse être poussée et non tirée. J’ai refait des perçages pour que les dents vibrantes soient en face de la ligne de semis du semoir car je sème en 80 cm d’écartement. La prise de force d’origine est à 540 tr/min. Je n’ai que du 1000 tr/min mais a un régime moteur de 1500 t/ min cela se passe bien, je n’ai pas cassé de dents. Une fois tout installé, la mise en route s’est bien passée et je n’ai pas eu à faire de réglage particulier."