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Le numérique pour les traitements phytos intéresse les agriculteurs

Le numérique pour les traitements phytos © Photo DR
Le numérique pour les traitements phytos © Photo DR

La compilation d’une centaine d’études scientifiques européennes démontre que les technologies digitales appliquées à l’agronomie (cartographie ou guidage de précision, robots…) peuvent contribuer à une très forte réduction des intrants.

Selon Julien Durand-Réville, responsable Santé & Agronomie Digitale de Phyteis, les nouvelles technologies peuvent réduire jusqu’à - 97 % de main d’œuvre, - 80 % d’engrais ou de pesticides, - 50 % de carburant ou d’eau. Des progressions de rendements pouvant dépasser 60 % sont également observées. Pas étonnant donc qu’une enquête*, présentée le 26 mars 2025, donne à voir une utilisation déjà significative mais aussi une « appétence croissante » pour ces techniques, sans différences significatives selon l’âge ou la région des répondants. D’abord le constat : 70 % des agriculteurs et 58 % des viticulteurs se sont appuyés, au moins une fois, sur le numérique pour la protection des cultures sur leur exploitation. Plus significatif, un tiers d’entre eux y on recourt « régulièrement » pour s’assurer du respect des contraintes réglementaires liées à l’utilisation des produits (doses utilisées, ZNT…). Principaux outils utilisés : Mes parcelles, EPHY, Geofolia, Smag Farmer… De même, un quart des agriculteurs ou des viticulteurs s’appuie « régulièrement » sur le numérique pour la prise de décision : moment optimal du traitement, prévention et anticipation des maladies ou des ravageurs... Les recommandations du technicien ou du conseiller jouent alors un rôle prépondérant dans le choix du support ou de l’outil digital. S’agissant enfin de l’application des phytos au champ, 31 % des agriculteurs utilisent « régulièrement » du machinisme de précision, mais seuls 6 % des viticulteurs sont dans ce cas. Principales technologies employées : RTK/GPS, coupure de tronçon, Farmstar, Geofolia…

Cher et compliqué

Parmi les utilisateurs actuels du numérique pour la protection des cultures, plus de la moitié des agriculteurs et un peu moins de la moitié des viticulteurs envisagent d’y recourir davantage « dans les deux ou trois prochaines années ». A cette échéance, 76 % des agriculteurs et 64 % des viticulteurs « utiliseront » le numérique. Priorités affichées : prévision et anticipation des risques, décision des moments d’intervention, respect de la réglementation, précision des traitements, suivi parcellaire et traçabilité des pratiques, réduction des utilisations, reconnaissance des adventices, coupures de buses… Les attentes concernent également la fertilisation, le semis, l’irrigation. A noter que la « réduction des coûts » constitue une motivation marginale, tant chez les agriculteurs que les viticulteurs. Peut-être parce qu’ils jugent ces technologies plutôt chères et difficiles à maîtriser : ce sont en tout cas les deux « principaux freins » identifiés. 

L’enquête Phyteis s’est également intéressée à la prise en main de ces nouveaux outils numériques par les coopératives et les négoces, distributeurs et/ou prescripteurs en ce domaine. Parmi les 32 structures enquêtées en février/mars 2024, le nombre de salariés alloués à l’agronomie digitale était très variable (1 à 40 personnes), de même que leurs missions : sélection des outils, formation de technico-commerciaux parfois jugés « frileux » devant ces nouvelles techniques, aide à la prise en main par des agriculteurs pas toujours enclins à « changer leurs habitudes » ni à dépenser davantage, implication dans l’amélioration continue des outils... Au final, ces nouveaux outils représentent, pour les distributeurs aussi, un « investissement conséquent tant au niveau financier que ressources humaines », souligne Julien Durand-Réville. Aussi lui semble-t-il « crucial de réussir à prouver l’intérêt et la plus-value apportée par le digital ».

 

(*) Enquête téléphonique réalisée par ADquation du 14 mai au 5 juin 2024 auprès de 200 agriculteurs ayant au moins 50 ha de terre labourable et de 80 viticulteurs ayant au moins 1 ha de vigne.