Le changement climatique et le bien-être de l’éleveur sont des composantes fortes du nouveau dispositif IPAGE, qui sera déployé prochainement dans la Région Grand Est.
2023 marque un changement de paradigme pour la gestion de la PAC, avec le transfert des aides non surfaciques aux Régions. Concrètement sur le Grand Est, trente trois agents des Directions départementales des territoires (DDT) viennent d’intégrer les services du Conseil régional et sont désormais répartis sur l’ensemble des dix départements. « Chaque agriculteur continuera à bénéficier d’un référent de proximité », assure Laurent Wendlinger.
Le président de la commission Agriculture-Viticulture-Forêt du Grand Est rappelle les longues discussions avec la profession agricole qui ont abouti au cadrage des lignes de soutien de la collectivité pour les quatre prochaines années. 12.000 éleveurs sont encore recensés sur le périmètre régional. « Nous voulons que le système de polyculture-élevage perdure dans les territoires », résume l’élu.
« Nouvel agriculteur »
La traduction concrète de la nouvelle politique du Conseil régional s’inscrit dans le dispositif IPAGE qui signifie « Investissements pour la Performance des exploitations Agricoles du Grand Est ». Un déploiement progressif est prévu. Le volet élevage est le premier à se mettre en œuvre, prenant le relais de l’ancien « plan bâtiment ». Il garde une double articulation entre la multi-performance et la gestion des effluents d’élevage. Le bien-être humain et sa sécurité font l’objet de plus d’attention.
Mais c’est l’anticipation face au changement climatique qui devient un critère majeur, une bonification de 10 % est allouée aux éleveurs qui prennent les devants. Une autre évolution fondamentale est la prise en compte de la notion de « nouvel agriculteur », par exemple dans le cas d’une reconversion, qui pourra prétendre à une bonification de 5 %, au même titre que les JA. Le plafond des dépenses subventionnables a été élevé à 300.000 €.
Laurent Wendlinger argumente en faveur de la complémentarité des projets, intégrant pourquoi pas une installation photovoltaïque et une autre pour la récupération de l’eau. Et d’envisager demain d’élargir le débat à la restructuration des anciennes couvertures en amiante sur les bâtiments existants. « Nous lançons le débat avec l’Etat, sachant qu’il dépasse le strict secteur agricole, l’industrie et même les particuliers sont concernés ». Concernant les effluents d’élevage, le Conseil régional a pris conscience de la nécessité d’accompagner les éleveurs nouvellement impactés par leur passage en zone vulnérable, imposant de nouveaux investissements de stockage. « Nous avons conduit un travail approfondi avec les Chambres d’agriculture pour minimiser le béton, en optimisant l’épandage, afin de ne pas aboutir à des fosses gigantesques », argumente Laurent Wendlinger, qui a à présent à l’esprit, la politique de zéro artificialisation nette prévue par le plan biodiversité national. « Avec IPAGE, nous aboutirons peut-être à moins de grands bâtiments. Nous envisageons l’aménagement de bâtiments existants, et sans multiplier les m² sur les exploitations, sans vouloir ne faire que du neuf. L’aide sera accessible pour des réhabilitations ».