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Les éleveurs de porcs en sursis

Kévin Van Der Linden dirige la Porcherie du Battant, l’exploitation est répartie sur deux sites, l’un d’eux est installé à Damas-aux-bois photo Marion Falibois
Kévin Van Der Linden dirige la Porcherie du Battant, l’exploitation est répartie sur deux sites, l’un d’eux est installé à Damas-aux-bois photo Marion Falibois

Si la crise sanitaire et le contexte inflationniste n’épargnent aucun producteur, force est de constater que les éleveurs de porcs sont particulièrement touchés par la crise. L’écart entre les coûts de production et les prix de vente sont intenables. Pour venir en aide aux trésoreries déjà bien affaiblies des exploitants de la filière porcine, l’Etat a débloqué une aide exceptionnelle pour maintenir les éleveurs à flot.

L’aide d’urgence qui vise à soutenir la trésorerie de la filière porcine française a été débloqué par l’Etat le 31 janvier 2022. Cette aide constitue la mesure centrale de la feuille de route présentée par le Ministre Julien Denormandie. Le plan de sauvetage annoncé s’élève à un montant total pouvant atteindre 270 millions d’euros. La somme est répartie de la manière qui suit : 75 millions sont alloués à l’aide à la trésorerie, 175 millions sont dédiés à l’aide sur les pertes de marges sur le coût alimentaire et les 20 millions restants sont consacrés à la prise en charge des cotisations MSA.

La filière porcine en danger

La crise du Covid a eu un impact sur le transport et l’export des marchandises à l’international. Autre conséquence de la crise sanitaire : l’augmentation des prix des matières premières agricoles et notamment des aliments pour les animaux. La filière porcine fait ainsi face à un effet ciseaux écrasant, le plus fort qu’elle a connu depuis 30 ans. Selon les chiffres communiqués par le Ministère de l’agriculture et de l’alimentation, la rémunération des producteurs a baissé de 14% alors que leurs charges ont augmentées de 27%. Selon la FNP, la perte annuelle pour les éleveurs s’élève à 440 millions d’euros. Cette crise est remarquable sur plus d’un point : son ampleur mais aussi sa durée. Toujours selon l’interprofession, cela fait deux ans déjà que la filière porcine fait face à des difficultés : déséquilibre du marché intérieur européen, baisse de la demande, complication de l’exportation et perturbation des abattoirs. En raison d’un encombrement du marché européen, le cours du porc est au plus bas. C’est dans ce contexte déjà compliqué que la flambée des charges est venue s’installer transformant la situation en une crise importante. Kévin Van Der Linden, est exploitant à la porcherie du Battant à Damas-aux-bois. En tout, il élève 2500 porcelets, 2000 cochons et 550 truies sur deux sites. «Les matières premières ont beaucoup augmentées. Surtout l’aliment, le gazole aussi… Finalement tout a augmenté sauf le cochon. J’ai l’impression que le prix du porc au kilo est resté le même depuis 30 ans alors que les charges, elles, ont continué d’augmenter. Pour nous la hausse des charges en 2021 représente une perte de 100 000€.»

Autre menace pour la filière : la peste porcine africaine. Au début du mois de janvier, la sonnette d’alarme avait été sonnée par le ministère suite à la détection de 31 cas observés sur des sangliers dans le nord-ouest de l’Italie. D’autres cas avaient déjà été détectés en Allemagne. Si cette maladie virale ne représente aucun risque pour l’homme elle est mortelle pour les sangliers et les porcs. Présente depuis plus d’une dizaine d’années en Europe, la PPA est une maladie qui ne possède aucun traitement aujourd’hui. Face à la menace que représente ce virus, le ministère de l’agriculture et de l’alimentation a mis en place un plan d’action qui vise à prévenir et à se préparer à une éventuelle épidémie.

L’éleveur Léopold André élève ses cochons en plein air sur son exploitation de Frenelle-la-Grande.
L’éleveur Léopold André élève ses cochons en plein air sur son exploitation de Frenelle-la-Grande.