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Mélanger des coproduits dans la ration

Certains coproduits, comme le soluble de maïs et l’okara (les deux pots du milieu), sont difficiles à conserver seuls du fait de leur texture. En revanche, ils peuvent trouver leur place en mélange. Photo : A.Legendre
Certains coproduits, comme le soluble de maïs et l’okara (les deux pots du milieu), sont difficiles à conserver seuls du fait de leur texture. En revanche, ils peuvent trouver leur place en mélange. Photo : A.Legendre

Cet automne, des portes ouvertes dans différentes fermes utilisatrices de coproduits ont été organisées par les partenaires du projet COPRAME. L’occasion d’échanger autour de différentes pratiques de gestion de ces ressources.

A Bouvron, le rallye des coproduits, organisé par les partenaires du projet COPRAME, a fait escale au GAEC de Grimaneau. L'exploitation utilise des coproduits issus des industries agroalimentaires régionales, dans la ration des vaches laitières. Au Gaec de Grimaneau, qui compte 125 vaches laitières en traite robotisée, pour quatre Umo, les associés utilisent des coproduits depuis une trentaine d’années. «Au départ, nous faisions un lit de drèches sous nos ensilages, mais la répartition n’était pas optimale», racontent les associés du GAEC. Aujourd’hui, ils mélangent différents coproduits dans un silo unique. Ces coproduits sont ensuite ajoutés chaque jour aux ensilages d’herbe et de maïs qui constituent la ration.

Utiliser des coproduits divers

Le silo de coproduits est généralement réalisé selon les proportions suivantes : 29 % de maïs grain humide, 25 % de drèche de soja (okara), 20 % de drèches de brasserie, 18 % de tourteau de colza et 8 % de soluble de maïs. Les matières premières arrivent par camion et sont mélangées à la ferme, avec le matériel de l’exploitation, grâce notamment à la mélangeuse équipée d’une trappe arrière, indispensable selon les associés. «En une journée, nous remplissons vingt-cinq bols. C’est une grosse journée, mais nous ne le faisons que deux fois par an», affirment les éleveurs.

En effet, un silo de coproduits mélangés dure six mois, avec une vitesse d’avancement de 20 à 25 cm par jour. Pour la confection du silo, «il faut viser 45 % de MS, et ne pas monter au-dessus de deux mètres», estiment les éleveurs. Au GAEC de Grimaneau, les associés voient plusieurs avantages à la confection d’un silo de coproduits pour six mois : simplifier la confection et la distribution de la ration, améliorer la conservation par une vitesse d’avancement plus élevée qu’avec un silo par coproduit, limiter les périodes de transitions, profiter de tarifs plus bas en commandant une grande quantité, mais aussi obtenir un mélange stable et homogène, en utilisant des coproduits qui ne peuvent pas s’utiliser seuls. En effet, l’okara et le soluble de maïs, bien qu’intéressants pour l’alimentation des animaux, sont difficiles à conserver seuls. L’okara a une texture onctueuse, un peu comme du beurre, et le soluble est liquide. En revanche, mélangés aux autres coproduits, ils ne posent pas de problème de conservation. «Nous intégrons les aliments solubles le matin même, en réalisant un prémix, avec des tourteaux de colza», précisent les éleveurs.

Évaluer la performance des animaux

Dans le cadre du projet COPRAME, trois essais vont être menés afin d’obtenir des références concernant la performance d’animaux dont la ration comporte des coproduits. Les essais se dérouleront à la ferme expérimentale de la Bouzule, à l’EPLEFPA de Courcelles-Chaussy ainsi qu’à la station expérimentale d’Arvalis à Saint-Hilaire-en-Woëvre. Sur ce dernier site, l’essai a commencé en octobre, et porte sur des jeunes bovins Charolais. Les performances de deux fois trois lots d’animaux seront étudiées. Deux lots recevront une ration à base d’ensilage de maïs, d’orge et de tourteaux de colza. Deux lots recevront une ration comportant des coproduits, mélangés chaque matin à l’ensilage de maïs. La ration des deux derniers lots sera un mélange complet, comportant de l’ensilage de maïs et des coproduits, conservés dans un même silo. Outre les performances des animaux, les critères économiques et de temps de travail seront également analysés. Les émissions de méthane et de dioxyde de carbone des animaux seront aussi mesurées. L’essai durera jusqu’au printemps 2024.