Le 26 novembre, Terres Inovia organisait une rencontre technique à Villers-lès-Nancy (54). La gestion des ravageurs d’automne du colza tenait la tête d’affiche.
Et pour cause, les agriculteurs de l’Est connaissent des déboires avec cette tête de rotation depuis quelques années. Au peu de solutions de lutte chimique encore autorisées s’ajoutent des résistances KDR* et super KDR aux insecticides. Elle sont désormais présentes dans tous les départements de la zone, pour la grosse altise mais aussi pour le charançon du bourgeon terminal.
Ces résistances affectent l’efficacité des pyréthrinoïdes : « en secteur super KDR, ces insecticides s’avèrent inefficaces contre les larves de grosses altises. En secteur KDR, certains, comme le Karate zeon - lambda-cyhalothrine – peuvent encore être utiles. Pour le charançon du bourgeon terminal, les pyréthrinoïdes et le Boravi WG sont comparables. En l’absence de résistance, leur efficacité se rapprochera de 70 %, quand en secteur KDR, elle sera proche de 50% », détaille Laurent Ruck, ingénieur développement et responsable de l’évaluation des insecticides et du biocontrôle pour Terres Inovia.
Avenir incertain pour le phosmet
En lutte chimique, le sort du phosmet est encore incertain : il devrait être scellé en fin d’année ou début 2022, mais à ce jour, sa disponibilité pour l’automne 2022 est inconnue. D’autres pistes de solutions sont écartées : les traitements de semences, inefficaces, mais aussi le mélange de plusieurs pyréthrinoïdes, à haute dose, qui n’améliore pas la réponse et surtout augmente le risque de développer des insectes résistants. « Nous travaillons en revanche sur une alternative avec Syngenta. Un réseau d’essai national a été mis en place. Toutefois, cela prend du temps car la molécule que nous testons n’est pas encore homologuée », ajoute Laurent Ruck.
Il rappelle également des fondamentaux : « pour lutter contre les larves d’altises, il veut mieux semer tôt, travailler sur l’implantation, les variétés et les plantes compagnes, pour avoir des colzas robustes. Il faut aussi diminuer la pression de sélection sur les insectes, pour conserver des moyens de luttes efficaces, et donc traiter peu. Pour la période de traitement, je ferai une réponse de normand : pas trop tôt, pour qu’il y ait assez de larves sur la parcelle, et pas trop tard, car les températures doivent être supérieures à quatre ou cinq degrés ».
*KDR (pour knock down resistance) et super- KDR : Il s’agit de deux mutations différentes d’un même gène, qui empêchent l’insecticide de se fixer convenablement sur ses cibles.