Le vendredi 1er décembre s’est tenue l'assemblée générale annuelle de la FDSEA des Vosges. Pour clôturer ce temps fort de l’année syndicale, le président de la FDSEA des Vosges, Philippe Clément a délivré son rapport moral. En voici un extrait.
« Je salue les adhérents qui se sont déplacés en nombre. Cependant, même si je suis très heureux de voir autant d’anciens, j’aimerais que l’on puisse faire tourner le mot dans les cantons : l’assemblée générale de la FDSEA est aussi un moment où nous nous rencontrons entre actifs. L’envie qui doit être la nôtre en tant que responsable syndical, nous la puisons aussi dans chacun et chacune d’entre vous lors de nos assemblées générales et de nos assemblées cantonales. Nous avons besoin de voir tout le monde pour pouvoir nous donner un peu de tonus de temps en temps.
Oui, aujourd’hui, nous marchons sur la tête. On veut une décarbonation de l’agriculture mais, sur nos fermes, quand nous voyons toutes les injonctions qui nous sont faites, nous nous disons : « mince. Oui nous sommes favorables aux transitions, à la condition seule que nous soyons accompagnés pour les faire ». Nous ne pourrons pas porter ce changement qui nous est demandé uniquement sur le dos des trésoreries de nos exploitations. Nous aurons besoin d’être accompagnés par des politiques volontaristes, par les consommateurs aussi. Ceux qui iront faire leurs courses en ayant la même philosophie que quand ils vont vociférer dans la rue. Acheter du local quand on veut manger local. Et quand on veut du bio, ne pas l’acheter que le dimanche quand on a des invités. Le producteur bio, lui, produit chaque jour de la semaine. Ce que nous disons et ce que nous avons toujours dit, c’est qu’il y a un marché et que l’offre ne doit pas le dépasser. Au sujet de la transition parlons aussi des mesures agroenvironnementales. Les paysans ne sont pas réfractaires au changement à une seule condition : qu’ils soient accompagnés pour le faire. Accompagnés par ces mêmes politiques qui nous disent : « il faut changer ».
Nous paysans, nous n’avons pas le droit de marcher sur la tête. Et nous avons besoin de gens engagés sur le territoire aussi pour donner envie à des jeunes. Les enfants issus de l’agriculture ne suffiront pas au renouvellement des générations. Comment montrer aux jeunes qui ne sont pas du milieu toutes les richesses de l’agriculture ? Nous avons un métier qui a du sens. Après le covid, c’est une question qui est revenue régulièrement. Certains veulent du sens, d’autres un métier où ils n’ont pas grand-chose à faire. Nous avons besoin de remettre les gens au boulot, de leur redonner aussi la rémunération qui leur est due.
Toutes ces injonctions contraires font que : notre métier est à la croisée des chemins. Pour autant, je suis persuadé qu’ensemble nous pouvons faire bouger les lignes. Nous l’avons fait au niveau national et européen sur la règlementation SUR (règlementation européenne sur les phytosanitaires), nous sommes capables de le faire au niveau national et départemental aussi. Un certain nombre de choses avancent et je reste persuadé qu’elles vont dans le bon sens. Ce qui est certain, c’est que si nous baissons les bras, nous aurons juste à dire «finalement, nous avons perdu».
Il y a quelques années, je jouais au rugby et nous sommes allés à un match auquel nous savions que nous devions prendre une raclée. Mais nous y sommes allés quand même. Si nous avons bien perdu, nous n’avons pas pris la raclée annoncée. Et, une fois le match terminé, nous sommes allés boire un canon en nous disant « finalement, on s’est bien battus quand même ! » Ce que je souhaite, c’est que cet essai, nous le transformions en nous disant : « nous, nous ne voulons pas perdre ! Nous y allons ensemble et nous allons gagner ». Nous allons gagner le combat sur la rémunération des producteurs, le combat sur l’installation de nos jeunes. Ces combats-là sont importants.
Derrière, il a y a aussi le combat de la considération.
Dans le département des Vosges, nous mettons des moyens importants dans le dispositif des fermes ouvertes. Ce sont 2000 à 3000 enfants qui viennent dans nos exploitations chaque année. Ces enfants-là, quand ils viennent dans les exploitations, il se disent peut-être que, dans ce qu’on leur raconte à la télévision où l’on parle sans cesse de bien-être animal etc., il y a peut-être des choses qui sont surfaites là-dedans. Evidemment que c’est surfait. Parce que les médias aujourd’hui sont là pour faire du sensationnel. Or, nous, nous ne sommes pas là pour faire du sensationnel mais nous sommes là pour faire notre boulot : entretenir nos territoires et avoir cette fonction nourricière tellement importante dans le contexte international dans lequel nous vivons. »