Dans son rapport sur l’élevage adopté le 16 janvier, le Conseil économique, social et environnemental entend mettre un terme au déclin de l’élevage. Il formule douze propositions pour inverser la tendance et redonner de l’attractivité au métier d’éleveur.
S’il est peu de sujets qui font consensus entre la FNSEA et la Confédération paysanne, il en est au moins un qui suscite de nombreuses convergences, c’est celui de la nécessité de sauver l’élevage actuellement en fort déclin et de redonner des perspectives aux éleveurs. En effet, le 16 janvier, le Conseil économique social et environnemental (Cese) a adopté à une écrasante majorité un rapport intitulé « Relever les défis de l’élevage français pour assurer sa pérennité », présenté par Anne-Claire Vial (FNSEA) et Marie-Noëlle Orain (Confédération paysanne), au nom de la Commission Territoires, Agriculture et Alimentation présidée par Henri Biès-Péré. Les rapporteuses sont tombées d’accord sur un diagnostic partagé et sur douze préconisations réunies autour de trois axes.
Le premier vise à renforcer, réorienter et mieux diffuser les travaux de recherche. Ainsi préconisent-elles de développer les relations entre chercheurs et éleveurs « dans les deux sens », d’associer davantage les éleveurs et innovateurs aux travaux de recherche, d’accompagner les éleveurs par des diagnostics scientifiques et techniques au moment de l’installation et au cours de la vie de l’exploitation. Elles souhaitent également mieux évaluer les impacts climatiques et environnementaux de l’élevage. Ici, le rapport dénonce l’approche « cycle de vie » des produits en vigueur dans le monde industriel mais qui n’est pas adaptée à l’agriculture et à l’élevage en particulier. Celle-ci ne retient que les aspects négatifs de l’élevage, sans en retenir les aménités positives sur le stockage du carbone et le maintien de la biodiversité et l’entretien des espaces notamment. Si ce diagnostic était suivi, il n’aboutirait qu’à la remise en cause de l’élevage et la nécessité d’accompagner son déclin. Ce qu’a d’ailleurs préconisé la Cour des Comptes dans un rapport récent.
Clauses miroirs
Le deuxième axe porte sur le réexamen des politiques publiques. Ainsi le rapport appelle les pouvoirs publics à procéder à une évaluation des dispositions actuelles, avant de proposer un grand plan national d’investissement et d’innovation. Surtout il se prononce sur la mise en place de clauses miroirs avec les pays tiers pour mettre un terme aux importations qui ne respectent pas les règles européennes. Enfin le troisième axe s’intéresse à la sensibilisation des consommateurs. Trop de contre-vérités, d’idées reçues, de caricatures sur l’élevage qui serait « industriel », les animaux qui seraient mal traités sont véhiculés sur l’élevage qu’il convient de corriger pour mieux faire découvrir sa réalité concrète. Cela commence par l’école, l’accueil à la ferme des enfants, l’information sur les produits par l’étiquetage, mais aussi par une plus forte présence sur les réseaux sociaux.
L’élevage est aujourd’hui à la croisée des chemins. Par manque d’attractivité, le nombre d’éleveurs ne cesse de se réduire. « Il a été divisé par deux depuis 20 ans », selon le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, présent au Cese, et qui s’est félicité de l’adoption de ce rapport en ce sens qu’il a permis d’adopter « des conclusions consensuelles » sur un sujet clivant. Le recul du nombre d’éleveurs s’est accompagné d’un fort repli du cheptel bovin (lait et allaitant), porcin et ovin. Si bien que la balance commerciale des produits animaux s’est fortement dégradée depuis quelques années et que « nous sommes en train de perdre notre souveraineté ».
Accord UE/Mercosur : le refus catégorique du Sénat Alors que le Conseil économique, social et environnemental s’est prononcé sur la mise en place de clauses miroirs, le Sénat a adopté, à l’unanimité, le 16 janvier, une position ferme contre la ratification de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur. L’Assemblée nationale avait pris une position identique en juin dernier. Dans sa résolution, le Sénat rappelle que le gouvernement a posé trois conditions à la validation de l’accord : ne pas augmenter la déforestation importée dans l’UE, mettre l’accord en conformité avec l’accord de Paris et adopter des mesures miroirs pour ne pas soumettre les agriculteurs européens à la concurrence déloyale des importations d’Amérique du Sud. Or, sur ce dernier point, rien n’a été fait, observent les sénateurs qui invitent le gouvernement à « refuser tout accord avec le Mercosur tant que ces clauses miroirs en matière environnementale, sanitaire et le bien-être animal ne sont pas appliquées ». Les sénateurs s’opposent également à toute scission de l’accord pour contourner le contrôle des Parlements nationaux. En effet, la Commission européenne envisagerait de découper l’accord avec le Mercosur en deux parties distinctes pour ne pas soumettre son volet commercial au vote des Parlements nationaux, mais uniquement au Conseil et au Parlement européens. |