
Après une année 2024 assez compliquée, les constructeurs français de machines agricoles espèrent un rebond économique d’ici la fin de l’année 2025. Quelques signes prometteurs le laissent présager.
« Relativement optimiste », tel est le sentiment général des administrateurs d’Axema, le syndicat français des constructeurs de machines agricoles qui, après plusieurs mois de baisse quasi continue, voient le marché du machinisme reprendre quelques couleurs. Il faut reconnaître que l’année passée ne leur a guère profité avec une chute de -15 % du chiffre d’affaires global. Après une année assez exceptionnelle en 2023 (18,8 milliards d’euros-Md€), « on revient à la normale avec un CA de 16 Md€* », a commenté David Targuy, directeur des affaires économiques et internationales d'Axema. En volume, avec un indice 104, la production française d’agroéquipements est tombée à son plus bas niveau depuis 2010 (indice 100). Il était de 126 en 2023 et de 120 en 2022, avec un pic de 129 en 2013 et 128 en 2012. En valeur, la production recule de 17 % passant de 8,9 Md€ en 2023 à 7,4 Md€ en 2024, en raison « d’un manque de prises de commandes et de stocks importants chez les concessionnaires », a expliqué David Targuy. Les causes de ce repli globales sont multiples mais à mettre sur le compte des mauvaises conditions climatiques qui ont plombé les comptes des agriculteurs, notamment en grandes cultures et en viticulture. « 2024 a été l’une des plus mauvaises années depuis dix ans, ce qui a pesé sur les investissements en matériel », a souligné Jean-Christophe Regnier, trésorier et président de la commission économique d’Axema. Cependant, en comparaison de ses concurrents européens, la France reste le pays qui investit le plus dans les agroéquipements (9,856 Md€) devant l’Allemagne (8,857 Md€) et l’Italie (6,858 Md€), sur un marché global européen pesant 44,6 Md€.
+7 % fin 2026 ?
Cette situation économique défavorable a pesé sur le commerce extérieur. « Nous avons subi une forte contraction des échanges en France, en UE et sur le plan mondial », a poursuivi David Targuy. Les exportations françaises ont fléchi de -21 %, passant de 4,745 Md€ (2023) à 3,743 Md€ (2024). Les importations en France se sont repliées dans une proportion presque identique : -17 %. Elles affichaient 6,908 Md€ en 2023 et ne représentaient plus que 5,757 Md€ en 2024. Dans tous les cas, la balance commerciale reste encore déficitaire à -2,014 Md€ (-2,163 Md€ en 2023), « principalement avec l’Allemagne », a concédé le directeur des affaires économiques et internationales. La contraction des marchés reste mondiale avec un recul moyen de -14 % à l’échelle planétaire : - 13 % pour les exportations et – 15 % pour les importations. La France (3,857 Md€) reste dans le top 5 des principaux exportateurs, derrière l’Allemagne (13,516 Md€), les Etats-Unis d’Amérique (9,406 Md€), la Chine (7,395 Md€) et l’Italie (5,126 Md€). Le syndicat des constructeurs pense que le marché va continuer de se contracter, car « les facturations sont mauvaises ». Il estime qu’il affichera – 3 % à la fin de l’année. Cependant « nous espérons une reprise d’activité à la fin du deuxième trimestre » et un rebond d’environ « +7 % à la fin de l’année 2026 », a esquissé David Targuy.
(*) Ce chiffre comprend notamment les ventes (9,6 Md€), les exportations (4 Md€) et les services (2,4 Md€)
Les constructeurs européens en bref Il existe 27 230 entreprises de construction d’agroéquipements en Europe (3 350 en France) qui dégagent 31,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires (France en deuxième position avec 4,5 Md€). Elles emploient 387 000 salariés, dont 92 300 en Allemagne, 61 300 en France et 44 800 en Italie, ces trois pays concentrant plus de 50 % de l’emploi salarié. |
Des immatriculations en hausse 87 607. Tel est le nombre des premières immatriculations réalisées en France en 2024 soit une hausse de +15,19 %. (76 050 en 2023). « Cette augmentation est consécutive aux 11 000 immatriculations supplémentaires réalisées pendant le mois de décembre », a expliqué David Targuy. Pourquoi un tel engouement ? « En raison de l’entrée en vigueur le 1er janvier 2025 de la nouvelle réglementation sur le freinage des véhicules agricoles qui interdit la circulation de tracteurs équipés d’une seule ligne de freinage. Certains agriculteurs ont été contraints de changer de matériel », a-t-il développé. L’objectif de ces normes est d’accroître la sécurité routière. |