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Récoltes et moissons, des pluies pénalisantes

La pluie a couché les cultures sur de nombreuses parcelles. Photo : M.Palmieri
La pluie a couché les cultures sur de nombreuses parcelles. Photo : M.Palmieri

Le chantier des moissons devrait battre son plein mais la météo en a décidé autrement. Comparés à l’an dernier, les travaux ont été retardés d’au moins deux semaines. Un point presse était organisé par la Chambre d’Agriculture, la FDSEA et JA Vosges, au Gaec de la Gravière à Attignéville pour faire un premier point sur les moissons et les récoltes.

La moisson des orges d’hiver a commencé cette semaine mais les conditions sont loin d’être optimales. Si les abondantes pluies de mai ont été plutôt les bienvenues, après un automne sec et la fraîcheur des derniers mois, leur intensité et leur volume compliquent le travail des agriculteurs. Comparés à l’année dernière, les travaux de récoltes et de moissons sont retardés d’au moins deux semaines.

Le traditionnel point presse du premier bilan des moissons avait lieu cette année au Gaec de la Gravière chez Catherine, Guy et Pierre-Louis Poirot. Une exploitation de polyculture élevage, lait et céréales, de 320 hectares (200ha de céréales, 120ha d’herbe). «Nous avons débuté les moissons tardivement dimanche dernier avec des rendements corrects sur les orges d’hiver. La problématique cette année, ce sont les conditions météo de récolte avec une qualité moindre et des soucis de germination», témoigne Pierre-Louis Poirot.

Un impact sur la quantité et la qualité

Le proverbe dit «après la pluie vient le beau temps», dans les Vosges il conviendrait plutôt de dire «après le sec, la pluie». Car, à défaut d’être pénalisées par la sécheresse comme les années précédentes, les récoltes des cultures subissent l’humidité cette année. Les pluies incessantes de ce mois de juillet ont fortement impacté les cultures vosgiennes, quel que soit le territoire. Pierre Richard (EARL de la Rochotte) exploite 70 hectares (90% en herbe) à Saint-Etienne-lès-Remiremont, ses parcelles étaient encore noyées sous l’eau la semaine dernière. «Tout est quasiment en zone inondable. On a des parcelles humides qui sont pâturées en amont pour déprimer, ce qui permet de faucher plus tard lorsque c’est plus sec. Malheureusement, les animaux se sont retrouvés avec les pieds dans l’eau. Avec des foins bien mouillés, pour l’instant c’est zéro récolte », déplore l’agriculteur. 

Du côté de l’ouest vosgien, même son de cloche. Alain Bonneville (Gaec Saint-Laurent, Vouxey) et Thierry Durand (EARL de la Source, Removille) voient également leurs parcelles sous l’eau. Les deux exploitants vont devoir faire preuve de patience avant de pouvoir commencer les travaux de récolte, «il faut plusieurs jours de beau temps pour réussir à moissonner, mais dans le même temps on redoute un coup de sec qui empêcherait les cultures de redémarrer». Avec une question : à quoi ressemblera le foin ensuite ? «ça vaudra de la paille, et encore, si on arrive à le faucher ! Car tout est couché, avec beaucoup de terre», répond avec amertume Thierry Durand.

La situation des moissons

Pour l’instant, il est encore difficile de se prononcer sur les volumes récoltés. Il faut craindre dès à présent une baisse de qualité qui déclasserait les grains initialement prévus pour la brasserie en orge fourragère. Concernant le blé, il est également encore tôt pour se prononcer sur les rendements. Toutefois, le contexte pluvieux a entrainé le développement des maladies. Le coup de chaleur du mois de juin a aussi entrainé des phénomènes d’échaudage (la plante est grillée au moment de la formation des grains). Tout cela aura un impact à la fois sur la quantité et sur la qualité des récoltes. Si la qualité est inférieure aux normes, la récolte sera déclassée et ne pourra pas être utilisée pour l’alimentation humaine ce qui entrainera des diminutions dans les prix de vente, jusqu’à 40 euros / tonne. Même constat pour le rendement des colzas qui seront certainement très hétérogènes en fonction des parcelles.

Globalement, il est encore tôt pour estimer les rendements comme les moissons ont été retardées. Une chose est sûre, les conditions pluvieuses et les aléas climatiques ont un impact sur les récoltes : champs versés, augmentation des maladies… Pour notre département d’élevage, après la récolte des grains, la priorité est à la récolte des pailles de céréales. Cette année, la production de paille se rapprochera d’une année «normale».

 

 

Jérôme Mathieu aux côtés de Adrien Guenot (JA 88), Franck Perry (vice-président du Conseil Départemental 88 en charge de l’agriculture), Pierre-Louis Poirot et Stéphane Demay, pour évoquer la situation particulière de ces moissons 2021. Photo : M.Palmieri
Les moissons débutent cette année avec deux semaines de retard due aux conditions climatiques. Photo : M.Palmieri
La confluence de la Vraine et du Vair a provoqué des débordements lors des fortes pluies de juillet, noyant les champs alentours sur le secteur de Vouxey. Photo : M.Palmieri
L’exploitation de Thierry Durand (Removille) a quasiment les pieds dans l’eau.Photo : M.Palmieri