Le centre de formation ALPA-Is4a a besoin d'ambassadeurs pour réussir son recrutement 2024. L'association a connu un exercice 2023 financièrement difficile, malgré la concrétisation de multiples initiatives. Le domaine de la formation s’apparente à une performance sportive de longue haleine. La persévérance est le moteur pour aller de l'avant.
Après l’accalmie vécue en 2022, au sortir de trois exercices comptables financièrement compliqués, l’ALPA (Association Lorraine Pour La Promotion En Agriculture) a enregistré à nouveau un résultat déficitaire d’un peu plus de 163.000 € en 2023, pour un total de produits d’exploitation de 2,728 M€. Il était positif de 69.000 €, un an auparavant. En présidant l’assemblée générale, le 23 avril, à Haroué, Lydie Saunier n’a pas caché sa déception. « Nous ne pouvons pas nous en satisfaire, après tout le travail insufflé et enclenché » a indiqué la présidente, en affichant toujours un volontarisme à toute épreuve. « Nous devons persévérer, ne rien lâcher, si nous n’avons pas obtenu de grande victoire, tout compte, mis bout à bout, estime Lydie Saunier. Un parcours de redressement est nécessairement long, il exige de la persévérance, comme au marathon».
Conjoncture porteuse à la ferme
Le centre ALPA-is4a a dispensé 120.068 heures de formation (contre 126.535 heures en 2022), toutes voies confondues, a illustré Amélie Hemmer, la directrice formation. 106 stagiaires en formation continue, 244 apprentis et 7 étudiants en formation initiale scolaire ont été accueillis sur les deux sites d’Haroué et de Laxou. Si l’apprentissage marque le pas, après une forte poussée en 2022, la formation continue amorce une reprise sans retrouver le niveau haut de 2019. Les formations de niveaux 4 et 5 représentent chacune 29 % de l’activité ; les niveaux 6 à 8 : 26 %. Dans le cadre de la Charte à l’agriculture déployée par le Conseil départemental, cinq personnes ont été accueillies dans le cadre de l’insertion ; elles ont toutes entrées en formation à l’ALPA-is4A. Au chapitre des faits marquants, l’ALPA a accueilli pour la première fois le challenge inter-lycées de l’APAL à la rentrée. 150 jeunes en provenance de huit établissements du Grand Est ont ainsi découvert le site d’Haroué, à travers un parcours alliant ateliers de réflexion et sport.
L’exploitation agricole de l’ALPA a surfé sur une conjoncture 2023 porteuse est a engrangé un bénéfice d’un peu plus de 132.000 €, a confirmé le directeur de la ferme, Joris Erzen. L’atelier laitier s’est bien comporté, le changement de mode alimentaire a permis une progression des taux. La référence de production a été réalisée. Si le prix du lait est resté élevé en début d’année, il a ensuite marqué le pas et les charges ont également évolué à la hausse sous l’effet de l’inflation.
Le parcellaire de la ferme accueille la plateforme d’expérimentation de la Chambre régionale d’agriculture qui teste des techniques en fort décalage avec les pratiques courantes. Autre expérimentation qui se poursuit : l’alimentation des vaches de la race composite RedyBlack. Avec ses vingt animaux, l’ALPA détient le plus grand troupeau en race pure de France. Joris Erzen rappelle, avec fierté, le temps fort de mars 2023, une séance photo avec Gènes Diffusion qui a recruté le taureau TEL ALPA. Issu de 438 PENUS, une vache de l’ALPA en croisement avec Skelton, TEL ALPA figure désormais au catalogue de la coopérative d’insémination, avec 201 points ISU.
Nouveaux projets pour l’insertion
Autre satisfaction, la montée en puissance du chantier d’insertion qui a concerné 17 salariés pour 6,20 équivalents temps plein, et qui s’est traduit par « 57 % de sorties en emploi » confirme Amélie Hemmer. Une petite entreprise en elle-même qui allie conjointement productions avicole, apicole, maraichère et arboricole. Tous les produits ainsi obtenus sont transformés pour être valorisés dans le magasin sur site, mais aussi sur une dizaine de marchés du terroir et auprès d’intermédiaires de commerces de proximité et de restaurants.
Les ventes ont progressé de 22 % sur un an, pour atteindre 77.522 €, dégageant même un bénéfice de près de 10.000 €. Cette activité soutenue par le dispositif local d’accompagnement (DLA) veut se développer, indique la directrice formation. Accroître les ventes, les productions, élargir la gamme de produits transformés, développer les prestations abattage, autant de perspectives auxquelles vient s’ajouter une nouvelle activité : la confection et la livraison de repas pour le périscolaire d’Haroué qui devrait se traduire par l’ouverture de deux postes supplémentaires.
Dans son rapport moral, Lydie Saunier a précisé que la réforme du financement de la formation par le Conseil régional avait sévèrement impacté les ressources de l’association. Le travail sur la maîtrise des charges de l’ALPA s’est avéré fructueux. Mais le contexte inflationniste a imposé toutefois des coûts énergétiques et sociaux supplémentaires.
L’enjeu pour la structure est le recrutement à la rentrée 2024. Les actions d’accueil de publics à sensibiliser se poursuivent et s’intensifient. Lydie Saunier entend resserrer les liens avec les territoires et les organisations agricoles. Elle invite d’ailleurs ses pairs à « être les ambassadeurs » de la ferme-école. « Charge à nous d’innover sans cesse, d’adapter nos méthodes pédagogiques, d’intégrer la formation à distance… » martèle la présidente. Et d’annoncer l’ouverture d’un « bachelor » post bac en commerce et en multi performances de l’entreprise agricole. Lydie Saunier revient au marathon, en concluant sur « l’année olympique qui nourrit nos espoirs ».
Des BTS aux Pays-Bas : Apprendre en voyageantLe groupe de onze BTS technico-commerciaux 2e année de l’Is4a a organisé diverses animations pour financer un voyage-découverte aux Pays-Bas. Ils ont notamment proposé un repas à la cafétéria du magasin Cora à Essey-lès- Nancy, un loto à l’Alpa et une buvette sur le marché fermier d’Haroué, avec Saveurs Paysannes. Ils ont ainsi, pu engranger un petit budget leur permettant un déplacement en Hollande et de multiples visites culturelles et professionnelles. Leur objectif était de s’imprégner du "consommer autrement" à la façon d’un autre pays. Le Gouda, le marché de Rotterdam, la gastronomie locale, le conditionnement particulier des produits alimentaires en cornets, les fruits en emballages individuels sous plastiques, une ferme flottante dans le port… Autant de souvenirs qui resteront dans l’esprit des étudiants. «Nous avons vécu une expérience particulière, enrichissante, avec de la pratique, ont témoigné trois participants devant l’Ag de l’Alpa. Cela nous a offert une ouverture d’esprit, et nous avons pu collectivement nous dépasser, en montant nos actions avant de partir». L’expérience sera renouvelée, probablement en Tchéquie en 2024, confie Clotilde Cissé, formatrice co-référente BTSA-TC, qui a encadré le groupe. |