Les dégâts de gibier sont une réalité avec laquelle les agriculteurs sont tenus de composer. Pour autant, la pilule n’est pas facile à avaler quand, en une nuit, des mois de travail sont fichus en l’air. En plus des dégâts, les procédés administratifs pour que la perte soit reconnue et le gibier chassé sont souvent longs ce qui laisse le temps aux sangliers de poursuivre leurs dommages. Une situation complexe pour le monde agricole qui peine à voir de véritables solutions à l’horizon.
Eric Virion est exploitant GAEC de la côte de Henet. Associé à son frère Adrien, il gère une exploitation laitière qui se compose de 60VL pour une production de 500 000L livrés à Savencia. La SAU de 170ha comprend 60ha de cultures. Parmi celles-ci, du maïs, dont une parcelle a été récemment endommagée par les sangliers.
Des dispositifs de protection insuffisants
Au-delà du dégât immédiat causé à la culture, un dégât de gibier est lourd en conséquence et cela, avant même qu’il n’arrive. C’est un temps de travail supplémentaire que de mettre en place des clôtures de protection. En plus du coût financier, mettre en place et entretenir les clôtures est gourmand en temps et en main d’œuvre.
«Nous n’avons pas eu de dégât sur les semis cette année» explique Eric Virion. Mais comme la maturation du maïs approchait «nous avons mis les clôtures de protection en place avec une personne de la société de chasse. Nous étions trois et cela nous a pris une demi-journée.» Pour autant, le calme fût de courte durée car les clôtures ne sont pas toujours efficaces : «nous avons installé les clôtures le 15 août, les dégâts ont été constaté le 20». «C’est une parcelle en lisière de bois, nous rencontrons le problème chaque année, encore plus quand elle est en maïs comme c’est le cas actuellement.» Malgré les dispositifs mis en place en amont pour éviter les dégâts, une fois la clôture forcée, les sangliers se sont installés, à quelques dizaines de mètres du mirador des chasseurs, pour leur festin. La parcelle de maïs a été ravagée. «Cette parcelle fait 9ha et nous estimons qu’il y a 1,5ha de dégâts» constate l’exploitant. Pour le moment deux trouées principales ont été constatées mais les dégâts s’accumulent à plusieurs endroits disséminés sur la parcelle. «Nous savons cette parcelle impactée, c’est pour cela que nous la surveillons. Mais les dégâts sur les autres parcelles nous ne le constaterons qu’au moment d’ensiler. On reproche souvent aux agriculteurs d’exagérer l’ampleur des dégâts, mais il y en a aussi beaucoup que nous ne déclarons pas quand ils sont trop petits ou simplement parce que nous les constatons trop tard.»