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Forêts : un plan contre les scolytes

Illustration scolytes Photo DR
Illustration scolytes Photo DR

En déplacement dans les Vosges pour parler et lancer le plan Ecoantibio 3, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a aussi dévoilé un plan national de lutte contre le scolyte. 

L’insecte ne mesure que cinq millimètres de long mais il fait d’importants ravages dans la forêt française. Saison après saison, il grappille de nouveaux territoires. Auparavant identifié dans les forêts du Grand-Est, il a pris ses aises à la faveur du réchauffement climatique qui affaiblit les défenses naturelles des arbres. L’insecte qui représente une large famille d’individus (typographe ou chalcographe pour l’épicéa, curvidenté pour le sapin ou encore sténographe pour le pin sylvestre) s'étend désormais sur la quasi-totalité des forêts d'épicéas, de la moitié nord de la France. Selon l’Office national des forêts (ONF) et les chiffres du ministère de l’Agriculture, ce sont 37 millions de m3 (Mm3) de bois (22 Mm3 en épicéa et 15 Mm3 en sapin) qui ont été attaqués depuis 2018. Ce qui représente 110 000 ha et plus d’un cinquième de la surface des épicéas et sapins présents dans les régions touchées. La détection de l’insecte n’est pas aisée, car les trous font à peine quelques millimètres de diamètre. Les scolytes viennent y pondre leurs œufs. La ponte s'étale sur 20 à 30 jours, à raison de deux à trois œufs par jour. La femelle pond en moyenne 55 œufs. Puis, les larves éclosent et forent chacune une galerie sinueuse partant de la galerie de ponte, à la limite du bois et de l'écorce dont elles se nourrissent. Une fois que l’insecte a pondu, il va immédiatement chercher un autre arbre hôte. Il est déjà trop tard. La seule solution est de couper l’arbre infecté. « Il faut ensuite le débarder le plus vite possible, avant la fin du cycle larvaire pour éviter de contaminer les autres arbres », indique Hubert Schmuck chef de projet « santé des forêts », sur le site de l’ONF. « Le bois est ensuite amené en scierie, plongé sous l’eau ou encore écorcé de manière à ce que les larves ne puissent pas terminer leur cycle. », poursuit-il.

Soutien à la filière 

Pour éradiquer ce fléau, Marc Fesneau a lancé son plan antiscolyte, précisant qu’il doit permettre de répondre à « une situation de crise particulièrement préoccupante ». Les dégâts causés par l’insecte sont considérables avec « des impacts sur les paysages et sur les écosystèmes mais aussi sur la ressource en bois avec des flux d’approvisionnement perturbés et une qualité des produits dégradée »Le plan est décliné en quatre axes. Le gouvernement souhaite dans un premier « observer et faire connaître les conséquences des crises liées aux scolytes ». Autrement dit, renforcer les réseaux d’observation et de partage d’information pour anticiper au mieux le phénomène. Dans un deuxième temps, le plan du ministère de l’Agriculture entend «organiser une stratégie collective de lutte contre les scolytes », notamment en finançant une partie (65 %) de l’achat de kit d’écorçage. L’objectif de ces machines encore peu utilisées en France est d’enlever les écorces des arbres abattus pour détruire les scolytes présents avant qu’ils ne se propagent à d’autres arbres sains à proximité. Il est aussi d’aider les propriétaires touchés à replanter les surfaces sinistrées, sous réserve d’un « certain nombre de critères d’éligibilité ». Dans un troisième temps, le plan propose de « valoriser les bois scolytés ainsi que les sapins secs et organiser un soutien économique à la filière ». Une fois débarrassés des insectes, les bois sont « aptes à la construction ». Les bois trop dégradés peuvent servir à d’autres usages comme alimenter les centrales électriques à biomasse. Enfin dernier axe, le ministère veut « mettre en perspective la crise scolyte dans le cadre plus large de l’adaptation de la filière forêt-bois au changement climatique ». A ce titre, le ministère de l’Agriculture devrait prochainement lancer une mission inter-inspections (CGAAER-IGEDD-IGF*) pour mieux anticiper collectivement les crises et leurs implications.   

(*) Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux, Inspection générale de l'environnement et du développement durable et Inspection générale des finances)