Ne pas laisser l’ambroisie proliférer

L’ambroisie à feuilles d’armoise a été introduite en Europe à la fin du XIXème siècle. Les conditions climatiques lui ont permis de s’implanter et de se développer dans nos territoires. Elle est considérée comme invasive, elle menace directement les écosystèmes mais surtout la santé humaine. En effet, son pouvoir allergène causé par son pollen présente un risque sanitaire préoccupant.

Qui est l’Ambroisie à feuilles d’armoise ?

Ambroisie à feuilles d’armoise (Ambrosia artemisiifolia L.) : 

- C’est une plante annuelle qui sort de terre entre avril et juin et mesure généralement de 15 cm à 1 m de hauteur.

- La floraison et l’émission de pollen se font principalement d’août à octobre avec un pic en septembre (plusieurs millions de grains de pollens par pied d’ambroisie). Les fleurs mâles et femelles sont présentes sur le même pied, rendant l'autofécondation possible. Il suffit donc qu'un unique plant germe dans une zone indemne pour qu'une population d'ambroisie se mette en place.

- Vers octobre, les fleurs femelles fécondées produisent des graines en grande quantité (30 000 à 40 000 par pied) viables de 10 à 30 ans. 

- On la retrouve sur des terrains nus ou peu couverts ou retournés : bords de route, voies ferrées, zones de travaux, chantiers, friches, terrains vagues, berges de rivière, parcs, jardins mais aussi sur des parcelles cultivées dans les cultures de céréales après les moissons, les tournières, dans les jachères…

- L’ambroisie est une plante adventice très concurrentielle en particulier dans le tournesol (même famille), le soja, le maïs, le sorgho, les chaumes de céréales d’hiver et même le pois.

- Sa dissémination est notamment due à l’activité humaine (engins de chantiers, engins agricoles, voies de communication, transport de terre…)

- Elle provoque des affections sur la santé humaine : des pollinoses (rhume des foins) dues à l'inhalation des grains de pollen à une période où les autres pollinoses sont terminées (rentrée des classes…), des rhinites, conjonctivites, trachéites, urticaire, eczéma, apparition ou aggravation d’asthme. On estime que 6 à 12% de la population est allergique à l'ambroisie et il suffit de 5 grains de pollen / m3 d'air pour que les symptômes allergiques se déclenchent.

Les caractéristiques physiques de l'ambroisie à feuilles d'armoise

Une présence sans doute sous-estimée

Afin de coordonner les actions de prévention et de lutte contre l'ambroisie à feuilles d'armoise mises en place au niveau national mais aussi local, un Observatoire a été créé en 2011 par les Ministères de la Santé et de l'Agriculture et l'INRA. En 2017, le pilotage et l'animation de cet Observatoire ont été confiés à FREDON-France. 

En 2018, les secteurs les plus infestés par l’ambroisie à feuilles d’armoise en France se situent en Région Auvergne Rhône Alpes. Mais la progression a permis de recenser sa présence dans tous les départements du Grand Est, majoritairement en Alsace, Haute-Marne, Meurthe-et-Moselle et Marne. Le département des Vosges est aussi concerné, certes en moindre quantité mais peut-être par manque d’observation ou de remontée d’information à l’observatoire.

Quelle réglementation ?

Le département des Vosges était déjà doté d’un arrêté préfectoral de lutte contre Ambroisia artemisiifolia L depuis septembre 2016. Mais au niveau national, sa prolifération et les conséquences en termes de santé publique ont poussé la Direction Générale de la Santé à faire évoluer la réglementation : Code de la Santé Publique, décret et arrêté du 26 avril 2017 précisant que la lutte vise l’ambroisie à feuilles d’armoise, l’ambroisie trifide et l’ambroisie à épis lisses.

Depuis l’an dernier, un Plan Régional de lutte contre les ambroisies a été instauré dans le Grand Est ; la FREDON a été missionnée pour l’animation et la coordination afin de sensibiliser collectivement tous les acteurs du territoire (collectivités locales, gestionnaires routiers, ferroviaires, agriculteurs…). 

Un nouvel arrêté préfectoral est en vigueur dans les Vosges depuis le 20 juin 2018, il prescrit l’obligation de destruction.

Qui est concerné ?

L’obligation de lutte concerne toutes les surfaces du département qu’elles appartiennent aux particuliers, au domaine public, à des entreprises agricoles, carrières, le long des voies de communication… 

Ainsi les acteurs visés sont les propriétaires, locataires, les exploitants agricoles, les gestionnaires des infrastructures linéaires de transport (Conseil Départemental, sociétés d’autoroute, DIREST, VNF, SNCF réseau…), les gestionnaires de bords de cours d’eau (syndicats de rivière), d’autres gestionnaires de terrains bâtis et non bâtis, maîtres d'ouvrage, maîtres d'œuvre, entrepreneurs de travaux publics et privés…

Je trouve de l’ambroisie : signalez sa présence

Une plateforme de signalement des populations d’ambroisie a été créée pour permettre à chacun de signaler la présence de la plante. Connectez-vous sur  http://www.signalement-ambroisie.fr/ puis renseignez vos coordonnées. Un référent vous recontactera et validera votre signalement. 

Comment et quand agir ?

L’élimination non-chimique est le mode d’action privilégié. Tant que la plante est en phase de croissance et avant la floraison, l’arrachage manuel est très efficace puisqu’il conduit à la suppression de toute la plante ; il est adapté pour de petites surfaces.

Le fauchage est également recommandé jusqu’au moment de la floraison, il est adapté pour les plus grandes surfaces, c’est une technique rapide qui est une alternative à l’utilisation d’un herbicide.

Mais attention, s’il a lieu trop tôt il sera sans doute nécessaire de recommencé car une nouvelle levée pourrait avoir lieu, s’il a lieu au moment de la pollinisation à partir du mois d’août il s’agit de la phase la plus critique en raison du phénomène allergisant et après la grenaison la dissémination est assurée.

Dès que le stade de pollinisation est atteint, il est vivement recommandé de se protéger en portant des gants et masque, d’éliminer les plantes par incinération après les avoir mises en sac et décontaminer le matériel.

En cas de nécessité absolue de lutte chimique, les prescriptions d’utilisation devront obligatoirement être respectées (achat, homologation, distance par rapport aux cours d’eau et captage, public vulnérable…).

Pour les parcelles agricoles, l’arrêté précise que « la destruction de l’ambroisie doit être réalisée par l’exploitant jusqu’en limite de parcelle (y compris talus, fossés, chemins…)  par arrachage, fauche, broyage, travail du sol, désherbage chimique ou toute autre méthode adaptée ».

La gestion de cette plante invasive sera d’autant plus efficace qu’elle débutera précocement. Alors ouvrez l’œil, signalez-la et agissez !