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Piégeage : les agriculteurs se forment auprès des chasseurs

Parmi la dizaine de participants, plusieurs agriculteurs étaient venus se former au piégeage ©Marion Falibois
Parmi la dizaine de participants, plusieurs agriculteurs étaient venus se former au piégeage ©Marion Falibois

A la fin du mois de novembre, deux journées de formation de piégeur agréé ont été délivrées à la Fédération Départementale des Chasseurs des Vosges. Parmi les participants, plusieurs agriculteurs étaient venus se former notamment pour remédier aux problématiques de corvidés.

Au total, une dizaine de participants, agriculteurs et chasseurs se sont retrouvés à Epinal pour assister à cette formation.

Une règlementation dense

Le piégeage ne s’improvise pas, «le piégeage est règlementé au niveau national par différents arrêtés ministériels» rappelle Nicolas Breton, technicien cynégétique en charge des dégâts de gibier à la Fédération des Chasseurs des Vosges. La formation est règlementée elle aussi : «elle doit comporter 16h de formation et se déroule sur deux jours obligatoirement». Le contenu comprend une partie de théorie sur la règlementation nationale et départementale qui s’appliquent tant aux espèces et qu’aux pièges. Elle comprend aussi «une partie connaissance des différentes catégories de pièges et surtout connaissance des espèces. Il faut être en mesure de reconnaître les indices de présence : les traces et les crottes et distinguer les différents dommages» poursuit Nicolas Breton. La formation comprend aussi une part de pratique durant laquelle «on apprend à bien poser les pièges et comment trouver les bonnes positions pour être efficaces». La formation se découpe en quatre demi-journées : une dédiée à la réglementation pure, une dédiée à la reconnaissance des pièges et de leurs catégories ainsi que la reconnaissance des espèces animales, une sur le rappel règlementaire avec manipulation de piège et contrôle de connaissances et la dernière sur de la pratique sur le terrain.  

Nécessité de déclarer les dégâts

Le responsable dégâts de la Fédération des Chasseurs des Vosges souligne une évolution de la pratique du piégeage : «il y a 40-50 ans on piégeait pour la peau et la viande. Il y a 20 ans, les piégeurs piégeaient pour la gestion cynégétique et pour rendre service aux particuliers principalement. Aujourd’hui, les piégeurs n’agissent plus que sur problématiques de dommages, quand un agriculteur voit ses semis attaqués par les corbeaux ou qu’un particulier se fait manger les poules par un renard par exemple». En cas de dommages, les victimes contactent soit la fédération, soit l’association des piégeurs, soit la mairie. Le piégeur intervient alors pour essayer de capturer le ou les animaux qui posent problème à l’instant T et à un endroit précis. «On ne piège plus n’importe où n’importe comment. Les interventions sont vraiment ciblées» rappelle le formateur.

Le nombre de dommages reste conséquent sur le département. Selon Nicolas Breton : «l’ensemble se chiffre à plusieurs millions d’euros. Cela peut aller très vite quand ce sont des voitures ou des habitations qui sont attaquées par les fouines. Pour les semis de maïs des agriculteurs, plusieurs centaines d’hectares ont été détruites par les corbeaux en 2023. Ce n’est pas négligeable».

Pour rendre compte de l’ampleur des dégâts il est important que les victimes les déclarent. «Il est important de déclarer les dégâts car la collecte des dommages permet de classer l’espèce ESOD (espèce susceptible d’occasionner des dommages, le terme «nuisible» n’étant plus utilisé). Sans cela, les espèces ne peuvent être ni piégées ni tirées en régulation». Le classement d’une espèce ESOD est valable pour une durée de trois ans, durée à la fin de laquelle son cas est de nouveau examiné en Préfecture au regard notamment du nombre de dégâts déclarés dans le département. Les données sont ensuite présentées et analysées au cours d’une commission préfectorale tous les trois ans. Cette commission rassemble des représentants du monde de la chasse, du monde agricole et des associations de protection de l’environnement. «Si les dégâts ne sont pas déclarés, il n’y aura pas suffisamment de données pour pouvoir retenir le classement de l’espèce en ESOD même si, dans les faits, les dégâts sont nombreux» souligne Nicolas Breton.

Pour pouvoir rendre compte des dégâts réels causés par la faune sauvage dans le département, agriculteurs comme particuliers sont encouragés à utiliser l’application de déclaration de dégâts de la faune sauvage portée par la Chambre d’Agriculture. «Auparavant la déclaration se faisait sur papier mais cette procédure tend à disparaître et à être remplacée par l’application. Elle est très simple d’utilisation. Cela prend moins de 2 min pour faire une photo des dommages, renseigner le préjudice et la déclaration est faite» souligne Nicolas Breton.

Tous les dégâts ne sont pas indemnisés ou indemnisables. Pour le grand gibier dont les sangliers, il existe une procédure réglementaire d’indemnisation dédiée, mais pour les espèces telles que les corvidés, renards, ou autres, il n’existe pas de fonds national ou départemental prévus pour les dédommager. «La seule solution règlementaire qui existe est donc la régulation de quelques individus pour permettre de diminuer voire de supprimer les dommages» conclut le technicien de la fédération de chasse.