Afin de répondre aux problématiques d’accès à l’azote et de gestion des adventices en agriculture biologique, les équipes d’Arvalis, dans le Tarn, ont testé une nouvelle technique : implanter des couverts permanents en inter-rangs de la culture principale, et les gérer par plusieurs fauches au printemps.
Régis Hélias est ingénieur régional Ouest Occitanie, et animateur de la filière agriculture biologique chez Arvalis. «En agriculture biologique, il existe deux points difficiles à gérer : la disponibilité de l’azote, et la gestion des adventices», explique-t-il, lors d’une rencontre organisée le 25 avril, à la ferme expérimentale d’Arvalis à Saint-Hilaire-en-Woëvre (55).
Alors, sur la station expérimentale de Montans, dans le Tarn, les équipes d’Arvalis ont eu l’idée, en 2016, de tester l’implantation d’un couvert permanent. «C’est une démarche qui intéresse beaucoup d’agriculteurs, mais peu osent s’y risquer, souvent à juste titre d’ailleurs. En effet, il existe peu de références, les moyens de contrôle du couvert peuvent s’avérer insuffisants, ce dernier peut prendre le dessus sur la culture dès la deuxième année», confie Régis Hélias.
Pour surmonter ces écueils, les équipes d’Arvalis décident d’implanter les couverts en inter-rangs de la culture principale, avec un écartement de 30 cm entre deux rangs de couverts. «Nous semons le couvert dans le tournesol. Les années suivantes, nous implantons un blé, entre deux rangs de couverts. Ainsi l’écartement du blé est de 30 cm, comme celui du couvert», détaille-t-il. Lorsque les participants le questionnent sur les problématiques que peut poser une succession de blé, il est formel : en cultures associées, il n’y a pas de contre-indications à implanter blé sur blé.
Deux à trois fauches au printemps
L’idée, derrière l’implantation d’un couvert en inter-rangs, est de mieux le gérer en le fauchant régulièrement. «Au printemps, nous fauchons deux à trois fois les lignes de luzerne, pour préserver les ressources disponibles pour le blé», explique l’ingénieur régional. Après récolte du blé, les équipes d’Arvalis laissent la luzerne se développer, et jouer son rôle de couvert d’interculture. «Nous la laissons également fleurir, ce qui aide à la pérennité du couvert», ajoute-t-il. En novembre, après le semis du blé, la luzerne est broyée.
Si les équipes d’Arvalis dans le Tarn ont choisi la luzerne, ce n’est pas un hasard : il faut une culture à port érigé, qui ne colonise pas le rang de la culture d’intérêt, et qui soit assez dormante pour ne pas entrer en compétition avec la culture de vente, en début de printemps. «Le trèfle blanc colonise les rangs, le sainfoin n’est pas assez dormant, et le trèfle violet n’entre pas du tout en repos végétatif», illustre Régis Hélias.
Des avantages agronomiques
Au niveau agronomique, les différents essais des équipes d’Arvalis sont prometteurs. En effet, si le rendement du premier blé est inférieur au rendement moyen, la seconde année, il est équivalent, et la troisième année, il est supérieur. Preuve que la luzerne joue son rôle d’apport d’azote, notamment par le biais des retours au sol. «Pour l’instant, nous n’avons pas de retour au-delà de trois ans, mais nous espérons pouvoir garder la luzerne en place plus longtemps. L’idée est de la laisser, tant que le couvert est homogène et qu’il n’y a pas d’adventices», explique Régis Hélias. De plus, une fois fauchée, la luzerne constitue un paillage, qui limite l’évaporation, et rend la culture de vente moins sensible au aléas climatiques. Malgré ces avantages agronomiques, la technique n’est pas aisée à mettre en place.
La ferme expérimentale d’Arvalis à Saint-Hilaire-en-Woëvre s’intéresse à cette pratique. Les essais ont commencé en 2022, avec du ray-grass en tant que couvert. Toutefois, la sécheresse de l’année dernière ne lui a pas permis de se développer. Les essais continuent cette année, avec de la luzerne.