Tout comme les arboriculteurs, la profession apicole fait face aux conséquences climatiques de ce printemps au niveau des premières récoltes de miel. Didier Romary, apiculteur vosgien et président de la commission apicole à la FRSEA Grand Est fait le point sur la situation :
« Nous avons fait face à un démarrage assez particulier avec une succession de périodes de froid, de pluie et de chaud qui est venue perturber l’activité apicole. Les fortes et longues périodes de gelées ont causé des coupures de pontes chez les reines, ce qui fait que nous avons récupéré des colonies assez petites, qui auraient pu se développer quand même dans un contexte normal mais, malheureusement, c’était sans compter sur un climat printanier mauvais. Les abeilles se sont retrouvées privées de ressources mellifères sur les mois de mars, avril et mai ; une situation rarissime. Le potentiel floral des arbres a également été fortement impacté par le gel, jugé de nature exceptionnel, laissant envisager une conséquence dans la durée.
Les premiers constats sont catastrophiques, notamment sur le miel de fleurs de printemps et de colza puisque l’on observe à peine 10% de récolte, voire aucune pour certains collègues. Pour le miel d’acacia, le gel a provoqué une rupture de sève sur les acacias avec des bourgeons qui ont gelé, la récolte est donc inexistante cette année. Cette problématique de perte de récoltes, on l’observe sur l’ensemble du territoire Grand Est mais également au niveau national puisqu’aucune région ne tire son épingle du jeu.
Trop tôt pour enclencher les calamités agricoles
Pendant cette période, les apiculteurs étaient inquiets, le téléphone n’a pas arrêté de sonner, avec une question qui revenait souvent : que va-t-on faire si la situation continue ainsi ? Face à cette situation, dans une problématique 100% syndicale, nous nous devions de réagir au sein du département mais aussi de façon coordonnée sur l’ensemble du territoire Grand Est via la commission apicole de la FRSEA. Nous avons préparé un courrier pour alerter les Préfets, représentants de l’Etat, de la situation que subie la profession apicole. Evidemment, face à une telle situation le mot « calamités agricoles » est sur toutes les lèvres. Dans un premier temps, il est encore beaucoup trop tôt pour enclencher les calamités agricoles. Aujourd’hui, même si la moitié de la saison apicole est écoulée tout n’est pas encore perdu, il y a peut-être encore devant nous des miellées qui pourraient nous permettre de limiter la casse.
Mais, au regard des éléments fournis et même si la situation venait à tendre vers une production satisfaisante sur les autres miellées, il est d’ores et déjà évident que la récolte de l’année sera fortement en baisse. Nous tirerons les conclusions à la fin de cette saison et, si la situation venait à confirmer toute l’inquiétude qui nous anime actuellement, nous demanderons à déclencher la procédure de calamités agricoles ».