A l’heure de la flambée des matières premières, beaucoup de questions se posent à la filière viande. Dans un contexte de stabilité de la consommation, la rareté de l’offre a induit une hausse des prix historique depuis 2021. L’enjeu se situe dans le renouvellement des générations d’éleveurs.
A bien des égards, l’économie de la viande vit actuellement « un basculement » dont les effets à moyen terme sont difficilement perceptibles. Le mot a été employé par Xavier Lerond, le président de l’interprofession régionale Interbev Grand Est, lors de l’assemblée générale, tenue à Laxou le 12 mai. Une matinée au cours de laquelle, Annick Jentzer, la responsable de la section « bovins » d’Interbev national, a résumé la conjoncture en quatre points : « une flambée des matières premières exacerbée par le conflit en Ukraine ; une décapitalisation allaitante et laitière qui va se poursuivre ; la hausse des cours des viandes partout en Europe ; et une consommation de viande bovine stable en 2021, avec toujours plus de haché ». L’offre de viande se situe à un niveau historiquement bas sur le plan communautaire. Depuis le début de l’année, les abattages accusent une diminution de 5,3 % en têtes.
« Tout s’affole »
Si les installations s’avèrent relativement stables depuis une décennie, elles ne suffiront pas à compenser les départs en retraite qui se profilent. Sur la base du croisement de données de l’Idele et de la Msa, si les évolutions démographiques actuelles se poursuivent, la France pourrait perdre un million de vaches supplémentaires d’ici 2030. Le défi se situe donc dans la préservation d’un potentiel de production et le renouvellement des générations, argumente Annick Jentzer. Des propos qui animent l’assemblée, dans un contexte où la contractualisation commençait à s’imposer, mais révèle ses limites. « Tout s’affole, les contrats ne sont pas respectés » observe Xavier Lerond. « L’enjeu est de répercuter les prix », répond l’intervenante.
La revalorisation du haché
Face à l’adversité, la filière affiche le double objectif de « créer de la valeur, en répondant mieux aux attentes des consommateurs ; et assurer une rémunération correcte de chaque acteur ». Son plan stratégique repose sur le développement des signes de qualité : Label Rouge, Igp, Aop et bio. Des moyens importants ont été consentis pour la promotion du Label Rouge, notamment un appui terrain fort. En 2021, la priorité a été donnée à la conversion des rayons traditionnels de la grande distribution (Gms) et des artisans bouchers (BA). Et une expérimentation du steak haché et des Uvci (Unités de Vente Consommateurs Industrielles) en libre-service a été lancée.
Le bilan hexagonal 2021 fait état de la présence du Label Rouge à hauteur de 3,3 % de l’offre Gms et BA, contre 2,10 % en 2017 ; pour 16.600 éleveurs habilités toutes races. « La dynamique sur les volumes ressort à + 17 % en 2021/2020, avec 25.000 tonnes commercialisées et 78.500 bovins labellisés », synthétise Annick Jentzer. Une nouvelle campagne de promotion a démarré sur 2022.