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La volaille label rouge fait de la résistance

©Photo DR
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Après avoir traversé une période difficile, les producteurs de volailles regagnent pas à pas quelques parts de marché. Cependant, ni les volumes ni les marges ne sont encore au rendez-vous. 

« On résiste dans un marché qui n’est pas facile », a affirmé Bernard Tauzia, éleveur de volailles et président du Syndicat national des labels avicoles de France fin septembre lors d’une conférence de presse à Paris. Les chiffres de l’année 2023 et 2024 qu’il a dévoilés sont pourtant encourageants, surtout après trois années de baisse pendant lesquelles la grippe aviaire a impacté les volumes. L’an dernier 91 millions de volailles ont été labellisées, parmi lesquelles 84 millions de poulets fermiers et 3,5 millions de pintades. Entre le 1er janvier et le 1er août 2024, ce sont déjà 63 millions de volailles qui ont été estampillées sous signe officiel de qualité, soit plus que l’an dernier à la même époque. 

Mises en place prudentes

La progression est également significative pour les œufs label rouge 440 millions d’œufs sur l’ensemble de l’année 2023 et plus de 247 millions sur le seul 1er trimestre 2024. « Le marché est dynamique et la consommation est en hausse de +1,4 % ». Mais ces chiffres positifs sont un peu en trompe-l’œil, subodore le président du Synalaf, car « depuis trois ans, nous avons perdu près de 15 % de volumes et le nombre de mises en place pour nos volailles festives depuis le début de l’année est en repli de -7 % au global par rapport à 2023, après un recul de 5 % par rapport à 2022 », a-t-il expliqué. Au point que les aviculteurs pourraient avoir un peu de mal à répondre à la demande, concède-t-il. Plus concrètement, 2,2 millions de volailles fermières ont été mise en place dès cet été pour couvrir les besoins à Noël et au Premier de l’an dont 1,5 millions de chapons, 290 000 chapons de pintades et 210 000 dindes fermières. « Les mises en place restent prudentes », a confirmé Benoît Drouin, éleveur de volailles dans la Sarthe et vice-président du Synalaf.

Mini-chapons

La pierre d’achoppement vient du prix affiché en rayon. La volaille label a vu ses coûts de production baisser, notamment parce que le prix de l’aliment (qui constitue les deux-tiers du coût de production) a diminué. Or dans les rayons, le prix de la volaille label est aussi cher qu’avant. En cause : les coefficients multiplicateurs pratiqués par les grandes surfaces. « D’une enseigne à l’autre le coefficient de marge observé va de 1,2 à 2,2. Ces coefficients ne sont pas cohérents et cela pose problème (...) on observe des prix pouvant aller de 15 à 35 € le kilogramme de filet de poulet», a indiqué Bernard Tauzia. Tant et si bien que le Synalaf a écrit à l’ensemble des enseignes de la grande distribution pour leur demander plus de vigilance. Car 76,5 % des achats de poulet prêt à cuire (Poulet PAC) et 56,9 % des achats de découpe de poulets Label rouge s’effectuent en GMS (hyper et supermarché). Les éleveurs poursuivent néanmoins leurs efforts et proposent même des mini-chapons (2,5 kg) qui pèsent au final 1kg de moins que le chapon normal (3,5 kg). Enfin, les aviculteurs souhaiteraient bénéficier d’un meilleur soutien financier de la part des pouvoirs publics pour promouvoir leurs produits. Si le Synalaf débourse entre 1 et 1,5 million d’euros par an pour l’autopromotion, « le ministère de l’Agriculture ne donne rien, quand nos voisins italiens reçoivent 20 M€ tous les ans », a rapporté Benoit Drouin.

Canards : la deuxième campagne de vaccination a été lancée

Ce ne sont pas moins de 62 millions de canards qui ont commencé à être vaccinés en France depuis le 1er octobre dans 2500 élevages pour lutter contre l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP). Cette stratégie se révèle payante puisque seulement dix cas de foyers de grippe aviaires (en élevage) avaient été détectés pendant la campagne 2023/2024 contre 402 la campagne précédente. Ce qui avait conduit à cette époque à l’abattage de plus de 10 millions de volailles. Une étude de la chaire de biosécurité et de santé aviaires de l’École nationale vétérinaire de Toulouse explique que sans ces vaccins, la France aurait pu connaître 701 cas d’IAHP en 2023/2024. L’actuelle campagne vaccinale, dont le coût s’élève à environ 100 millions d’euros, sera prise en charge financièrement par l’État à hauteur de 70 % jusqu’à la fin de l’année. La vaccination est obligatoire pour les élevages de plus de 250 canards dont les produits (viande et foie gras) sont destinés à la commercialisation.