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Nouvelle vague dans le curage des bâtiments

Les tapis placés au milieu des allées du bâtiment, et la pente de 2% favorisent l’écoulement des liquides, photo Marion Falibois.
Les tapis placés au milieu des allées du bâtiment, et la pente de 2% favorisent l’écoulement des liquides, photo Marion Falibois.

Le Gaec de la Mocotère est une exploitation laitière et familiale installée dans la plaine des Vosges, à Aureil-Maison. Depuis 1962, la famille Limaux élève des Montbéliardes. De génération en génération, l’exploitation s’est développée. Le nombre de vaches a augmenté et de nouveaux bâtiments et équipements ont vu le jour.

Construit en 2005, le bâtiment agricole a été entièrement pensé pour participer au bien-être animal des 100  vaches laitières qu’il accueille, tout en simplifiant la tâche des éleveurs qui s’en occupent.

Allier confort et simplicité d’utilisation

«Quand nous avons imaginé le bâtiment en 2004, avec mon frère Alain et notre ancienne associée Françoise, nous avons posé, sur le papier, ce que nous voulions pour nos vaches. Nous souhaitions avant tout un bâtiment confortable, avec des logettes et beaucoup de paille pour pouvoir récupérer du fumier. Notre volonté était aussi de disposer d’un bâtiment qui n’a pas besoin d’être curé avec un tracteur et un rabot», explique Philippe Limaux. Pour répondre à cette double exigence, les exploitants du Gaec de la Mocotère, situé à Aureil-Maison, se sont tournés vers la solution d’hydrocurage. Pourtant, aujourd’hui encore, ce système de curage reste peu répandu. «Il est beaucoup plus commun dans l’Ouest», fait remarquer l’éleveur. C’est pour cela qu’une fois leur choix arrêté, les exploitants sont entrés en contact avec un commercial spécialisé venu de l’Ouest. Ce ne sera pourtant pas lui qui équipera le bâtiment car les prix demandés étaient trop élevés. «Du coup, nous avons tout construit nous-mêmes avec l’aide de notre fournisseur de matériel vosgien. Au total, l’installation nous a coûté entre 45 et 50.000 € à l’époque. Aujourd’hui, elle reviendrait certainement bien plus cher en matériel», explique l’éleveur.

L’installation et son fonctionnement

De part et d’autre du bâtiment, deux citernes de 18 m3 retiennent l’eau. «Des citernes à aliment renforcées avec un arceau pour qu’elles supportent le poids du liquide. Le tout est retenu par des vannes de citerne à lisier de 30  cm de diamètre, motorisées avec des vérins pneumatiques. Une fois les vannes ouvertes, l’eau passe dans les tuyaux et les 18 m3 de la citerne sont envoyés dans le bâtiment. L’opération dure 25  secondes», explique Philippe Limaux. De cette manière, une puissante vague est créée. Elle traverse le bâtiment et emporte avec elle tout le fumier qui se trouvait dans les allées. Ces allées sont au nombre de quatre  : deux externes, deux internes. Il faut compter deux remplissages de citerne pour curer complètement le bâtiment. Au milieu de ces allées, les éleveurs ont installé des tapis  : «d’abord pour le confort, mais aussi parce que les tapis sont un peu surélevés, ce qui aide les liquides à s’écouler». Le système est contrôlé depuis un programmateur dans lequel les éleveurs entrent les heures de remplissage des citernes ; il est donc possible de l’automatiser. Les associés du Gaec de la Mocotère préfèrent cependant l’activation manuelle. «Nous voulons être présents. Et puis, il y a un peu de préparation quand même. Nous passons pour enlever le fumier des logettes et nous libérons une largeur de fourche pour que l’eau puisse s’écouler sans que le fumier ne fasse barrage». Une fois le lâcher d’eau effectué, la vague passe sous le fumier, le soulève et l’emporte dans le premier bassin de décantation. «Le système est équipé de deux décanteurs et d’une lagune». Dans le premier décanteur, sont piégés la paille et environ 80  % de la bouse. Dans le deuxième décanteur  : «nous récupérons un jus très chargé en bouses qui se compose de trois niveaux. Le tiers du fond recueille ce qu’il reste de plus lourd. Le tiers du milieu est constitué du liquide le plus propre et au-dessus, demeure de petits éléments fibreux légers». C’est le liquide du milieu, contenu par le second décanteur, qui repart ensuite alimenter la lagune en contre-bas. Cette lagune recueille aussi les eaux de plateforme et sert de réserve pour alimenter les citernes. Le système d’hydrocurage fonctionne ainsi en circuit fermé.

Placée en contrebas du bâtiment, la lagune alimente les citernes, photo Marion Falibois.
Placée en contrebas du bâtiment, la lagune alimente les citernes, photo Marion Falibois.