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Nouvelle année et nouvelles interrogations pour la bio

Collecte de lait photo : DR
Collecte de lait photo : DR

Soutenue par les aides mises en place par l’État, la conversion des exploitations à l’agriculture biologique ne cesse de croître en France. Une croissance encourageante pour la filière mais dont la rapidité soulève aussi son lot d’interrogations. Multiplication des cahiers des charges, manque de débouchés pour la production et objectifs trop ambitieux, retour sur l’actualité de la filière avec Thierry Mourot, agriculteur bio et président de la commission bio de la FRSEA Grand Est, de la FDSEA des Vosges et vice-président de la Chambre d’Agriculture des Vosges.

Ces dernières décennies, l’agriculture biologique s’est fortement développée. Le nombre d’exploitations bio a connu une croissance exponentielle, tant au niveau des surfaces qu’au niveau du nombre de producteurs.

Qu’en est-il de l’évolution de l’agriculture biologique aujourd’hui ?

Thierry Mourot : "Quand je suis passé en bio il y a 20 ans on était 40 exploitations installées sur le département. Nous sommes maintenant presque 400. En termes de surface, on atteint aujourd’hui 12% des surfaces agricoles vosgiennes contre 3 ou 4% à l’époque.

Au niveau national, la croissance n’est pas tout à fait aussi importante mais elle reste bien présente. Avec la succession des plans ambition et la mise en place d’aides à l’accompagnement à la conversion, la conversion en bio a été boostée sur l’ensemble du territoire.

Quelles sont les conséquences d’une telle croissance ?

T.M. : À chaque nouvelle vague de conversion, ce sont de nouvelles vagues de produits bio qui se sont retrouvés sur le marché. S’en sont suivies des complications pour écouler les produits et pour que la filière bio se structure dans son ensemble. Moi-même j’ai connu ça à l’époque. Je suis passé en bio dans les années 2000, en 2005-2006 déjà, on avait du lait bio qui n’était pas valorisé sur le département. Il y a quand même une grande différence par rapport à la problématique que rencontrent aujourd’hui 12 producteurs laitiers Vosgiens. À l’époque, la production laitière bio s’adressait à un marché de niche. Il ne fallait pas grand-chose pour déstabiliser l’équilibre entre l’offre et la demande. Aujourd’hui, la demande a largement augmenté et les volumes nécessaires pour la contenter sont bien plus conséquents, donc l’enjeu est différent. 

Pouvez-vous nous en dire plus sur cette problématique que rencontre certains producteurs laitiers bio du département ?

T.M. : Sur le département, aujourd’hui, 12 producteurs laitiers conventionnés bio ne sont plus collectés en bio. En raison d’une saturation du marché, ils sont collectés en conventionnel et donc payés comme tels. Au total, ce sont plusieurs millions de litres de lait sur le département qui passent à la trappe. 

Ce manque de débouchés concerne-t-il uniquement le lait ?

T.M. : Toutes les productions sont concernées par un problème d’écoulement de la marchandise en bio. Pour le lait, la situation est assez exceptionnelle dans les Vosges puisqu’on est le seul département en France où des producteurs bio sont payés en conventionnel. Mais, en dehors du département, le constat est le même. Même si les producteurs restent payés en bio, entre 10 et 20% du lait produit est déclassé. C’est aussi le cas pour les œufs et une partie de la production de viande."