Comme à chaque session budgétaire de la Chambre d’Agriculture, Rémi Georgel, conseiller de la Chambre d’agriculture a présenté des éléments de contexte.
A cette occasion, l’accent a été mis sur les estimations de revenus 2023 pour les principales productions du département.
Une année atypique
Dans son introduction, le conseiller a rappelé le contexte climatique particulier de 2023. Les fortes précipitations des mois d'octobre et novembre ont eu un impact sur les cultures d’automne : «aujourd’hui, 90 à 95% des cultures d’automne ont été implantées mais nous constatons de fortes problématiques de salissement et de désherbage par rapport à la non possibilité d’accéder aux parcelles». Autre conséquence du manque d’accessibilité des parcelles : «il y a derrière un risque de retournement au printemps dans des situations qui risquent d’être très compliquées principalement en orge».
Pour les exploitations d’élevage, l’année fourragère ayant été favorable, elle a permis la reconstitution des stocks. Dans ces simulations établies par réseaux d’élevage, ont été pris en compte «les effets du changement climatique et de la forte inflation des charges ainsi que les ajustements techniques réalisés dans les exploitations, notamment la réduction de la fertilisation minérale et la limitation de l’affouragement en début d’été».
Quant aux hypothèses de prix utilisées : «sur les céréales, nous sommes entre -25% et -30% par rapport aux prix observés en 2022». Pour l’année en cours, les prix de la viande et du lait se maintiennent «voire sont en légère hausse par rapport à l’an dernier». Au sujet des charges « le poste carburant est en légère baisse sur 2023 mais sur les autres postes nous constatons des hausses importantes» environ +8% sur la mécanisation, +10% pour les correcteurs azotés bien qu’il soit difficile d’avoir de la visibilité aujourd’hui sur leur coût. Pour l’engrais azoté, la hausse est de +56%. «Se répercute là de plein fouet la hausse de 2022 car la plupart des exploitants aujourd’hui ont travaillé en 2023 avec des engrais achetés chers en 2022».
Trois principales filières d’élevage
Les charges opérationnelles et les charges de structure «sont en hausse dans tous les systèmes ce qui fait que l’EBE (excédent brut d’exploitation) est lui en baisse. L’EBE correspond à ce qu’il reste pour vivre, rembourser les emprunts et avoir une marge de sécurité, c’est quelque part le juge de paix des exploitations. Les EBE sont en légère baisse (-4%) par rapport à 2022 sur les systèmes lait spécialisés mais en forte baisse (-22%) sur les systèmes incluant des céréales dont les systèmes de polyculture élevage qui représentent une part importante de nos systèmes vosgiens».
Pour les systèmes bovins viande les conclusions sont similaires : «les produits animaux sont en légère hausse +3% à 6%. Les produits cultures sont en forte baisse (-30% à -40%)». A cela s’ajoute une conséquence «négative de la PAC sur les systèmes naisseurs en raison du plafond au 120 UGB et un peu plus favorable au système naisseurs-engraisseurs puisque les mâles sont éligibles à l’aide à l’UGB». L’EBE est donc en hausse (+20%) pour les systèmes herbagers extensifs et en forte baisse (-47%) pour les systèmes polyculture élevage.
Les systèmes ovins viande subissent aussi «les hausses des charges d’alimentation malgré une baisse des quantités consommées. Le prix de l’agneau lui s’est maintenu et a permis d’absorber une partie de ces charges mais, comme pour les autres systèmes, les exploitations avec une part de cultures importante voient leurs revenus fortement baisser». Pour les producteurs ovins, l’EBE est donc en progression de +3% pour les systèmes herbagers extensifs et en baisse de –59% pour les polyculteurs éleveurs.