Il est fini le temps où les négociations étaient faites sans transparence comme cela se faisait auparavant. Aujourd’hui, le prix doit être fixé en fonction des charges des producteurs. EGAlim, en plus de compenser les coûts de production, doit aussi permettre aux éleveurs de vivre du fruit de leur travail.
En cette fin d’année, le leader mondial laitier Lactalis, a annoncé un prix de base du lait en dessous des 400 € la tonne. C’est inacceptable. Une annonce d’autant plus incompréhensible que sur l’année 2023, Lactalis affichait déjà un écart de prix important avec ses concurrents. Avec une moyenne annuelle du prix de base à 432 €, Lactalis souhaite poursuivre sa tendance baissière alors que, dans un même temps, les autres entreprises jouent le jeu de la juste rémunération des producteurs avec jusqu’à 476 € en prix de base pour certaines. Une différence de prix d’autant plus injustifiée quand on voit que ces entreprises proposent des produits similaires…
Cette différence de prix de 44€ creuse encore davantage les inégalités de compétitivité entre les exploitations d’un même territoire. Cet écart déjà important sur l’année écoulée va continuer de se creuser en 2024. L’impact d’une telle différence de prix sur la trésorerie des exploitations est déjà colossal mais l’annonce d’une baisse supplémentaire pour l’année à venir pourrait être fatal. Comment attirer des jeunes dans le métier quand, malgré les avancées promises par la loi EGAlim, des entreprises de cette ampleur persistent à vouloir rogner encore les maigres marges des producteurs ? Comment convaincre les éleveurs de ne pas se détourner de la production laitière quand des entreprises le numéro un mondial annonce une nouvelle baisse ?
Pour les producteurs c’est inacceptable. Nous, nous avons toujours répondus présents. Nous nous sommes adaptés aux demandes du marché et aux attentes des consommateurs (bio, non OGM, ferme laitière bas carbone etc.). Notre production est soumise à une règlementation parmi les plus stricte. La qualité des produits laitiers Français repose sur les efforts de ses producteurs. Des efforts qui ne sont toujours pas pris en compte.
La qualité se paye et si nous n’y prenons pas garde, c’est notre souveraineté alimentaire qui sera mise à mal. Car c’est un danger aussi pour la filière laitière qui a besoin d’approvisionner ses usines avec du lait français dont les normes et la qualité sont supérieures à celles des pays étrangers.
Nous nous tenons prêts pour retourner dans les GMS et devant la laiterie pour voir si les charges des exploitations se retrouvent bien dans les prix présentés dans les rayons.