L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a publié le 3 juillet les comptes provisoires de l’agriculture pour 2023. Les résultats restent contrastés selon les productions. Globalement, les agriculteurs français ont vu leurs revenus baisser en 2023.
« En 2023, d’après les estimations du compte provisoire de l’agriculture, la production agricole en valeur se replierait de 1,5 %, dans un contexte mondial de retombée des prix des céréales et des matières premières après deux années de fortes hausses », indique l’Insee dans sa note de conjoncture. En clair, l’embellie observée en 2021 (+8,2 %) et 2022 (+19,8 %) et qui pour beaucoup n’était qu’un rattrapage et un juste retour des choses après des années de disette financière, serait terminée. L’établissement public avait déjà annoncé fin décembre 2023 que la valeur ajoutée dégagée par chaque actif agricole reculerait de 9 % en valeur réelle. Elle recule en fait de 9,6 % selon les résultats publiés le 3 juillet.
Guerre en Ukraine
Ce sont les productions végétales, en particulier les céréaliers qui pâtissent le plus d’une conjoncture défavorable : Si la production est en hausse de +6,3 %, elle baisse pourtant en valeur de -5,8 % du fait d’un recul des prix (-11,4 %), analysent les statisticiens. La hausse des productions en volume serait particulièrement marquée pour les protéagineux (+22,4 %), les fourrages (+24,7 %) et les céréales (+7,2 %) « sous l’effet de conditions météorologiques moins exceptionnellement chaudes que celles de l’été 2022 », précise l’Insee. Cependant, les bonnes récoltes au plan mondial ont tiré les prix à la baisse, en dépit de la persistance de la guerre en Ukraine. « En France, les prix des céréales diminueraient de 30,0 % en 2023. Ils avaient augmenté de 23,3 % en 2021, puis de 26,9 % en 2022 », rappelle la note de conjoncture. La production fruitière progresserait en volume de 6,9 % en raison des bonnes récoltes de pommes (+8,1 %), de fraises (+3,2 %) et surtout des prunes (+123,1 %). Quant à la production viticole, elle dépasserait de « 2,9 % son volume de 2022, qui était déjà le plus élevé depuis 2018. Les vendanges s’accroîtraient de 2,2 % pour les vins d’appellation d’origine protégée (AOP) et de 5,4 % pour les vins courants », note l’Insee.
Baisse des volumes
L’état des lieux est quasiment identique pour les productions animales qui reculeraient globalement en volume de -1,8 %. Les statisticiens remarquent une érosion lente et continue des cheptels que ce soit en viande bovine (« depuis 2016 ») ou en viande porcine : « depuis une vingtaine d’années » indiquent-ils. Concrètement, la production de bovins (lait et viande) reculerait en 2023 de 1,9 %, celle des veaux de -8,3 % et celle des porcs de -4,0 %. Après une baisse de 14,3 % en 2022, consécutive à une énième crise de grippe aviaire, la production avicole a repris quelques couleurs l’an dernier avec une augmentation en volume de +3,4 %. Parce que l’offre a été limitée, les prix à la production ont par conséquent augmenté (+6,8 %) compensant assez largement la baisse des volumes. Le prix des porcs aurait crû de +21 % sur l’année 2023, en raison notamment d’un recul des abattages (-7,2 %) au plan européen. Celui des volailles a gagné +5,2 % (+70,0 en 2022) et celui des œufs s’est renforcé (+8,3 %) sous l’effet d’une forte demande. Au final, le prix des productions animales augmenterait de +4,9 %, toutes catégories confondues.
Après une forte hausse en 2022 (+20,4 %) les consommations intermédiaires de la branche agricole ont ralenti leur progression (+1,3 %) l’an dernier. Enfin, les subventions d’exploitation s’élèveraient à 8,5 milliards d’euros. Leur montant diminuerait de 50 millions d’euros par rapport à 2022, principalement sous l’effet de l’arrêt de l’aide exceptionnelle accordée au début de la guerre en Ukraine.
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