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Hydromulching : « Enherber pour moins désherber »

Durant toute la durée de la démonstration, les élèves ont été sollicités pour réaliser différentes missions. © Photo Mélanie Becker
Durant toute la durée de la démonstration, les élèves ont été sollicités pour réaliser différentes missions. © Photo Mélanie Becker

En septembre, les élèves de l’École d’Horticulture et des Paysages de Roville-aux-Chênes ont pu participer à une démonstration active d’hydromulching réalisée par la société Deevert. Un moyen d’illustrer une technique présentée en cours.

Le temps d’une journée, environ 200 élèves issus de différentes formations telles que le CAPa Jardiniers paysagiste, les Bacs professionnels Aménagements Paysagers ainsi que Gestion des Milieux Naturels et de la Faune, le Bac technologique Sciences et Technologies de l’Agronomie et du Vivant ou encore des BTS ont pu découvrir la technique de l’hydromulching.

L’hydromulching c’est quoi ?

Laurent Jacquot, professeur d’agroéquipement explique : « hydromulching signifie projection avec de l’eau. C’est une technique d’engazonnement réalisée grâce à une machine qui permet de faire un mélange de différents éléments. Celui-ci va ensuite être projeté avec de l’eau sur la surface à ensemencer. » Le développement de cette technique intervient, suite aux mesures zéro-phyto de la Loi Labbé, comme alternative à l’utilisation de produits phytosanitaires de synthèse. La technique la plus probante est alors l’engazonnement des chemins mais cela n’est pas évident car souvent les sols sont pauvres. Il n’est donc pas simple de faire pousser un gazon classique.

« L’hydromulching est, elle, une technique qui permet d’engazonner sur sol pauvre sans matière organique, sans terre, sans compost et avec gazon résistant à la sècheresse» explique Benjamin Bolmont, technico-commercial chez Deevert. « Ceci est permis grâce aux avancées génétiques et la mise sur le marché de gazons adaptés aux sols stabilisés nécessitant moins d’entretien. » ajoute-t-il. En milieu urbain, elle contribue à l’amélioration de la qualité de vie en favorisant la présence végétale et en limitant la présence d’ilots de chaleur.

Selon l’entreprise Deevert, filiale de la coopérative Terre d’Horizon spécialisée dans la fourniture et l’entretien des espaces verts, fondée il y a 35 ans, « enherber pour moins désherber n’est pas un paradoxe, cela peut répondre aux besoins de nombreux espaces publiques ». Depuis son lancement de l’hydromulching, elle a déjà réalisé des chantiers dans les Vosges, la Haute Saône, la Meurthe et Moselle et l’Alsace. Au commencement, il y a 6 ans, environ 2 chantiers par an étaient réalisés mais depuis 2 ans l’activité s’est développée pour arriver à 50 chantiers par an. Pour mener à bien ses projets, la société compte aujourd’hui 6 employés, tous issus de l’EHP de Roville. 3 technico-commerciaux sillonnent les routes pour échanger avec les professionnels et 3 conseillers vendeurs tiennent le magasin de Remiremont, ils y accueillent particuliers et professionnels et s’occupent du showroom.

L’hydromulching est un mélange de fertilisant, de fixateur, de semences et d’un mélange de mulch et de fibres de cellulose. © Photo Mélanie Becker
L’hydromulching est un mélange de fertilisant, de fixateur, de semences et d’un mélange de mulch et de fibres de cellulose. © Photo Mélanie Becker

Pourquoi présenter cette technique aux élèves ?

C’est à l’initiative d’Alexandre Meiller, professeur d’aménagement et responsable du parc de l’école, que la société Deevert, partenaire et fournisseur habituel de l’école, est venue présenter l’hydromulching. L’enseignant a organisé cette journée pour montrer concrètement aux élèves des notions abordées de manière théorique en cours. Il explique « En classe, on peut faire beaucoup de choses mais à un moment il faut passer sur le terrain. Les images c’est beau mais la réalité c’est mieux ! » 

Son collègue, Laurent Jacquot, complète « notre but est de montrer l’exemple. Pour cela nous voulions montrer concrètement aux élèves ce qu’ils avaient vu en cours pour leur apporter une ouverture d’esprit grâce à l’intervention d’une entreprise locale basée à Remiremont. » De plus, l’ensemble des produits utilisés sont faits en France. La ouate de cellulose, élément principal d’un engazonnement, par exemple, est une pâte à papier qui est fabriquée à Epinal. Les élèves peuvent donc voir qu’il est possible de travailler de manière locale. 

Classe par classe, pas moins de 200 élèves ont pu assister à la démonstration. © Photo Mélanie Becker
Classe par classe, pas moins de 200 élèves ont pu assister à la démonstration. © Photo Mélanie Becker

Au-delà de l’aspect pédagogique, l’établissement souhaitait minimiser les interventions sur les voies d’accès au verger. Sachant qu’il y a quelques années encore, elles étaient désherbées, il n’y avait pas un brin d’herbe sur les voies de circulation. Laurent Jacquot témoigne : « Actuellement, la gestion de ces chemins n’est plus du tout la même, dorénavant nous voulons les reverdir. C’est pourquoi nous souhaitions les engazonner. »

Un produit simple d’application et d’entretien

Durant cette démonstration active, les élèves ont participé à la préparation d’une émulsion composée : d’eau, de semences, d’hydro-mulch, de fertilisants et d’un fixateur, puis à sa projection.

De même, lorsque l’entreprise est contactée pour un chantier d’hydromulching, les clients louent le matériel et achètent les produits. Puis, à l’arrivée de la machine sur le chantier, une formation de 2h est donnée aux personnes y travaillant afin de leur expliquer comment faire le mélange, l’appliquer et nettoyer la machine. Cela leur permet d’être autonomes jusqu’à la fin de leur chantier. Pour mener à bien celui-ci, Benjamin Bolmont, explique qu’il « faut 30 min pour préparer une cuve de 1200L permettant d’engazonner une surface de 220m2 en 10-15min et ce pour un coût de 2-3€/m2. » Sur un chantier d’une journée, comprenant une équipe de 4 à 5 personnes, il est donc possible de couvrir 1500m2.

3 semaines à 1 mois après le chantier le gazon commence à verdir. Par la suite, un des seuls entretiens est de tondre le terrain, au maximum 6 fois dans l’année.  A cela la société conseille d’ajouter un apport d’engrais organique naturel 100% végétal au printemps pour que le gazon soit bien vert et dense en début d’été.

Retour d’élèves

Parmi les élèves présents, Paul Grandemougin, élève en 2ème année de BTS Aménagement paysager, avait entendu que, dans son village, cette technique allait être utilisée dans le cimetière mais il ne savait pas vraiment en quoi cela allait consister. Grâce à cette journée organisée par son école, il sait ce qui va se passer et en sait plus sur l’hydromulching : « j’ai pu voir ce que c’était concrètement, c’était vraiment enrichissant de découvrir la composition. Avant, je ne connaissais pas du tout la cellulose. » explique Paul. Tout comme lui, sa camarade de classe, Thérèse Burg, expliquait qu’elle non plus ne connaissait pas du tout la technique. Cette journée lui a permis « d’enrichir ses connaissances dans le métier et d’acquérir un nouveau bagage. » explique-t-elle.

Kévin Bertin et Clovis Brunois sont élèves en terminale Bac pro Aménagements Paysagers. Clovis, tout comme ces camarades de BTS, n’avait jamais vu ce type d’engazonnement. Il témoigne : « je trouve ça intéressant de se servir d’une machine et de produits dont je n’avais jamais entendu parler pour réaliser l’engazonnement. » Kévin, lui, connaissait la technique mais ne l’avait pas utilisée sur la même surface « Avant j’avais fait cela dans un cimetière où le sol était compliqué et le temps mauvais. Ici les conditions sont favorables : nous avons le beau temps, un sol plat et un terrain assez ouvert donc facilement accessible. » explique-t-il.

L’évolution des voies suite à cette journée pourra être observée par les élèves tout au long de l’année. Le grand public lui aussi aura l’occasion de découvrir ces nouvelles allées lors des 20 ans du verger conservatoire du 12 au 13 octobre prochains.