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Pousse de l'herbe, une campagne surprenante

Cette année, les rendements de premières coupes varient entre 100 et 120 % de la référence 1990 – 2020. Photo : Arnaud Jouart/CRAGE
Cette année, les rendements de premières coupes varient entre 100 et 120 % de la référence 1990 – 2020. Photo : Arnaud Jouart/CRAGE

La pousse de l’herbe a peiné à démarrer en début de printemps, elle affichait entre deux semaines et un mois de retard selon les territoires. Les premières coupes en foin et ensilage ont, cependant, été à la hauteur, à la fois en quantité et qualité. 

En 2021, la pousse de l’herbe aura réservé des surprises. Elle a démarré lentement et tardivement, avec des températures fraîches et des précipitations rares au mois de mars. L’accélération de la pousse qui se dessinait fin mars a été coupée nette par les gelées de début avril. Ainsi, au mois de mai, la pousse de l’herbe présentait un retard d’un mois par rapport à la référence 2018 – 2020.

Les premières coupes ont donc été plus tardives qu’à l’accoutumée : autour de fin mai début juin pour la majorité des territoires lorrains. « La coupe a eu lieu à un stade assez avancé des graminées. Toutefois, la qualité des foins semble bonne. Les graminées n’ayant pas explosées au printemps, les légumineuses ont pu trouver leur place. Elles sont présentes en bonne proportion dans les foins, ce qui compense, en termes de qualité, la récolte tardive », commente Amélie Boulanger, conseillère herbe et fourrages à la Chambre d’Agriculture de Meurthe-et-Moselle. 

Malgré le mois de retard qu’ont accusé les premières coupes, les rendements sont au rendez-vous, grâce notamment au retour des pluies au mois de mai. Un soulagement, après trois années marquées par les sécheresses. 

Au 15 juillet, des foins restaient à faire

Toutefois, cette bonne nouvelle est à relativiser, car dans plusieurs secteurs des Vosges, « de nombreuses parcelles ne sont pas encore fauchées [au 15 juillet] », indique un conseiller de la Chambre d’agriculture du département. En effet, les pluies continues depuis le milieu du mois de juin n’ont pas permis de sortir les faucheuses, dans des secteurs où le mois de retard de la pousse de l’herbe n’avait pas permis de faucher fin mai. « Aujourd’hui, dans ces secteurs, la situation est critique. L’herbe est couchée et donc difficile à récolter, les chantiers de fenaison pourraient concurrences ceux des moissons, les plantes sont à un stade très avancé, la qualité du foin sera forcément impactée », estimait Arnaud Jouart, animateur du groupe Herbe&Fourrages Grand Est.

Toujours dans les Vosges, de violents orages de grêle ont touché le secteur de Plombières les Bains, Remiremont et Bruyères. Les dégâts sont importants sur les prairies, qui ont été couchées, mais également sur une autre source de fourrage, le maïs, avec des parcelles entièrement détruites.

Que nous réserve la suite de l’été ? Il est difficile de le prévoir tant le mois de juillet nous a surpris. Ce que l’on sait : au 15 juillet, la croissance de l’herbe se maintenait entre 25 à 50 kg MS/ha/jour selon les secteurs, fait assez rare pour un mois de juillet dans la région. « L’herbe repousse bien, et à partir du 19 juillet, la chaleur devrait revenir. On peut encore espérer deux semaines de pousse régulière après cette date, même s’il ne pleut plus », estime Arnaud Jouart.

Une deuxième coupe pourrait alors être envisagée dans l’été, à partir de 20 cm et lorsque les parcelles auront réessuyé. Il faudra également être vigilant à la portance des sols, en particulier dans des secteurs comme le Pays-Haut, avec des cumuls de pluie allant de 120 à 160 mm entre le 12 et le 16 juillet. « Dans ces conditions, le risque est de forcer les fauches à la faveur du créneau météo et d’engendrer du tassement qui serait préjudiciable pour les légumineuses, surtout en secteur argileux », anticipe Arnaud Jouart.