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Dire stop au déclin de l’agriculture française

Philippe Clément, président de la FDSEA 88 ©Marion Falibois
Philippe Clément, président de la FDSEA 88 ©Marion Falibois

Le 2 novembre, la FDSEA et les JA des Vosges font appel à tous les agriculteurs du département pour manifester, en tracteur, devant la préfecture d’Epinal. Philippe Clément, président de la FDSEA s’exprime sur le sujet.

Dans quel cadre s’inscrit cet appel à manifestation ?

Philippe Clément : "Cet appel à manifestation résulte d’une réflexion que nous avons eu au conseil d’administration de la FDSEA avec les membres des JA qui étaient présents. Aujourd’hui, la hausse des charges est en train d’exploser dans toutes les exploitations ce qui entraîne une baisse de revenus.

Quel est l’élément déclencheur de cette manifestation ?

P.C. : Il y a bien sûr le sujet de la détaxation du GNR qui est le facteur déclencheur. Pour la justifier, l’argument de la planification écologique a été avancé. Nous sommes pour la planification écologique, à condition qu’elle s’accompagne de moyens. Que la décarbonation de l’agriculture passe par la détaxation du GNR, soit, mais nous n’avons rien en face pour remplacer l’usage du GNR. Et ce n’est pas avec un tracteur électrique qui a une autonomie de 2 heures que nous pourrons le remplacer. Il faut que des investissements qui soient faits dans des solutions alternatives et les agriculteurs ne doivent pas être les seuls à payer pour la transition agroécologique sans qu’on leur propose d’alternative. Nous le voyons, quand on demande aux paysans d’être au rendez-vous, ils y sont ; preuve en est : les mesures agroenvironnementales. Sur le département, nous avons quand même eu 692 audits qui ont été réalisés par la Chambre d’Agriculture, cela représente une exploitation sur trois qui veut s’engager dans des mesures qui favorisent la transition écologique sauf qu’en face, on nous dit aujourd’hui qu’il n’y aura pas de moyen il faudra mettre des rangs de priorisation sur les mesures agroenvironnementales. Donc, d’un côté nous avons des paysans prêts à s’engager et de l’autre, l’Etat n’est pas au rendez-vous.

Vous appelez à une cohérence entre les discours de l’Etat et ses actes. Qu’entendez-vous par là ?

P.C. : D’un côté, nous avons une politique affichée par notre gouvernement de travailler sur notre souveraineté alimentaire mais il n’y aura pas de souveraineté alimentaire si nous ne maintenons pas un tissu agricole fort sur l’intégralité du territoire. Et dans le même temps, il y a tous les accords de libres échanges qui sont mis en œuvre. C’est un problème trop récurrent : nous nous retrouvons en concurrence avec des produits qui ne respectent jamais nos standards de production. Concrètement, sur nos exploitations cela se traduit par une perte de compétitivité et de revenu, les agriculteurs en ont assez".