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Elections Chambres d'agriculture : « Votez et faites voter ! »

François-Xavier Hupin, SGA JA Nat et Thierry Coué, SGA de la FNSEA étaient en déplacement au GAEC de l’Ame le 21 janvier pour répondre aux questions de la quarantaine d’exploitants vosgiens qui avaient fait le déplacement. © Photo Marion Falibois
François-Xavier Hupin, SGA JA Nat et Thierry Coué, SGA de la FNSEA étaient en déplacement au GAEC de l’Ame le 21 janvier pour répondre aux questions de la quarantaine d’exploitants vosgiens qui avaient fait le déplacement. © Photo Marion Falibois

Le mardi 21 janvier, le GAEC de l’Ame accueillait le meeting de la FDSEA et des JA des Vosges dans le cadre de la campagne des élections Chambres d’agriculture.

Lors de cette rencontre, deux représentants nationaux : Thierry Coué, secrétaire général adjoint de la FNSEA et François-Xavier Hupin, secrétaire général adjoint de JA nat, avaient fait le déplacement pour répondre aux questions de la cinquantaine d’exploitants réunis pour l’occasion.

Attractivité du métier et production

«Parler de production restera toujours essentiel pour nous, dans notre travail de syndicaliste et dans notre métier de paysan. Car il n’y a pas d’agriculture ni de revenu sans production. Il s’agit aussi de notre capacité à nourrir le Français et les populations de pays qui n’ont pas notre capacité à produire.» appuyait Philippe Clément, président de la FDSEA 88. Il nuançait cependant : «pour autant, cela ne fait pas de nous des productivistes, bien qu’un certain nombre de médias souhaitent nous apposer cette étiquette-là.» 

Au sujet du lien entre revenu et installation en agriculture, Jérôme Mathieu, actuel président de la Chambre d’Agriculture des Vosges et candidat sur la liste FDSEA-JA 88 a rappelé qu’ : «il ne faut pas compter sur la Chambre d’Agriculture pour intégrer le RSA dans le modèle économique des exploitations. La base du revenu doit rester la production.»

Un revenu issu de sa production est également une condition essentielle au renouvellement des générations, fer de lance de Jeunes Agriculteurs. Germain Blaise est co-président de JA 88 et associé au GAEC de l’Ame. Dans le cadre des actions menées pour la promotion du métier d’agriculteur, il évoquait notamment les rencontres à la ferme durant lesquelles des exploitations du département ouvrent leurs portes au grand public et aux scolaires. «Cela permet de montrer ce qu’est la réalité du métier agricole. Les enfants peuvent se forger leur propre opinion sur ce que nous faisons sur nos exploitations. Car, malheureusement, comme une grande partie de la population, ils sont victimes de désinformation médiatique.» Il rappelait ensuite trois piliers nécessaires à l’installation de jeunes : «des prix rémunérateurs, de la visibilité sur les plans d’entreprise proposés par les jeunes et, surtout, de la reconnaissance pour le métier d’agriculteur. Car nous sommes un maillon essentiel des territoires ruraux.»

Voter le bon sens

«Le bon sens, c’est aussi mettre en place une liste de candidats qui représentent l’ensemble des productions» avançait Nicolas Lallemand, co-président JA 88. Il a ensuite donné un exemple d’action menée lors de la dernière mandature. «Le bons sens, c’est aussi refuser que l’on mette en place des mesures visant à figer les choses, comme nous l’avons fait sur le dossier des prairies naturelles. Nous nous étions vu appliquer une interdiction formelle de labourer toute prairie. Seulement, pour maintenir de l’herbe, il faut des élevages et pour maintenir les troupeaux, il faut laisser aux éleveurs la capacité de nourrir leurs animaux.» Le co-président JA 88 évoquait également le travail mené sur le paiement des MAE.

Jérôme Mathieu, a également rappelé que : «la FNSEA et les JA sont les seules structures nationales qui rassemblent l’ensemble des productions et c’est ce qui fait notre richesse d’idées Il a ensuite rappelé les missions régaliennes de la Chambre d’Agriculture : identification des animaux, urbanisme (PLU et ZAN) mais aussi représentation de l’agriculture. «Notamment auprès des collectivités pour dire ce qu’est vraiement l’agriculture d’aujourd’hui.» En effet, l’agriculture est un sujet dont beaucoup de collectivités se saisissent, via les projets alimentaires territoriaux (PAT) des pôles d'équilibre territorial et rural (PETR) notamment. 

Un travail mené au quotidien

Avant de répondre aux questions des exploitants vosgiens, François-Xavier Hupin a tenu à «féliciter tout le monde, pour la tenue et la propreté des actions qui ont été menées sur un peu plus d’un an. Cela nous permet d’avoir un important pouvoir de discussion quand nous allons dans les ministères.» Il ajoutait : «Les mesures obtenues peinent à redescendre dans les fermes à cause d’un contexte particulier. Nous en sommes à notre quatrième Premier Ministre, ce qui es inédit sous la Ve République. Cela allonge les délais. Cela fait trois ans que JA travaille sur la LOA. Cette loi d’orientation agricole doit permettre donner un cap, un avenir à l’agriculture.» soutenait-il. La LOA devrait passer au Sénat le 4 février.

Philippe Clément s’est ensuite adressé à Thierry Coué pour lui demander : «comment redonner à nos agriculteurs foi en l’Europe ?» Le SGA de la FNSEA lui répondit : «Chacun dans son rôle. Nous, syndicalistes, nous sommes un corps intermédiaire qui a tout son rôle à jouer dans le monde politique. Notre rôle c’est d’être un lobby, c’est-à-dire : une institution qui influe sur les décisions politiques et ce rôle, nous l’assumons.» «Il faudra d’ailleurs être extrêmement vigilent sur le budget de la prochaine PAC car, avec l’inflation, le budget réel au paysan a baissé. Nous devons remettre tout le poids de l’agriculture au sein des politiques européennes, c’est essentiel.» appuyait-il.

Nicolas Lallemand a ensuite abordé le sujet de la difficulté à faire respecter la loi EGAlim «Faut-il encore y croire ?». A cela, François-Xavier Hupin répondait que «Oui. Le système a été mis en place et nous y croyons toujours, bien que l’on voit que cette loi dérange. Quand la grande distribution part faire de la centrale d’achat européenne, c’est bien que quelque chose les dérange dans ce que nous avons réussi à construire avec EGAlim.» Il ajoutait : «EGAlim est un outil qui nous permet de sécuriser le prix. Ce n’est pas parfait, et cela ne permet pas toujours d’avoir le revenu que nous pouvons espérer mais c’est un parachute qui nous permet d’assurer la continuité de l’exploitation.» Thierry Coué ajoutait qu’ «EGAlim, c’est un état d’esprit. La construction du prix en marche avant a changé le logiciel. Il est important de faire les règles dans ce marché complètement déséquilibré entre les grandes surfaces et les acheteurs qui sont bien plus gros que nous. Ensuite, sur la partie respect des normes et transparence, c’est essentiel. Maintenant, c’est à l’Etat de garantir ces règles. C’est une chose que de faire voter des textes, c’en est une autre de les faire respecter.» appuyait-il.

Interrogé sur le sujet des relations entre syndicat et filière agroalimentaire, le SGA de la FNSEA, répondait que «La FNSEA est un syndicat économique. Le sujet existait dès sa naissance puisque le syndicat a travaillé à la création du système bancaire, des assurances et des outils économiques que sont les coopératives et, plus récemment à la création d’Avril. Les décisions d’Avril sont d’ailleurs prises par des gens qui sont nommés par les FRSEA.» Interrogé sur les attaques menées par les détracteurs du syndicat, le représentant national ajoutait : «Les investissements menés à l’étranger par le Groupe Avril sont des investissements dans des filières qui n’existent pas chez nous. C’est pour cela que nous investissons sur des territoires qui complètent la gamme du Groupe Avril. Car nous défendons nos intérêts aux niveaux départemental, régional, national mais aussi international car, si nous ne le faisons pas, d’autres sauront le faire à notre place.»

Enfin, Thierry Mourot, président de la commission bio de la FRSEA Grand Est, de la FDSEA des Vosges et vice-président de la Chambre d’Agriculture des Vosges interrogeait les élus nationaux au sujet de la soudaine suppression de l’Agence Bio«L’Agence Bio est en passe d’être supprimée. Quand on connaît aujourd’hui la crise que traverse la filière, on a quand même du mal à comprendre.» A cela, Clément Faurax, directeur général de la FNSEA répondit : «Cela a été une surprise. L’amendement est sorti sans aucune concertation. Nous n’avons pas de visibilité. Cela fait des années que nous dénoncions le manque de transparence dans la gestion de l’Agence Bio et nous sommes prêts à travailler sur le fond et sur l’orientation des crédits pour une meilleure utilisation ; mais, sur la forme, cet amendement est complètement incompréhensible. C’est pourquoi nous avons immédiatement réagi : il faut ces crédits et il faut faire la promotion du bio !» Et Thierry Coué de compléter : «D’ailleurs, l’enveloppe de 40 millions supplémentaires ; c’est quand même nous qui sommes allés la chercher.» Sur le sujet, Philippe Clément a tenu à rappeler clairement que : «malgré ce que certains voudraient laisser entendre, ce n’est pas une demande de la FNSEA que de faire sauter l’Agence bio.» 

Après une année 2024 marquée par la colère et l’incertitude de la profession, les questions et les enjeux sont toujours plus nombreux pour les exploitants de France et du département. Malgré ce manque de visibilité, il est d’autant plus important pour eux de voter pour le projet qu’ils souhaitent voir aboutir avant le 31 janvier.

Les rencontres se poursuivent sur le terrain pendant la dernière ligne droite de cette campagne 2025
Les rencontres se poursuivent sur le terrain pendant la dernière ligne droite de cette campagne 2025