Renouvellement des générations et transmission des exploitations étaient les fils rouges de l’assemblée générale de la Safer Grand Est. Outils de portage du foncier et pistes pour l’accès au statut de chef d’exploitation des jeunes hors cadre familial y ont été abordés.
Le 2 juin, l’abbaye des Prémontrés, à Pont-à-Mousson, accueillait l’assemblée générale de la Safer Grand Est. Thierry Bussy, son président, est revenu, en introduction, sur l’entrée en vigueur de la loi Sempastous, qui missionne les Safer pour donner un avis au préfet sur les transmissions de sociétés agricoles et viticoles. « L’objectif de cette loi est de lutter contre la concentration excessive des exploitations. Ce n’est pas une loi contre les sociétés agricoles ni contre la liberté d’entreprendre. C’est une loi pour l’installation et le renouvellement des générations », a-t-il déclaré.
Pour Thierry Bussy, qui s’est lui-même installé hors cadre familial dans les années 1980, « le renouvellement des générations ne fonctionnera qu’avec deux-tiers de personnes hors cadre familial ». Le problème, selon lui, c’est qu’il leur est encore difficile de reprendre une exploitation. « Nos lycées agricoles font le plein, il demeure des vocations, des jeunes passionnés par ce métier. A nous de créer des parcours qui permettent à ces jeunes d’accéder au statut d’exploitant », a-t-il affirmé lors d’une table ronde pendant laquelle il a échangé avec Franck Leroy, le président de la région Grand-Est et Xavier Bailly, le président des Jeunes Agriculteurs du Grand-Est.
Proposer des avantages fiscaux aux cédants
L’associé de ce dernier n’est d’ailleurs pas issu du milieu agricole. Toutefois, pour lui, si « le mur qui séparait les enfants d’agriculteurs des autres est moins présent qu’auparavant dans la tête des agriculteurs, il existe toujours une marche importante à franchir lors des installations. La transmission est moins facile pour les personnes non issues du milieu agricole ».
Aux potentielles difficultés financières s’en ajoute une autre : les a priori des propriétaires fonciers. « Il y a toujours une crainte de la part des propriétaires, entre un jeune et la grande exploitation du coin qui travaille en prestation. Il faut que nous puissions les rassurer », estime Xavier Bailly. Un constat que partage Thierry Bussy, qui s’inquiète par ailleurs de voir grandir dans la Marne le nombre d’hectares exploités par des prestataires. « Il serait pertinent de mettre en place des avantages fiscaux à destination des cédants qui consentiraient à aller vers des jeunes hors cadre familial », propose le président de la Safer. Il en appelle ainsi aux élus, au niveau local comme national : « il nous reste entre cinq et sept ans pour rectifier le tir et conserver notre modèle d’agriculture à la française. Nous savons déjà que nous ne remplacerons pas les agriculteurs à un pour un, mais si nous arrivions à installer deux jeunes pour trois agriculteurs en fin de carrière, ce serait déjà bien ».
Ce défi, le président de la région Grand Est semble prêt à le relever. « Notre objectif est de 500 installations par an. Pour l’atteindre, il nous faudra nous intéresser aux transmissions en amont », indique Franck Leroy, qui souhaite maintenir et développer le modèle de polyculture-élevage, « qui nous semble adapté aux différents enjeux de demain ». Il invite également les collectivités à s’intéresser à la problématique de l’installation, en confiant une partie de leur foncier agricole à de jeunes installés en location. Et même s’il est conscient que ce foncier ne règlera pas tous les problèmes d’accès à l’installation pour les jeunes, il estime que cela pourrait « créer un élan, susciter des initiatives et redonner de l’espoir ».