Le vendredi 10 mars, Valérie Michel-Moreaux, préfète des Vosges, s’est rendue à Ménil-de-Senones, au GAEC du Renclos pour échanger avec les acteurs de la filière agricole.
Le déplacement de la représentante de l’Etat était l’occasion d’échanger avec les représentants de la filière pour mieux comprendre le contexte actuel des agriculteurs. Conjoncture économique, nouvelle PAC, dégâts de gibier et déconversions en agriculture biologique étaient au cœur des échanges.
Dégâts de gibier
Philippe Clément, a alerté la représentante de l’Etat sur l’étendue des conséquences : «sur des exploitations à vocation herbagère avec la déclinaison de la PAC telle qu’elle est aujourd’hui : paiement de base et écorégime, ce dernier a pour volonté de développer des fermes avec de plus en plus d’herbe. Il y a interdiction de retourner plus de 20% de ces prairies par an même pour les remettre en herbe. Or, il y a des exploitations dont la surface pulvérisée par les sangliers excède largement les 20% et qui sont obligées de retourner leurs prairies pour les remettre en herbe et nourrir leurs troupeaux. Beaucoup sont contraints d’acheter de grandes quantités de foin alors qu’ils sont en système herbager et quand vous rentrez du foin souillé par les sangliers, il y a de la terre dans le foin ce qui donne du lait de mauvaise qualité car souillé par les butyriques avec comme conséquence des réfactions de 20 à 40€ la tonne.»
La visite de la préfète s’est conclue par un détour sur une parcelle ravagée. «C’est aussi symbolique» expliquait Nicolas Lallemand. «Cette parcelle, nous nous y étions rendus avec votre prédécesseur et des représentants de la fédération des chasseurs en 2019. Cela correspond aussi au moment où notre bras de fer a commencé. Nous avons observé une nette amélioration quand les chasseurs n’agrainaient plus. Les populations étaient mobiles et les dégâts ne se concentraient pas aux mêmes endroits. Les sangliers de ce secteur-là sont nourris et les dégâts sont là. L’agrainage fixe les populations et dynamise la reproduction. Quand tout le monde ne joue pas le jeu les conséquences sont catastrophiques pour les agriculteurs.»
Schéma cynégétique
La préfète des Vosges a partagé à la vingtaine de représentants de la filière présents sa conviction «qu’avec la transformation de la société, au-delà des effets du changement climatique, le rapport au travail a également évolué et nous vivons une période de transformation y compris des comportements alimentaires. C’est encore le moment d’investir, ce n’est pas facile je l’entends, mais ceux qui investissent aujourd’hui sont ceux qui seront là demain. Je suis aussi convaincue que la qualité est ce vers quoi nous devons aller, cela reste l’enjeu majeur. Avec les PAT, les circuits courts et ce que mettent en place les collectivités, les établissements scolaires etc. Tout ce sur quoi nous travaillons avec les élus du territoire est essentiel et doit dynamiser l’économie locale et nourrir en proximité.
Sur le sujet des sangliers, depuis 2019 et la signature du dernier schéma cynégétique, il y a eu de la carence avec l’absence de schéma. Sans schéma il n’y a pas de cadre et donc pas de répression possible. Aujourd’hui, le cadre étant fixé, ce schéma peut s’amender, des modifications peuvent être apportées. Ce n’est pas quelque chose de figé dans le marbre pendant six ans. Nous nous proposons d’organiser cette rencontre agriculteurs et chasseurs pour voir quels sont les points les plus sensibles sur le territoire.» Au sujet de l’éventuelle évolution du schéma, le président de la Chambre Jérôme Mathieu a souligné que «derrière cela le schéma est signé pour six ans et nous serons attaqués au tribunal administratif et nous aurons du mal à nous faire entendre. Ceci dit nous voulons bien être optimistes mais il faudra que votre main ne tremble pas quand il faudra sanctionner là où ça n’ira pas.»