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Les impacts de la guerre sur l’agriculture

 Thierry Pouch, Jérôme Mathieu, David Percheron, Daniel Gremillet, photo Marion Falibois.
Thierry Pouch, Jérôme Mathieu, David Percheron, Daniel Gremillet, photo Marion Falibois.

Le lundi 4 avril, à la Chambre d’Agriculture des Vosges, suite à la première session de l’année, Thierry Pouch économiste a animé une conférence intitulée « l’agriculture par temps de guerre, constats et perspectives. »

C’est devant un public de 80 personnes, que le Docteur en sciences de l’économie a pris la parole pour revenir sur les conséquences de la guerre sur l’agriculture mondiale, européenne et française. Suite à cette présentation, élus, agriculteurs et représentants syndicaux ont échangé sur le sujet au cours d’un débat.

Des crises successives

Selon les constats de Thierry Pouch, l’agriculture avait été relativement épargnée par la pandémie. Au cours de la crise sanitaire il n’y a pas eu de grosses ruptures d’approvisionnement si ce n’est très passagères. Les déconfinements successifs avaient rouvert la voie à un regain significatif de la croissance économique à partir de la fin 2020. Malheureusement, le 24 février 2022, l’Ukraine a été envahie par les troupes russes et cela a entrainé des conséquences profondes et parfois encore incalculables sur l’agriculture mondiale. Dès la fin de l’année 2020, une reprise de la croissance économique a pu être observée. Cette dernière a précipité les prix des matières premières vers le haut : que ce soit les matières premières énergétiques à usage industriel ou les produits agricoles. Le prix des moyens de production, eux aussi, se sont envolés avec la hausse du gaz, de l’électricité, du carburant, des solutions azotées… Pour les fabricants, les hausse des intrants viennent donc couvrir la hausse de ces coûts de productions ce qui a pour conséquence d’alourdir les charges des agriculteurs qui, eux-mêmes, subissent les conséquences de la hausse des prix de l’énergie.

«Si nous regardons le coût des matières premières agricoles, la première information est que l’on a dépassé les pics des années 2008, 2012. Il y a évidemment de grosses interrogations étant donné les géants agricoles que représentent l’Ukraine et la Russie qui représentent quand même 33%, à eux deux, des exportations mondiales de blé. Donc, le moindre mouvement à la baisse de la disponibilité sur les marchés va provoquer une hausse de prix d’une amplitude rarement vue» rappelle l’économiste. Les ports Ukrainiens et l’export sont à l’arrêt. S’ajoute à cela de mauvaises perspectives du point de vue des récoltes chinoises et en Amérique du Sud. Thierry Pouch attire l’attention sur les répercussions à venir : «on ne sait pas trop pour la récolte 2022-2023 ce qu’il va se passer. En terme de surface, même si le conflit s’achève assez rapidement, un certain nombre d’acteurs évaluent des reculs de 40 à 50% des surfaces cultivées en Ukraine. Quand on sait ce que représente l’Ukraine en blé, en maïs et en tournesol notamment, cela peut avoir un certain nombre de répercussions graves. Sur ces derniers jours, le colza a dépassé les 1000 € la tonne, c’est le cas aussi du tournesol.»