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Probiolor : maintien de la mobilisation malgré les secousses

Guillaume Millot, président de Porbiolor (à g.) : «Nous allons travailler à améliorer notre stratégie de stockage afin de faire mieux à moyens constants ou à faibles coûts». Photo : H.Flamant
Guillaume Millot, président de Porbiolor (à g.) : «Nous allons travailler à améliorer notre stratégie de stockage afin de faire mieux à moyens constants ou à faibles coûts». Photo : H.Flamant

En 2023, Probiolor voit les secousses s’accentuer. Alors que la bio est en crise depuis plusieurs mois, le président Guillaume Millot appelle adhérents et salariés «à se serrer les coudes, à travailler tous ensemble dans la même direction».

«Les secousses sont fortes et le bateau tangue. Nous annoncions des jours compliqués : nous y sommes», a introduit Guillaume Millot, le président de Probiolor, lors de l’assemblée générale qui s’est tenue le 29 novembre à Loisy. Si «quelques signaux, certes rares, clignotaient au vert, ou du moins tout juste à l’orange» en 2022, il n’en est pas de même en 2023.

Parmi les éléments d’inquiétudes  : les importants stocks de report. «À l’échelle de Fermes bio, nous n’avons, pour l’instant, pas pratiqué de déclassement en conventionnel», signe que même si la situation est complexe, «les solutions de dernier recours ne sont pas encore activées». Alors que les consommateurs sont un peu moins présents, Guillaume Millot appelle «à se serrer les coudes et à réaffirmer haut et fort ce que nous apportons à notre pays, pour ne pas nous démobiliser».

Le président entrevoit des axes d’amélioration pour la coopérative : la maîtrise de la masse salariale -en 2022, le nombre de salariés (23) est resté constant- et le travail sur les coûts de stockage. «Nos sites de Vézelise, Tantonville et les fermes relais sont à saturation. Nous allons travailler à améliorer notre stratégie de stockage afin de faire mieux à moyens constants ou à faibles coûts. En cas de nouveaux besoins, l’objectif est de nous appuyer sur les fermes relais».

Des volumes de C2 en nette baisse

En 2022, la coopérative a collecté 28.430 t (contre 25.000 t en 2021) dont 10.680 t de blé bio, 1.670 t de blé C2, 4.740 t d’avoine bio, et 1.550 t d’orge bio. Le blé reste de loin la production principale, mais sa part relative baisse et passe pour la première fois sous la barre des 50 %. L’avoine conforte sa place de céréale secondaire dans la collecte. Les épeautres, l’engrain et le seigle voient leurs volumes fortement progresser. La part du C2 est en nette baisse (de 5.300 t en 2021 à 2.300 t en 2022) marquant la fin de la vague de conversions.

La collecte n’a pas souffert des mêmes difficultés au moment de la moisson que l’année précédente. La coopérative n’a pas observé de problème particulier de qualité. Le fait marquant de la campagne est la contamination au champ d’un tiers des volumes de sarrasin, qui se récolte tardivement. «Sur 120 t, 40 t ont présenté des contaminations supérieures aux limites maximales de résidus concernant différents herbicides. Le lot n’était pas non plus valorisable en conventionnel», explique Frédéric Mony.

Fortes tensions sur le marché

Plusieurs évènements négatifs sont venus dégrader la commercialisation des céréales bio en 2022. Notamment l’inflation, qui a entraîné un fort tassement de la demande en produits bio. «Nous sommes actuellement dans une réelle crise de la consommation», alerte Renaud Noël, commercial chez Fermes Bio, l’union commerciale réunissant trois coopératives : Probiolor, la Cocebi et Biocer. Dans le même temps, «nous devons faire face à une surproduction de blé bio sans précédent pour la troisième année consécutive». L’afflux de matière sur le marché a eu pour effet d’entraîner les prix à la baisse. «La stratégie commerciale a permis, malgré tout de limiter l’impact de cette crise, à travers une partie des ventes à prix minimum garanti», alerte Renaud Noël.

Si Fermes bio arrive à trouver du dégagement pour les volumes excédentaires de blé, «c’est plus compliqué pour des produits comme l’épeautre. Nous sommes sur des marchés de niches sans trop d’alternatives à l’export ou en alimentation animale». Renaud Noël rappelle l’importance du pilotage de l’emblavement «sans mettre un coup de frein trop fort». Pour maintenir la production à un certain niveau, le commercial milite pour un «pilotage le plus fin possible».

Chiffre d’affaires en hausse

Au niveau financier, la campagne passée a été marquée par la mise en service de l’extension du silo de Vézelise, qui représente un investissement important. L’exercice se conclut avec un chiffre d’affaires en hausse de 14,9 %, à 17 millions d’euros. «C’est probablement la dernière fois que le chiffre d’affaires augmente», commente Raphael Chenot, le trésorier. Certains postes de dépenses ont augmenté fortement du fait de la conjoncture : transport, gaz, électricité et frais bancaires. Mais l’augmentation du chiffre d’affaires et de la collecte ont permis de limiter l’impact sur le prix à la tonne de la hausse de ces charges de fonctionnement. La fin des travaux de Vézelise a une conséquence importante sur le compte de résultat puisque la part des chargées liées à l’amortissement des immobilisations de la coopérative est passée de 109 à 366.000 euros. Le résultat net s’élève à 75.000 euros. Il est en nette baisse par rapport aux années passées : il est le reflet de la crise que traverse la bio depuis plusieurs mois.