Le 18 mars dernier, la Chambre d’Agriculture, l’ONF et les Forestiers Privés des Vosges ont accueilli deux chercheurs et un consultant Hongrois en forêt domaniale de Darney. La visite avait pour thématique l’adaptation des forêts au changement climatique.
La forêt domaniale de Darney, candidate au label forêt d’exception, est considérée comme un grand cru de sylviculture. C’est sur ce secteur que les experts forestiers Hongrois ont rencontré leurs homologues vosgiens afin de se pencher sur une problématique qui dépasse nos frontières : le changement climatique et ses conséquences sur les forêts de chênes, d’épicéas et de hêtres. «Dans certaines régions de Hongrie, le climat est assez similaire à celui du Grand Est. Nous faisons face au même phénomène» contextualise Norbert Somogyi, conseiller scientifique à l’ambassade de Hongrie, accompagné de Laslo Nagy, chercheur à l’université spécialisée à la sylviculture et l’industrie du bois, et de Miklos Szenasi, ingénieur forestier.
Une forêt d’exception
Ces experts forestiers étaient en visite sur le département afin d’échanger avec les professionnels et techniciens vosgiens sur l’adaptation du chêne au changement climatique. Sur un secteur qui, comme l’explique Denis Dagneaux, directeur de l’agence Vosges-Ouest de l’ONF, «comprend tous les stades de la sylviculture, du gland jusqu’au chêne dont on fera des tonneaux». Une parcelle sur laquelle les arbres ont différents âges, certains allant jusqu’à 1m20 de diamètre, majoritairement du chêne Sessile (90%) et du Pédonculé en zone humide. «On va renouveler cette parcelle en futaie régulière dans les prochaines années pour pouvoir récolter dans 60 ans». Les chênes ne seront coupés qu’à la condition qu’ils atteignent un diamètre d’au moins 60 centimètres, et jusqu’à 100cm pour quelques arbres remarquables. Et ce pour trois objectifs : la valeur ajoutée du produit bois ; la biodiversité et la trame verte, certains arbres abritant de nombreuses espèces de chauve-souris ; le paysage et l’accueil du public.
Sur ce secteur, la délégation hongroise a pu observer au sol l’omniprésence de semis. «La nature est en train de travailler. Actuellement, la forêt de demain fait entre 10 et 15 cm. Elle ne sera exploitable que dans 220 à 250 ans» explique Denis Dagneaux. Sur le travail des forestiers, le directeur précise que le but est d’obtenir différentes strates d’arbres, «pour permettre une régulation thermique et une protection des troncs lors de fortes chaleurs. Aujourd’hui, on recherche une structuration du sous-étage plus forte qu’auparavant». L’idée étant de garder une forêt magnifique, «la fierté des forestiers».