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CAL : comprendre les marchés céréaliers

Les adhérents se sont déplacés en nombre pour cette première réunion du «club marchés» de la Cal. Photo : H.Flamant
Les adhérents se sont déplacés en nombre pour cette première réunion du «club marchés» de la Cal. Photo : H.Flamant

Suite à l’invitation de la CAL, près de 80 adhérents ont fait le déplacement à Laxou, le 13 avril dernier, pour une réunion sur «les marchés céréaliers, volatils et imprévisibles». À l’issue, la coopérative a présenté sa nouvelle offre, Call’Ecte.

Le 13 avril, Franck Loschi responsable commercial céréales à la Cal, a accueilli les adhérents pour une réunion consacrée aux marchés des matières premières. Le sujet intéresse : près de 80 d’entre eux avaient fait le déplacement. Ils ont écouté attentivement les propos d’Alexandre Boy, expert de Sigma Conseil, filiale de la coopérative Scael, qui a décrypté les marchés.

Avant de développer les tendances actuelles, Alexandre Boy a rappelé le fonctionnement de l’analyse de marchés. «Nous disposons de trois principales sources : des informations publiques (rapports de l’Usda ou de FranceAgriMer notamment), des informations payantes et les réseaux sociaux. Twitter est une source majeure d’information, il permet de suivre certains types d’activité spécifique». Une masse de données qui demande du temps pour les suivre et les analyser. «Il y a trois types d’analyses, poursuit l’expert. L’analyse fondamentale (équilibre de l’offre et de la demande), l’analyse graphique de l’évolution passée des prix pour anticiper l’avenir et l’analyse quantitative pour déceler les anomalies de marchés». De nombreux facteurs influencent les prix : la finance, la géopolitique et l’économie (parité monétaire euro/dollar, inflation…). «Comprendre les évolutions de prix à court, moyen et long terme, c’est complexe», reconnaît l’analyste.

Blé, production et prix hauts

En 2022, la production mondiale de blé était record. Elle a particulièrement été bonne en Russie. «Avec le réchauffement climatique, ce pays a plus de terres à cultiver et le pays bénéficie aussi de progrès techniques. À long terme, la Russie a la capacité de produire 100 Mt voire 120 Mt en 2030», observe Alexandre Boy. Malgré tout, les prix sont restés hauts. «Ce qui montre l’importance du facteur géopolitique». Les stocks de fin de campagne sont élevés en Europe et en Russie.

Et quelles tendances pour la nouvelle campagne ? «Les conditions de cultures sont mauvaises aux Usa. Elles sont plutôt bonnes en Europe du Nord, mais catastrophiques en Espagne et en Afrique du Nord». En Mer Noire (Ukraine, Russie, Roumanie, Bulgarie), les conditions de culture sont normales. Les stocks devraient revenir à un niveau normal, selon le spécialiste.

Situation lourde en colza

Tout comme en blé, la production mondiale a été record en colza en 2022. «Les rendements ont été très bons en Russie, Ukraine et Australie, dans une moindre mesure en Europe», indique Alexandre Boy. La demande mondiale est soutenue par la Chine et l’Europe. «Les imports chinois sont records mais ne profitent qu’au Canada, seule origine autorisée», précise l’analyste. Problème : il faut des usines pour assurer des débouchés au colza, or les usines de triturations tournent déjà à plein régime partout dans le monde. «Les stocks de fin de campagne sont particulièrement élevés en Europe, mais sont tendus au Canada, la situation est lourde en colza».

Concernant la nouvelle campagne, la situation est à surveiller au Canada (déficit hydrique avant les semis) et en Australie avec le retour de El Nino qui pourrait faire baisser les rendements. «Sauf incident climatique, les stocks pourraient restés conséquents en Europe, ce n’est pas de bon augure», conclut Alexandre Boy.