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Innov’action Bio : Du sol à la ration

« Le choix variétal est primordial dans la lutte contre les nématodes et la verticiliose sur luzerne », a rappelé Mélany Biot. Photo : Agathe Legendre
« Le choix variétal est primordial dans la lutte contre les nématodes et la verticiliose sur luzerne », a rappelé Mélany Biot. Photo : Agathe Legendre

Cette année, trois cents personnes se sont rendues à Rollainville, dans les Vosges, le 21 juin pour la journée Innov’action bio. Un évènement de grande ampleur, au cours duquel agriculteurs et étudiants ont pu aborder des thèmes variés.

Mardi 21 juin, on fêtait les quarante ans de la fête de la musique. Mais c’est un tout autre évènement qu’orchestraient les Chambres d’agriculture du Grand-Est, à Rollainville, dans les Vosges : l’édition 2022 d’Innov’action bio. Plus de 300 personnes ont participé à cette journée, riche en contenu technique. Le traditionnel criblage variétal évaluait cette année une trentaine de variétés de blé d’hiver, douze de triticale et huit d’épeautre. Les Chambres d’agriculture préconisent toujours de mélanger quatre variétés de blé, aux caractéristiques complémentaires. Les agriculteurs ont ensuite pu échanger avec des conseillers autour de diverses problématiques, du sol à la ration.

La luzerne demande du soufre

Et pour passer de l’un à l’autre, la part belle a été donnée aux plantes fourragères et notamment à la luzerne. Mélany Biot, conseillère agronomie à la CDA 88, a présenté un essai de fertilisation potassique et soufrée sur luzerne. « La luzerne est exigeante en phosphore, notamment la première année, pour le développement des nodosités, mais aussi en potasse, expliquait la conseillère. Elle est également une des cultures les plus demandeuses en soufre. En effet, elle exporte autour de cinq kilos de cet élément par tonne de matière sèche ». Les besoins en soufre de la luzerne sont toutefois généralement couverts lorsqu’une fumure organique, telle que du fumier, est apportée sur la parcelle. Or, la parcelle de Rollainville, appartenant à un céréalier bio, n’en reçoit pas ! Et même si toute la luzerne est restituée au sol, le résultat est sans appel : le rendement de la première coupe, est deux fois plus important pour la modalité ayant reçu 50 unités de soufre à l’hectare (2,35 tMS/ha) que pour le témoin non fertilisé (1,1 tMS/ha). Le taux de MAT, 18,6 % contre 11,5 %, est également amélioré. Un différentiel très en faveur de la fertilisation soufrée, pour un coût, estimé en mars 2022, de 36 €/ha. D’autres modalités, apportant à la fois soufre et potasse, ont été mises en place. Toutefois, les différences de rendements entre chacune des modalités fertilisées ne sont pas significatives : ils varient entre 2,3 et 2,85 tMS/ha. En revanche, la différence de coût l’est bien plus : jusqu’à 288 €/ha pour la modalité la plus fertilisée. Ainsi, afin d’optimiser les apports et de réduire les coûts, Mélany Biot conseillait de « réaliser des analyses de sols pour connaître ses besoins ».

De nombreuses autres thématiques ont été abordées lors de la journée : fertilisation du blé, stockage de carbone dans les sols, agroforesterie, litière bois ou encore plantes messicoles. Des démonstrations de matériel étaient également organisées. Toutes les présentations sont disponibles en ligne sur le site de la Chambre d’agriculture du Grand-Est.