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L'agronomie au secours des parcelles infestées par le vulpins

Le seuil de nuisibilité directe du vulpin est bas : 25 vulpins/m² sont suffisants pour faire chuter le rendement de 5 %. Photo : A.Legendre
Le seuil de nuisibilité directe du vulpin est bas : 25 vulpins/m² sont suffisants pour faire chuter le rendement de 5 %. Photo : A.Legendre

L’année 2023 a été marquée par les échecs de désherbage en vulpins dans la plaine, source d’ennui pour la campagne prochaine. Pour limiter ces problématiques, il faudra mobiliser des leviers agronomiques.

Ce n’est pas pour rien que le vulpin est aussi présent dans nos parcelles de Lorraine et ce depuis de nombreuses années. En effet, sa physiologie est impressionnante. Il est capable de germer dans l’horizon des cinq premiers centimètres. Sa dormance est variable et peut être levée en cas de travail du sol en conditions humides. Son taux annuel de décroissance du stock grainier est de 75 %, c’est-à-dire que des semences viables persisteront dans le sol pendant trois à cinq ans. Ainsi, il est impossible de faire disparaitre rapidement le stock de graines dans le sol, même en l’absence de tout renouvellement. Enfin, son seuil de nuisibilité directe est bas, 25 vulpins/m² sont suffisants pour faire chuter le rendement de 5 %, et sa nuisibilité indirecte est impressionnante : chaque vulpin peut produire entre 1.500 et 10.000 graines. Alors, face à cette adventice tenace, il s’agit de trouver des solutions efficaces.

Si le désherbage chimique, centré désormais sur l’automne, a toujours sa place dans les stratégies de lutte, force est de constater que son efficacité peut s’avérer insuffisante en cas de forte infestation. Les leviers agronomiques sont justement là pour aider à diminuer cette infestation et lui permettre de retrouver de l’efficacité.

Allonger les rotations

L’allongement des rotations, l’alternance des cultures d’automne et de printemps, de dicotylédones et de graminées, permettent de casser le cycle du vulpin, historiquement calé sur le cycle du blé. Même si des interrogations surgissent avec des constats de levée printanière possibles, leur efficacité n’est pas à remettre en cause. Autre levier possible, réintroduire un labour. Un essai pluriannuel comparant labour et techniques culturales simplifiées (Tcs) sur la levée du vulpin, conduit depuis la campagne 2018- 2019, sur la station expérimentale de Saint-Hilaire-en-Woëvre (55) redémontre en effet l’intérêt d’introduire un labour en cas de forte infestation. Cet effet bénéfique se voit l’année du labour mais également les années suivantes.

Les conditions sèches et chaudes observées cette année en juin, au moment de la maturation du vulpin, sont a priori favorables à une faible dormance des graines. Ce constat doit nous encourager à engager des faux semis en interculture sans attendre nécessairement le mois de septembre. Attention tout de même, cette non-dormance ne concerne que les graines produites cette année mais pas le stock semencier, visiblement très conséquent. Le faux semis demande une préparation fine, superficielle et retassée en surface pour établir un bon contact sol-graine et pour garder l’humidité du sol. Il ne doit pas être confondu avec une action de préparation de sol ou de destruction des adventices levées. Pour limiter la levée des vulpins dans la culture à l’automne, de nombreux essais démontrent l’intérêt de retarder la date de semis du blé ou de l’orge : semer le 15 ou le 20 réduit la population de vulpins d’environ 50 %. 

Il est vrai que ces leviers sont connus depuis de nombreuses années, aucun n’est révolutionnaire. Toutefois, ils doivent aujourd’hui être mis en œuvre de manière plus systématique et surtout être combinés entre eux pour atteindre deux objectifs de base : semer sur un sol propre, et rechercher une efficacité de 100 %. Il faudra cependant être patient pour en voir les effets, nous avons mis des années à salir nos parcelles, il faudra de même des années pour assainir la situation.