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Les légumineuses pour améliorer l’autonomie en protéines

L’autonomie des élevages peut être travaillée à l’échelle du territoire. © Photo libre de droit
L’autonomie des élevages peut être travaillée à l’échelle du territoire. © Photo libre de droit

Et si l’échelle du territoire était une solution pour améliorer l’autonomie en protéines des élevages du Grand Est. C’est ce que la Chambre régionale va évaluer à travers le projet CASDAR FICELLE.

Quelles soient récoltées en graines ou en fourrages, les légumineuses sont des plantes qui ont des concentrations élevées en azote et qui par leur métabolisme permettent de fixer gratuitement l’azote de l’air nécessaire à leur croissance. Contrairement aux céréales ou aux graminées fourragères qui sont moins concentrées en azote et qui ont besoin d’apports exogènes d’azote pour réaliser leur croissance. 

Une culture de luzerne récoltée en fourrage a une concentration moyenne en MAT (matière azotée totale) de l’ordre de 17 % par tonne de matière sèche, soit 1.360 kg de MAT récoltés par hectare sur la base d’un rendement de 8 tonnes de matière sèche. Par comparaison 1 hectare de maïs ensilage avec un rendement de 10 tonnes de matières sèche permettra de récolter 760 kg de MAT et aura nécessité un apport d’azote minérale. 

Le tableau ci-dessous permet de visualiser les différences en production de MAT par hectare pour quelques cultures pratiquées en Grand Est. Pour la culture de blé, la plus représentée dans les assolements des exploitations du Grand Est, 1 hectare avec un rendement de 75 quintaux va permettre de récolter une quantité de MAT proche de celle d’un hectare de soja avec un niveau de rendement de 20 q/ha. Mais la concentration en MAT dans les grains de blé est de 10,5 % soit en moyenne quatre fois moins concentré que pour les graines de soja. 

Différences en production de Mat par hectare pour quelques cultures pratiquées en Grand Est.
Différences en production de MAT par hectare pour quelques cultures pratiquées en Grand Est.

Dans l’objectif d’améliorer l’autonomie en protéines d’une exploitation d’élevage, toutes les cultures ne pourrons pas se substituer et n’auront pas la même préférence de la part des nutritionnistes afin d’équilibrer les rations alimentaires. 

Des solutions à différentes échelles 

La notion d’autonomie en protéines englobe beaucoup d’enjeux qui permettent de répondre à des attentes très variées à l’échelle de l’exploitation : des attentes sociétales comme la notion de s’affranchir du soja et de nourrir des animaux sans OGM ; de limiter les consommations énergétiques liées à l’utilisation des engrais azotés ; d’autres attentes sont d’ordre économique comme limiter la part d’intrants achetés sur des marchés qui peuvent être fluctuants et générer des différences de coûts de production difficilement répercutables sur le prix de vente du produit fini, ou encore des objectifs agronomiques, avec la recherche de cultures supplémentaires permettant d’allonger et diversifier les rotations sur les parcelles labourables… 

Aujourd’hui les élevages ruminants du Grand Est, en bilan massique, sont autonomes à 96 % sur le volet fourrages mais seulement à 33 % sur le volet concentrés (“source : données Inosys réseaux d’élevage 2014- 2020, 99 exploitations bovines et ovines – Projet ARPEEGE”).

Les solutions pour améliorer l’autonomie en protéines des élevages ne sont pas seulement à rechercher à l’échelle de l’exploitation, mais elles peuvent être travaillées à l’échelle de plusieurs exploitations ou d’un territoire : pourquoi pas produire de la luzerne sur des parcelles d’une exploitation voisine qui a des soucis de désherbage, un coût élevé en achat d’azote, des teneurs en matière organique à améliorées par des apports de fumier… ? 

Beaucoup d’interactions sont possibles entre les exploitations céréalières et les exploitations d’élevage. Elles nécessitent d’être réfléchies dans des contextes économiques et climatiques fluctuants. Le projet CASDAR FICELLE (Faciliter les interactions cultures élevage à l’échelle territoriale) piloté par la Chambre d’agriculture Grand Est, va permettre de travailler sur les possibilités de structurer et pérenniser ces types d’échanges entre exploitations.