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FCO3 : Répondre aux inquiétudes des éleveurs

Une quarantaine de participants ont écouté les intervenants. L'intervention était également accessible en direct sur YouTube. © Photo Marion Falibois
Une quarantaine de participants ont écouté les intervenants. L'intervention était également accessible en direct sur YouTube. © Photo Marion Falibois

Pour informer les éleveurs sur la situation, les moyens de prévention, de vaccination et les potentielles indemnités qui pourraient être mises en place, la Chambre d’Agriculture, le groupement de défense sanitaire, la FDSEA et Jeunes Agriculteurs Vosges ont organisé une réunion le 17 septembre. Dans la salle Michel Boyé à Epinal, une quarantaine de participants ont écouté les intervenants. L’intervention était également retransmise en direct sur YouTube afin que le plus grand nombre d’exploitants puisse y assister.

Selon Nicolas Lallemand, co-président des JA 88 : «nous entendons beaucoup de choses au sujet de la FCO, c’est pour cela qu’il est important de donner la parole aux experts afin que la bonne information soit rendue accessible au plus grand nombre». Philippe Clément, président de la FDSEA 88 a également rappelé que : «tout foyer non déclaré ne pourra prétendre à aucune indemnisation. Ce que nous demandons à l’Etat c’est de travailler sur la commande des vaccins pour qu’ils ne tombent pas dans un système de spéculation dans les zones en tension. Nous essayerons aussi d’élargir le périmètre d’indemnisation et de chiffrer les pertes directes et indirectes sur les élevages ovins et bovins». Parmi les conséquences pour les exploitations qui seraient fortement impactées « il pourrait aussi y avoir des problématiques de chargement en ce qui concerne les MAE ou d’autres dispositifs» soulignait le président de la FDSEA.

Après une présentation délivrée par Eric Pierrel, directeur du GDS des Vosges, les éleveurs ont pu poser leurs questions afin de comprendre l’application concrète de la règlementation en zone régulée.

Comment se transmet la maladie ?

Eric Pierrel : «La FCO est une maladie virale infectieuse à transmission vectorielle. Elle est transmise entre ruminants par des moucherons piqueurs mais la maladie est non transmissible à l’Homme.»

Que faire en cas de suspicion ?

E.P. : «La première chose à faire est d’appeler votre vétérinaire sanitaire. La visite et jusqu’à trois analyses virologiques sont prises en charge par l’Etat. Si un cas clinique est avéré sur l’exploitation il n’y a pas besoin de renouveler les visites à chaque cas clinique si le premier a bien été déclaré.» 

Que faire pour prévenir la maladie ?

E.P : «La vaccination est très très fortement recommandée par les organismes techniques dont le GDS. C’est le meilleur des outils qui existe aujourd’hui. Les vaccins sont financés par l’Etat, ils sont à commander auprès du vétérinaire sanitaire et, du moment où il y en a encore en stock, ils sont réalisables par l’éleveur lui-même ou par un vétérinaire.»

Pourquoi les vaccins ne sont pas arrivés plus tôt ?

E.P : «Le sérotype 3 a été introduit aux Pays-Bas en été 2023 et, en raison du temps nécessaire au à son développement, le vaccin n’est arrivé sur le marché qu’en mai 2024. Quand l’Etat français s’est aperçu que la maladie risquait d’arriver sur le territoire, il a commandé environ 6 400 000 doses dans un premier temps et une seconde commande d’à peu près 5 000 000 a été passée. »

Les vaccins sont-ils disponibles ?

E.P : «Le problème est que l’extension de la maladie a été beaucoup plus rapide que la fabrication du vaccin. Les délais pour y accéder vont donc se rallonger le temps que la seconde commande soit disponible d’autant que la zone s’est très rapidement agrandie en 15 jours. Mais, malgré la pénurie il faut continuer de faire les demandes auprès des vétérinaires sanitaires.»

Pourquoi le développement des vaccins est-il si long ?

E.P. : «Il existe 26 sérotypes de FCO et donc 26 types de virus. Un vaccin développé pour un sérotype n’est pas efficace pour un autre. C’est pour cela qu’un développement de vaccin prend souvent plus de temps que ce que pourrait espérer la profession.»

Quelles sont les règles de mouvements ?

E.P. : «Les mouvements au sein de la zone régulée sont sans conditions. Pour les animaux qui sortent de la zone régulée pour aller vers une zone indemne : c’est interdit. A l’exception de l’accord d’une dérogation pour abattage si le moyen de transport est désinsectisé. La sortie des veaux de huit jours est également accordée selon certaines conditions : désinsectisation des moyens de transport et des veaux avant départ. Le transport doit aussi être direct et sans rupture de charge vers le centre de rassemblement.»

Pourquoi ne pas exiger des prises de sang pour les mouvements entre élevages même en zone régulée ?

E.P. : «Il n’y a pas de raisons de faire un test PCR en zone régulée. Par exemple, si un test est fait 14 jours avant le départ et qu’il est négatif, il se peut qu’un moucheron infecte l’animal entre le moment où le test est effectué et les jours précédants son transport. C’est, quelque part, une fausse garantie.

Autre raison : en zone endémique avec circulation virale, cela multiplierait les tests positifs et entrainerait l’interdiction de tout mouvement.»

Combien de temps faut-il pour que le vaccin agisse ?

E.P. : «Il faut à peu près 21 jours pour que l’immunité soit acquise mais, il y a déjà des résultats visibles à 8-10 jours sur les symptômes cliniques. Cependant, si l’animal présente des signes cliniques majeurs, il ne faut pas vacciner. »

Quels sont les effets indésirables du vaccin ?

E.P. : «Comme dans toute vaccination, il peut y avoir une montée de température. Cela peut poser des problèmes aussi car la vaccination suppose de manipuler les animaux et le stress occasionné peut entrainer des avortements. Mais, ce qui est certain aujourd’hui, c’est que le bénéfice de la vaccination reste largement supérieur au risque.»

Quelle température extérieure faut-il pour tuer le virus ?

E.P. : « Il n’y a pas de température extérieure qui permet de tuer le virus. La maladie étant transmissible par les culicoïdes, l’activité vectorielle de ces moucherons est globalement répartie d’avril à novembre. Cela varie bien sûr en fonction des zones. Les températures basses limitent l’extension de la maladie mais elles ne tuent pas le virus»

Y a-t-il des chèvres atteintes dans le département des Vosges ?

E.P. : «Pour le moment il n’y a pas de cas caprin dans les Vosges. Généralement, les chèvres peuvent être vectrices mais elles ne sont pas atteintes».

Abdesselam HANNACHI, chef de service de la DDETSPP des Vosges : «Comme les chèvres ne sont pas atteintes, la vaccination des caprins n’est pas conseillée et n’est pas prise en charge par l’Etat.»

Que faire quand nous n’avons pas de vétérinaire (secteur de Bruyères) ?

Jérôme Mathieu, président de la Chambre d’agriculture des Vosges : «Que les éleveurs qui n’ont pas de vétérinaire contactent la Chambre d’Agriculture. Nous transmettrons la liste des concernés à la DDETSPP qui demandera à un autre vétérinaire de faire une ordonnance afin que vous puissiez vacciner vous-même.»

Comment est géré le stock de vaccins ?

A.H : «Le stock est géré entre les vétérinaires et la centrale. La commande du vaccin se fait via une application qui s’appelle Calypso. Cette application est gérée directement par le Ministère de l’Agriculture. Au niveau local, la DDETSPP n’a accès qu’aux ordonnances qui sont remplies dans l’application par les vétérinaires. Nous n’avons donc pas de visibilité pour gérer le stock.»

Nicolas Lallemand : Quelles sont les indemnisations envisagées ? Pour les animaux morts ? Pour la perte de production ? 

A.H : «La visite vétérinaire est prise en charge en cas de suspicion de FCO et la vaccination également. Pour plus d’informations, tous les actes pris en charge par l’Etat sont référencés dans l’arrêté du 4 juillet 2024.»

E.P. : «Nous ne savons pas dans quel cadre les mortalités seront indemnisées mais, si c’est le cas, il y aura nécessairement un recensement des mortalités après la date de déclaration du foyer.»

N.L. : Quel est le rôle du FMSE dans les indemnisations ?

E.P. : « Le fond de mutualisation sanitaire et environnemental permet d’indemniser les éleveurs impactés par des problèmes sanitaires soit sur les animaux soit sur les végétaux. Via la MSA, chaque éleveur cotise à ce fond. La section ruminants est gérée par GDS France. Les GDS départementaux appellent une cotisation annuelle pour être adhérent au FMSE et pouvoir prétendre éventuellement à des indemnités.»

Frédéric Antonot, président GDS 88 : «L’adhésion au FMSE n’est pas obligatoire et les conditions d’attribution des indemnités seront fixées au niveau national.»

F.A : Si un éleveur mixte (ovin et bovin) a un cas avéré dans l’une ou l’autre des espèces doit-il faire une déclaration pour les deux ?

A.H : «S’il y a un cas confirmé dans une exploitation, quelle que soit l’espèce, la déclaration d’infection concerne toutes les espèces de l’exploitation.»

Que faire si le vétérinaire ne se déplace pas rapidement suite à un appel pour suspicion de FCO 3 ?

E.P. : «Certains vétérinaires ont anticipé, dès la mi-août, leurs commandes de vaccins. Leur clientèle ne manque pas de doses à l’heure actuelle. Pour d’autres, les commandes ont été plus tardives et les délais de vaccination sont donc plus long. Cela crée des inégalités entre éleveurs en fonction des cabinets par lesquels ils sont suivis. C’est une réelle difficulté malheureusement.»

A.H : «Les vétérinaires sont informés. S’ils sont contactés pour des cas de mortalité, leurs responsabilité morale et professionnelle implique qu’ils se rendent sur l’exploitation quel que soit leur emploi du temps. Nous, DDETSPP, pouvons le leur rappeler : il s’agit d’une crise et d’un grave problème sanitaire, il faut qu’ils se déplacent.» 

Comment est comptabilisé le nombre de morts dues à la FCO 3 une fois que l’on est déclaré foyer ?

A.H : «Lors de sa visite, le vétérinaire peut constater des morts. En dehors de ces morts renseignées sur la fiche qu’il nous transmet, nous n’avons pas de vision claire sur le nombre d’animaux morts des suites de la FCO 3.»

Est-il possible de sauver un animal atteint de la FCO 3 ?

A.H : «Cela dépend du système immunitaire et de l’environnement. La sensibilité de l’espèce, joue aussi notamment pour les ovins. Les bovins ont plus de chance de guérir avec un traitement symptomatique».

 

Situation sanitaire FCO 3

  • Premier foyer français déclaré le 05/08/2024

  • Au 12/09/2024 1929 foyers étaient déclarés en France

  • Les Vosges comptent aujourd’hui une quarantaine de foyers, environ moitié en ovin et moitié en bovin

  • C’est la DDETSPP qui gère les déclarations de foyers.

  • Les Vosges sont en zone régulée pour la FCO 3

 

Pour plus d’informations sur les symptômes et la vaccination :

> Article sur notre site en date du 11 septembre 2024 : La maladie progresse... Vaccinez !