
Dans un communiqué publié le 8 mai sur le site de la Maison Blanche*, le président Donald Trump a annoncé la conclusion d’un accord commercial entre son pays et le Royaume Uni.
« Aujourd'hui, à l'occasion du 80e anniversaire du jour de la Victoire de la Seconde Guerre mondiale, le président Donald J. Trump et le Premier ministre Keir Starmer ont annoncé la conclusion d'un accord commercial historique, qui offre aux entreprises américaines un accès sans précédent aux marchés britanniques tout en renforçant la sécurité nationale des États-Unis. C'est un excellent accord pour l'Amérique », indique le communiqué. L'accord ajoute qu’il concerne « des milliards de dollars d'accès supplémentaire au marché pour les exportations américaines, en particulier dans le domaine de l'agriculture, en augmentant considérablement l'accès au bœuf américain, à l'éthanol et à pratiquement tous les produits fabriqués par nos grands agriculteurs (sic). ». Plus prosaïquement, Londres a décidé, sous la pression américaine, de supprimer de 25 % de droits de douane supplémentaires sur l'acier et l'aluminium, et de débloquer un quota de 100 000 voitures à un droit de douane de 10 %. En contrepartie, le gouvernement britannique a fait des concessions, au profit des Etats-Unis, sur deux secteurs de l'agriculture. « L’accès des États-Unis au marché britannique crée une opportunité de 5 milliards de dollars pour de nouvelles exportations pour les agriculteurs, les éleveurs et les producteurs américains », a précisé de son côté le Premier ministre britannique, Keir Starmer. « Cela comprend plus de 700 millions de dollars d'exportations d'éthanol et 250 millions de dollars pour d'autres produits agricoles, comme le bœuf », a-t-il précisé dans le communiqué de presse.
« Respecter les engagements »
Le principal syndicat agricole britannique, la National Farmers’ Union (NFU), a vivement réagi à cet accord bilatéral en s’inquiétant des conséquences pour l’agriculture insulaire. SI le Royaume-Uni doit obtenir un accès réservé de 13 000 tonnes au marché américain du bœuf. Les États-Unis bénéficieront en retour d'une exonération de droits de douane sur 1,4 milliard de litres d'éthanol. Or les biocarburants sont un point sensible pour les Britanniques, car en 2024, le volume total de carburants renouvelables fournis par le Royaume-Uni en 2024 a atteint 1,44 milliard de litres ! « Par conséquent, l'ouverture de notre marché de l'éthanol à ce volume pourrait se traduire par la perte de ce débouché rentable pour nos producteurs arables », s’alarme la NFU, dont les orientations sont plutôt libérales. Pas opposé, sur le fond aux accords bilatéraux, la NFU reste inquiète quant à l’avenir « l'agriculture britannique ne peut pas continuer à supporter de tels déséquilibres dans les négociations futures », a averti Son président Tom Bradshaw. « Les ministres devront respecter leurs engagements et veiller à ce que les denrées alimentaires dont la production serait illégale dans notre pays du point de vue de la sécurité alimentaire, du bien-être des animaux ou de l'environnement n'aient pas accès à notre marché », a-t-il ajouté. Pour le moment, cet accord commercial que Donald Trump considère comme une « victoire » doit, comme l’y obligent les règles institutionnelles, recevoir l’approbation du Congrès américain. Les Républicains y détiennent 220 sièges contre 215 pour les démocrates, soit deux sièges d’avance en termes de majorité absolue. Or celle-ci reste très fragile car, depuis janvier trois députés (Représentants) ont démissionné** pour rejoindre l’administration Trump. Ils n’ont pas encore été remplacés.
(*) https://www.whitehouse.gov/fact-sheets/2025/05/fact-sheet-u-s-uk-reach-h...
(**) Matt Gaetz, Mike Waltz et Elise Stefanik