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Quelles perspectives pour l’agriculture bio dans les Vosges ?

(De G. à D.) à l’écran : Philippe Sellier et Franck Gardillou, en tribune : Denis Moulènes, Sophie Rattier, Julie Locqueneux, Raphaëlle Poncelet, Pierre Fouquet et Thierry Mourot ©Marion Falibois.
(De G. à D.) à l’écran : Philippe Sellier et Franck Gardillou, en tribune : Denis Moulènes, Sophie Rattier, Julie Locqueneux, Raphaëlle Poncelet, Pierre Fouquet et Thierry Mourot ©Marion Falibois.

Dans le cadre du mois de la bio, le mardi 29 novembre, la Chambre d’Agriculture des Vosges organisait un colloque intitulé «Agriculteurs bio demain».

Dans un contexte de développement ralenti pour l’agriculture biologique, une table ronde a été organisée afin de réunir les interprofessions des trois filières biologiques (lait, viande et céréales) et de tenter d’imaginer ce que sera le futur de l’agriculture biologique Vosgienne. Près de 80 auditeurs sont venus assister aux présentations et participer aux échanges.

La bio dans les Vosges

Denis Moulènes, conseiller de la Chambre d’Agriculture des Vosges a commencé par dresser un état des lieux de l’agriculture biologique dans le département. «Dans les Vosges à la fin de l’année 2021, il y avait 376 producteurs biologiques de notifiés auprès de l’agence bio. Aujourd’hui il y en a 384. Cela correspond à 28342 ha soit 12,8% de la SAU Vosgienne est en bio. Les principales productions sont en bovins lait et en bovins viande mais la gamme de productions reste très variées. Il y a souvent plusieurs ateliers par exploitation et l’essentiel des surfaces vient plutôt des exploitations de polyculture élevage.» Au sein même du département la diversité de l’agriculture Vosgienne influe sur la répartition de la SAU bio : «selon les territoires, la part de SAU bio est plus ou moins importante, elle est assez forte côté Est puisqu’elle est entre 17% et 34%. Sur la plaine, les pourcentages sont inférieurs malgré la présence de secteurs historiques bio notamment du côté de Darney et Lamarche. En terme d’assolement, les surfaces bios que l’on trouve dans le département des Vosges sont liées au fait que nous avons beaucoup de polyculteurs éleveurs et donc une très forte proportion de prairies.» La dynamique des conversions bio dans les Vosges ne fait pas exception face au contexte global de la filière : «il y a eu une progression très forte des producteurs bio depuis 2014/2015. Depuis 2013 nous avons en moyenne 30 nouveaux producteurs par an. Par contre, cette dynamique commence à ralentir à tel point que nous commençons à nous inquiéter de voir apparaître une dynamique inverse de déconversion. Depuis 2021, nous n’avons quasiment plus d’exploitations en bovins lait, viande et céréales qui passent en bio, la seule que nous avons cette année est une éleveuse de chèvres et l’essentiel des nouvelles conversions repose sur des producteurs installés sur de petites surface avec des systèmes en vente directe ou circuits courts. C’est un changement radical par rapport aux années précédentes.» En ce qui concerne les motifs de déconversions : «entre janvier 2021 et avril 2022, 20 exploitations dans les Vosges ont cessé leur activité de production biologique. Parmi ces exploitations, nous nous sommes aperçus qu’il n’y en avait qu’une seule qui avait poursuivi ses activités en conventionnel. La plupart des autres cas sont dû à des changements de statuts juridiques ou des personnes qui arrêtent leur activité mais ne trouvent pas repreneurs. Depuis cette enquête, nous n’avons pas encore les chiffres mais nous savons que plusieurs exploitations laitières notamment se sont déconverties.»