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La voix des femmes

(De G. À D.) Margot Mégis-JA, Francesca Gironi - Copa-Cogeca, Julie Vermooten-MSD, Catherine Faivre-Pierret-pdte CNA FNSEA, Louise Matvienko-animatrice du débat © Photo Actuagri
(De G. À D.) Margot Mégis-JA, Francesca Gironi - Copa-Cogeca, Julie Vermooten-MSD, Catherine Faivre-Pierret-pdte CNA FNSEA, Louise Matvienko-animatrice du débat © Photo Actuagri

Si femmes et hommes partagent la même vision d’avenir pour la prochaine PAC, elles sont plus sensibles à la charge mentale à laquelle elles sont soumises pour concilier vie professionnelle et vie personnelle.

Alors que les premières réflexions commencent à apparaître sur la prochaine PAC après 2027, la Commission nationale des agricultrices de la FNSEA a organisé, sur le Salon de l’agriculture, une conférence débat sur les contributions qu’elles souhaitent porter dans la future PAC. Pour Margot Megis, productrice de plantes à parfum dans les Alpes-de-Haute-Provence, membre du conseil d’administration des Jeunes Agriculteurs et spécialiste des questions européennes, la prochaine PAC devra consacrer plus de budget au renouvellement des générations en agriculture. « 10 % des ressources devront être fléchées sur l’installation des jeunes », assure-t-elle. Elle se prononce également pour une transition progressive vers une attribution des aides aux actifs et non aux hectares. « Nous devrons nous détacher progressivement des aides à l’hectare et aller plus loin dans la redistribution des aides. La prochaine PAC devrait amorcer progressivement cette évolution », précise-t-elle. La situation démographique de l’agriculture n’est pas très positive en effet, avec plus d’un agriculteur sur deux qui ne sera pas remplacé dans les années à venir. Une réaffectation des aides pourrait donc inverser la tendance. Cependant elle ne cache pas son inquiétude sur une éventuelle disparition d’un budget en tant que tel dédié à la PAC dans les prochaines propositions législatives de la Commission européenne. « De cela on n’en veut pas », martèle-t-elle.

Bureaucratie européenne

Si Francesca Gironi, une Italienne présidente de la Commission féminine du Copa-Cogeca, éleveuse de chevaux, souhaite « donner une voix plus forte aux femmes dans l’agriculture », elle déplore surtout la surcharge administrative de la PAC. « Nous interrogeons beaucoup sur les mesures mises en place, souvent complexes, source d’incertitudes, quelquefois inapplicables et déconnectées du terrain », observe-t-elle. Et de plaider pour une PAC plus claire, plus équilibrée, plus pragmatique et plus prévisible, moins rigide avec des transitions progressives. « La PAC change souvent et trop vite », constate-t-elle également. 

Elle est rejointe sur ce point par Julie Vermooten, directrice des relations européennes et gouvernementales chez MSD, un laboratoire pharmaceutique en santé animale, très influent à Bruxelles. Comme Francesca, elle s’insurge contre la bureaucratie bruxelloise y compris en matière de santé animale et de bien-être des animaux et propose un nouveau règlement omnibus de simplification généralisée pour l’agriculture. « Un règlement récent en ce sens vient d’être publié pour les entreprises, pourquoi les exploitations agricoles n’en bénéficieraient-elles pas ?», suggère-t-elle. La digitalisation de l’agriculture permettrait également d’aller dans ce sens et de réduire la charge mentale des agricultrices, estime-t-elle.

Charge mentale

S’il est un sujet qui est moins partagé par les hommes, c’est bien celui-ci. Davantage que les hommes, les femmes doivent concilier leur activité professionnelle, l’éducation des enfants et les tâches ménagères. Un sujet encore tabou dans de nombreux pays d’Europe, mais auquel sont plus sensibles les jeunes générations selon Margot Mégis et sur lequel travaille désormais la Commission féminine du Copa-Cogeca. En France, la Commission nationale des agricultrices a réussi à convaincre le gouvernement de mettre en place un crédit d’impôt famille pour les femmes qui veulent acquérir une nouvelle formation ou s’engager dans les organisations professionnelles pour mieux concilier vie professionnelle et vie personnelle.

 

Aller plus loin : 

> Découvrir les vidéos de la conférence débat sur le site de la FNSEA