Le 2 novembre, la FDSEA et les JA des Vosges font appel à tous les agriculteurs du département pour manifester, en tracteur, devant la préfecture d’Epinal. Nicolas Lallemand, co-président des JA des Vosges prend la parole aujourd’hui.
Quel est l’élément déclencheur de cette manifestation ?
Nicolas Lallemand : "Cette manifestation résulte de l’accumulation de plusieurs facteurs. En plus de la conjoncture de flambée des prix des intrants due à la guerre en Ukraine, les agriculteurs sont dans l’incertitude face à la fluctuation des marchés. Nous manquons de visibilité. Nos charges continuent de monter mais les prix de nos produits ne suivent pas.
Quels sont les attentes des agriculteurs ?
N.L. : Aujourd’hui nous entendons de plus en plus parler d’agroécologie. La société et les pouvoir publics demandent une agriculture plus respectueuse de l’environnement., Mais ce que nous constatons, c’est que la règlementation se rigidifie de plus en plus sur nos exploitations et que les marchés ne suivent pas forcément. Par exemple, sur notre exploitation, nous produisons du lait en agriculture biologique. Nous respectons le cahier des charges de la production bio et pourtant, quand le camion vient collecter notre lait, il est déclassé et vendu en conventionnel faute de demande. Le plus difficile c’est que nous nous efforçons de produire des produits de qualité et que nous constatons que les consommateurs ne sont pas au rendez-vous.
Le modèle agricole doit évoluer collectivement. Les agriculteurs ne sont pas contre la transition agroécologique, mais ils ne doivent pas être les seuls à investir dans cette mutation. Si les consommateurs et les pouvoirs publics souhaitent voir un changement s’opérer, il faut aussi qu’ils y mettent les moyens. Les agriculteurs ne doivent pas être les seuls à mettre la main au porte-monnaie. Nous devons être accompagnés et les moyens que l’on nous propose ne sont pas à la hauteur des investissements que l’on fournit. La preuve, avec le nouveau catalogue des MAE. Avec ces MAE, l’accent a été mis sur le verdissement et, sur le département plus de 700 dossiers ont été déposés. Ils sont en attente d’instruction mais nous savons déjà que les besoins sont largement supérieurs à l’enveloppe disponible.
Quelles aides ont été mises en place pour soutenir la filière bio ?
N.L. : La filière bio est en crise depuis la fin d’année 2021. Au niveau national, la filière bio a fait l’objet de deux plans de soutien cette année. Une première enveloppe de 10 millions dont les critères d’attribution ont été laissé à la main de représentant départementaux, ce qui a permis de faire bénéficier le plus grand nombre d’exploitations. Une seconde enveloppe de 60 millions d’euros a ensuite été débloquée par le gouvernement mais les critères ont été fixé au niveau national. Résultat : sur le département seules une vingtaine d’exploitations ont pu prétendre à cette aide. Je pense qu’il y avait moyen de venir en aide à plus de personnes".