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Les ministres débattent de l’avenir de l’agriculture

Conseil des ministres agriculture. © Commission européenne
Conseil des ministres agriculture. © Commission européenne

Sans parvenir à un consensus, les ministres de l’Agriculture des Vingt-sept se sont prononcés, lors de leur réunion du 24 juin à Luxembourg, sur les grandes orientations de la politique agricole commune (PAC) pour les prochaines années.

Réunis le 24 juin à Luxembourg, les ministres de l’Agriculture des Vingt-sept ont eu un long débat sur l’avenir de l’agriculture dans l’Union européenne. Les différentes délégations étaient invitées à se prononcer sur un document d’orientation présenté par le président du Conseil des ministres, le Belge David Clarinval, décrivant les réponses à donner aux défis que devra affronter l’agriculture dans les prochaines années et à donner « une feuille de route » à la prochaine Commission européenne qui prendra ses fonctions en janvier prochain.

Des débats qu’ont eus les différents Etats en amont du Conseil des ministres et des ministres de l’agriculture eux-mêmes lors de cette réunion, il ressort qu’un certain consensus est acquis sur les principales mesures à prendre. Effet des grandes manifestations agricoles qui se sont produites fin 2023 et début 2024, les ministres sont d’accord sur la nécessité de décider de mesures d’urgence pour répondre à la colère des agriculteurs, tout en engageant des réflexions sur des réponses à donner à long terme. Ils sont également d’accord pour reconnaître que les agriculteurs ont besoin d’une rémunération juste grâce à des prix suffisamment élevés et des coûts modérés des intrants et qu’ils sont demandeurs d’une stabilité juridique et d’un allègement des charges et contraintes administratives.

Les Etats partagent également le sentiment que les efforts des agriculteurs dans le domaine de la durabilité de la production alimentaire doivent être mieux reconnus. Est également considéré comme prioritaire, le renforcement de la position des agriculteurs dans la chaîne alimentaire et la nécessité d’avoir un cadre financier disposant de ressources suffisantes afin que la PAC réponde à ces différents objectifs. Les ministres ont également reconnu l’importance des paiements directs pour le soutien au revenu et de mécanismes préventifs, plus ciblés et efficaces dans la gestion des crises et des risques.

Feuille de route 

Les débats entre les délégations ont également porté sur la réciprocité dans les accords de libre-échange. La France a notamment insisté sur cette problématique sans qu’elle recueille un soutien massif des autres pays, plus précisément sur la mention des mesures miroirs à mettre en œuvre. D’une façon générale le texte de la présidence belge se prononce en faveur d’un secteur agricole européen fort, compétitif et innovant. Il appelle de ses vœux un soutien aux jeunes agriculteurs et au renouvellement des générations ainsi que la promotion d’une agriculture résiliente au changement climatique et attentive à la préservation de l’environnement. Ces conclusions appellent donc la future Commission européenne à aborder ces questions soulevées et à élaborer son programme de travail dans ce sens.

Malheureusement, ce texte n’a pas recueilli l’unanimité des délégations. Deux pays, la Roumanie et la Slovaquie ne l’ont pas soutenu. Ils estiment que sa rédaction n’est pas satisfaisante dans la mesure où le texte prévoit la fin du mécanisme de convergence des aides au sein de l’Union, ces pays souhaitant que les agriculteurs des Etats membres se voient octroyer une aide identique partout dans l’Union européenne.

Les priorités de la présidence hongroise 

Après la Belgique, c’est au tour de la Hongrie d’accéder à la présidence du Conseil des ministres pour six mois, du 1er juillet au 31 décembre 2024. Dans le programme qu’elle a publié, la présidence hongroise met l’accent sur une politique agricole axée sur les agriculteurs. Elle estime qu’il est essentiel de considérer l’agriculture non comme une cause du changement climatique, mais comme une partie de la solution en engageant les agriculteurs dans des pratiques de production durables. Elle considère aussi que la souveraineté alimentaire et la sécurité alimentaire doivent être partie prenante de l’autonomie stratégique de l’Union européenne. La présidence hongroise a indiqué qu’elle consacrera une attention particulière à la compétitivité des agriculteurs ainsi qu’à la sécurité des systèmes alimentaires européens. Elle a également insisté sur le fait qu’elle adoptera une position ferme au niveau international sur l’application du principe de réciprocité et qu’elle entamera des discussions sur la manière dont les paiements directs et les subventions de la future PAC pourront renforcer la compétitivité de son agriculture et le renouvellement des générations. A son programme également une réflexion sur les différentes mesures de gestion de crise dans cette prochaine PAC.