Lors de leur assemblée générale les Jeunes Agriculteurs des Vosges avaient choisi comme thème central de leur assemblée les liens entre agriculture et production d’énergie.
Quelle part lui accorder ? Menace ou opportunité ? Les JA ont souhaité ouvrir le débat. Pour cela, Yves Leroux, professeur à L’ENSAIA, l’école d’agronomie de Nancy a présenté son travail à l’audience. Une présentation complétée par Damien L’Huillier, conseiller méthanisation Grand Est et référent énergies Lorraine de la Chambre d’Agriculture des Vosges.
Nouveaux enjeux
Yves Leroux, a débuté sa présentation avec un rapide point de contexte : «je commencerai par évoquer la question de la sécheresse. Au 20 septembre 2022, les Vosges et la Lorraine en général avaient un déficit de quasiment 50% sur les rendements de prairies permanentes. Nous sommes dans un département avec une part importante de prairies permanentes qu’il faut absolument conserver. Parce que ces prairies permanentes ont des caractéristiques particulières de stockage carbone et qu’elles apportent aussi au monde agricole une vraie valeur ajoutée. Sur les vingt-huit millions d’hectares de SAU en France, plus des trois quarts sont destinés à l’élevage. Dans ces trois quarts, un tiers sont des prairies permanentes et 1ha de prairie permanente c’est 60 tonnes de stockage de carbone.
Le conflit Russo-Ukrainien a aussi eu beaucoup de conséquences sur notre système agricole. Si nous regardons l’évolution du prix du gaz : depuis 10 ans le gaz n’avait pas dépassé les 20 € le MWh. Aujourd’hui il est à 50 € le MWh. Et, pour obtenir le prix de l’électricité, vous prenez le prix du gaz et vous le multipliez par trois.»
L’enseignant a ensuite rappelé l’évolution de l’IPAMPA : «pendant des années il était à 100, aujourd’hui il est à 140 et c’est en grande partie dû à ces questions d’énergies. L’agriculture a parfaitement répondu aux missions qu’on lui a confié après la 2nde guerre mondiale mais si nous voulons avancez nous devons faire un diagnostic partagé : le système agricole et alimentaire dépend complétement des énergies fossiles. Depuis le XIXe siècle, nous n’avons fait qu’empiler de nouvelles énergies, nous n’avons toujours pas entamé de transition énergétique. Le problème est qu’aujourd’hui notre mix énergétique mondial est à 80% fossile et le mix énergétique français est à deux tiers fossile. Et il y a une relation directe entre la création de valeur ajoutée, donc la croissance, le PIB et la consommation énergétique. Cela veut dire que le mythe de la croissance verte reste un mythe. Aujourd’hui, nous ne savons pas découpler la création de valeur et la consommation énergétique et cela implique qu’il y a une relation quasi parfaite entre l’’évolution du PIB mondial et les émissions de CO2.»