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Les voyages forment la jeunesse, alors, au lycée agricole de Pixérécourt, les apprenants sont encouragés à choisir leurs stages à l’étranger, dans les pays transfrontaliers notamment. Ces expériences permettent "une ouverture d’esprit" et sont "un plus" sur le CV.
«La coopération internationale est inscrite dans l’ADN de l’enseignement agricole», introduit Maïté Guillot, professeure documentaliste au lycée agricole de Pixérécourt. L’enseignement agricole est, en effet, investi de cinq missions : la formation ; l’animation et le développement des territoires ; l’insertion et l’orientation ; le développement et l’expérimentation ; et enfin, la mission de coopération internationale.
«Il y a beaucoup d’a priori sur les stages à l’étranger ; c’est trop loin, trop cher, trop compliqué, il y a la barrière de la langue...», reconnaît Maïté Guillot. L’équipe du lycée encourage les jeunes à la mobilité internationale. «Une douzaine de nos élèves partent chaque année à l’étranger, le plus souvent des BTS». L’étranger ne veut pas dire nécessairement partir à l’autre bout de la planète. La Lorraine a l’avantage de se situer à proximité de la Belgique, du Luxembourg et de l’Allemagne. De quoi tester une première expérience sans qu’il n’y ait forcément la barrière de la langue.
Pour montrer l’exemple et lever les craintes de certains élèves réfractaires, le lycée a obtenu un agrément, valable cinq ans, pour permettre à des jeunes européens de réaliser une mission de service civique de plusieurs mois à Pixérécourt. «Cette année, nous accueillons
un jeune allemand et une jeune italienne. Ils sont en contact avec nos élèves. Ils peuvent leur donner envie de partir vivre une expérience à l’étranger», confie Maïté Guillot.
Des aides financières
Différents dispositifs existent pour aider financièrement les jeunes, et faciliter la mobilité à l’international, notamment une bourse du ministère de l’Agriculture, et une de la Région Grand Est. «Pour les mobilités au niveau lycée, il existe une bourse du consortium Mopagest (Mobilité des personnels et apprenants du Grand Est) dans le cadre du programme Erasmus +», indique l’enseignante. Erasmus + n’est pas, en effet, réservé aux grandes écoles. Près de 700 établissements d’enseignement agricole participent au programme. Chaque année, environ 10.000 élèves de l’enseignement agricole, en France, partent en mobilité Erasmus +. Au-delà des frontières de l’Europe, 168 pays sont accessibles dans le programme.
Les lycées agricoles de France ont l’avantage de bénéficier d’un réseau des animateurs de coopération internationale. «Nous avons, par exemple, une étudiante qui souhaite partir au Canada. Nous n’avons pas de compétences en interne sur cette destination, mais nous pouvons faire appel à un référent dans un autre établissement», explique Maïté Guillot.
L’expérience à l’étranger peut aussi être collective. © Photo DR.
Contrairement à la croyance, la mobilité internationale ne concerne pas uniquement les stages individuels, l’expérience peut aussi être collective. Le lycée a déposé, en 2024, un dossier pour un échange avec un lycée agricole de Roumanie. «Nous avons été recalé sur quelques détails. Mais nous n’avons qu’une seule possibilité par an de déposer un dossier. Nous avons récidivé cette année. Nous attendons la réponse pour le 12 février, en espérant qu’elle soit positive», explique l’enseignante.
Des expériences qui forment la jeunesse
Quand un jeune a tenté une première mobilité à l’étranger, il est souvent partant pour de nouvelles expériences, comme peuvent en témoigner Luka Smits et Loane Hennion, actuellement en deuxième année de Bts productions animales. Loane a réalisé un stage au sein
du Centre de recherches ovines de l’Université de Namur, en Belgique, où elle s’est occupée de l’alimentation et du parage des brebis, elle a aussi eu l’occasion d’effecteur deux nuits de garde au moment de la période d’agnelage. Elle a également participé aux activités de recherche et d’expérimentations.
Luka a découvert l’élevage laitier aux Pays-Bas, dont sont originaires ses parents, au sein d’une ferme de soixante-cinq vaches laitières. L’objectif de l’éleveur est «d’élever des vaches gagnantes de classe européenne». Luka a participé aux différentes tâches de la ferme, et a approfondi ses connaissances sur la sélection génétique et les concours morphologiques bovins. Il a apprécié découvrir de nouveaux modes de productions avec une règlementation différente.
Tous deux sont également partis ensemble dans un élevage de porcs plein air en Belgique, où ils ont eu en charge l’alimentation, et les soins aux porcelets pendant la période de mises bas. «C’est tout de même plus facile à deux que seul», reconnaissent les
deux étudiants. «Les stages à l’étranger apportent une vraie ouverture d’esprit, apprécie Loane. Nous avons aussi une certaine responsabilité : nous représentons l’image du lycée. Nous devons donner envie aux maîtres d’apprentissage de reprendre des étudiants de Pixérécourt».
Dans quelques jours, Luka va vivre une nouvelle expérience, en Suisse cette fois-ci. Et après son Bts, il souhaite poursuivre par une licence, toujours dans les productions animales, mais qu’il compte suivre à moitié en France et à moitié aux Pays-Bas. Des dispositifs, aujourd’hui, le permettent. «J’ai pris goût aux expériences à l’étranger», sourit le jeune homme. «Les voyages développent l’esprit critique, les jeunes gagnent en maturité, ils prennent confiance en eux, et confiance en les autres. Et ces échanges à l’international font une réelle différence, plus tard, sur leur Cv», conclut Maïté Guillot.