Vous êtes ici

FNPL : de nombreux dossiers en suspens

Illustration Conférence de presse FNPL au SIA 2025 © Photo Actuagri
Illustration Conférence de presse FNPL au SIA 2025 © Photo Actuagri

Dans une conférence de presse sur le Salon de l’Agriculture le 23 février, la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) a dressé la liste des dossiers qui restent en souffrance : ils sont à la fois nombreux et importants. 

Bien que la fièvre catarrhale ovine de sérotype 3 a rejoint les autres sérotypes 4 et 8 dans la catégorie des maladies « enzootiques » (que l’on pourrait traduire par « courante », « banale »), le risque de propagation perdure. Il inquiète fortement les éleveurs laitiers pour trois raisons. Tout d’abord « nous avons un problème d’accès au vaccin. Ils ne sont pas disponibles et les laboratoires suivent d’autant moins que la France n’est pas un pays sanitairement prioritaire. Les laboratoires sont en rupture capacitaire », a indiqué Yohann Barbe, président de la FNPL. Deuxième raison : la prise en charge financière de ce vaccin. « Il n’est pas question que l’interprofession compense seule financièrement le désengagement de l’Etat sur les achats de vaccin. Ce financement relève de la fonction régalienne. Les éleveurs sont prêts à mettre la main au porte-monnaie, à condition que chacun s’y mette », a clairement affirmé Yohann Barbe. Troisième raison : les veaux zéro jour ne sont pas tous indemnisés. Ceux qui sont nés vivants, ont pu être bouclés mais n'ont pas survécu, le sont. Mais comme le délai entre la naissance et la déclaration peut prendre au maximum une semaine, les veaux de moins de 24 h partis à l’équarrissage sans boucle ne le sont pas… « C’est un sujet de tension avec la ministre de l’Agriculture », a concédé le président des producteurs laitiers qui craint que le système mette plusieurs années à se remettre de cette épizootie. 

Régime d’enregistrement

La FNPL veut par ailleurs que le Gouvernement aligne les actuelles règles des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) sur les seuils européens. Aujourd’hui, jusqu’à 149 vaches (laitières ou allaitantes) en volume annuel, les éleveurs sont soumis au régime simple de la déclaration. A partir de 150 vaches et jusqu’à 399 vaches, c’est le régime de l’enregistrement qui s’applique. Au-delà de 400 vaches, il faut passer par une autorisation préfectorale. « Or si on se cale sur les règles européennes, le seuil d’enregistrement commence à 400 vaches et non à 150 », a indiqué Ludovic Blin, premier vice-président de la FNPL. Surtout que le régime de l’enregistrement « coûte la somme de 15 000 euros, sans qu’on puisse valoriser cet investissement », a-t-il ajouté. Autrement dit, la FNPL plaide pour un seuil de déclaration jusqu’à 399 vaches et un seuil de déclaration à partir 400 vaches et plus. Quant au régime d’autorisation, « ça demande réflexion et concertation », a indiqué Yohann Barbe, estimant que les élevages de plus de 1 000 vaches en France n’étaient pas courants... « D’une manière globale, nous sommes favorables à l’exclusion de l’ensemble des élevages de la directive européenne ‘‘émissions industrielles’’ », a-t-il précisé. 

Déréférencements

Malgré une conjoncture globalement favorable, avec des exportations en hausse, en valeur (+2,5 %) et en volume (+9 %) par rapport à 2023 et une balance commerciale laitière excédentaire de +3,2 Md€, les éleveurs peinent à dégager du revenu proportionnel à leurs efforts. « Les revenus des producteurs laitiers seront en baisse pour l’année 2024 », a dévoilé, sans en dire plus, Yohann Barbe. L’Institut de l’élevage (Idele) devrait publier les chiffres au début du mois de mars. Dégager du revenu est important pour « poursuivre la décarbonation de la production », a observé Stéphane Joandel, secrétaire général de la FNPL. Sur ce plan aussi, les éleveurs peinent à valoriser leurs efforts auprès de l’aval de la filière et aussi parce que le ministère de la Transition écologique « refuse de reconnaître notre méthode Carbone Agri », a-t-il précisé. « Les industriels veulent acheté du lait décarboné par les exploitations. D’accord, nous pouvons le faire. Mais il nous faut un retour sur investissement, car la décarbonation a un coût », a-t-il martelé. La production de lait biologique peine aussi à redresser la barre (lire encadré).

A quelques jours de la fin des négociations commerciales (elles s’achèvent le 1er mars à 23h59), la FNPL s’insurge contre les méthodes de la grande distribution qui, pour faire artificiellement baisser l’inflation sur le panier de la ménagère, déréférence les produits laitiers sous signe de qualité, plus chers que les produits standards. « C’est une manière de détourner la loi Egalim et il faut craindre à moyen terme, des pertes de volumes laitiers chez les industriels », s’est inquiété Yohann Barbe. « On ne lâchera rien sur les lois Egalim et la matière première agricole. La MPA ne se négocie pas », a-t-il garanti. 

 

Lait : les feux passent au rouge

Avec une collecte en recul de -4,4 % en 2024, un prix du lait (en teneur réelle) stable autour de 517€/tonne, et un retour à un niveau de consommation de produits laitiers bio équivalent à celui de 2017 (-30 % en trois ans), le secteur laitier bio fait grise mine. « Presque 10 % des producteurs ont cessé leur activité lait bio ces deux dernières années. La moitié est revenu en conventionnel, et l’autre moitié a, soit arrêté l’activité laitière, soit cessé l’activité agricole », a précisé Samuel Bulot, vice-président de la FNPL. Soulignant que l’économat des armées était exemplaire sur la loi Egalim, au moins sur la partie laitière, il a regretté l’absence de résultats auprès de l’Etat et des collectivités locales : « Si le seuil des 20 % de produits bio indiqués dans la loi Egalim était respectée, les ventes générées permettrait d’absorber au moins le quart des déclassements actuels », a-t-il estimé.